Reprise d'activité, premier bilan

L'Insee Hauts-de-France a dressé le bilan de la reprise d’activité, département par département. L’Aisne et la Somme ont accusé une baisse d’activité moins importante qu’au niveau nationale, contrairement à l’Oise, l’un des premiers clusters du Covid-19.

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Dans l’Aisne

Territoire aux multiples fragilités sociales, l’Aisne a connu une perte d’activité de 30% entre le 16 mars et le 16 mai derniers, moindre qu’au niveau national (-33%). C’est l’une des plus faibles diminutions de France, ce qui s’explique par le poids important de secteurs relativement épargnés par la crise, notamment les secteurs non marchands (39% des emplois axonais contre 32,5% en France) et les industries agroalimentaires (4,1% des emplois axonais contre 2,5% en France). Le secteur de l’hôtellerie-restauration y est par ailleurs sous-représenté (2,8% contre 4,2% en France). Les secteurs durement touchés par la crise emploient cependant des effectifs conséquents : 14 000 emplois dans le commerce non alimentaire, et plus de 10 000 emplois dans la construction. Côté tourisme, le secteur dispose dans l’Aisne d’une structure favorable à la reprise d’activité : il est moins pourvu en hôtels – très fragilisés par la crise -, qui représentent 28% de la capacité d’accueil touristique axonaise contre 49% en France métropolitaine.

Avant la crise, l’Aisne était un des départements les plus touchés par le chômage (11,4% au 4e trimestre 2019 contre 8,1% en France métropolitaine), ce qui peut expliquer la hausse plus modérée des inscriptions à Pôle emploi entre fin février et fin mars 2020 (+4,6% pour les demandeurs d’emploi de catégorie A, contre +7,1% en France). Le retour au travail des Axonais a été facilité avec une utilisation plus faible des transports en commun : 80% des actifs prennent leur voiture pour travailler, contre 70% en France et 31% travaillent dans leur commune, contre 27% dans les Hauts-de-France. Le retour à l’emploi peut en revanche être freiné en raison de contraintes familiales relatives aux gardes d’enfants : 43% des actifs en emploi ont au moins un enfant de moins de 16 ans, contre 40% en moyenne nationale.

Dans la Somme

Entre le début du confinement et le 6 mai 2020, la perte d’activité due à la crise sanitaire a été conséquente dans le département (31%) mais moins qu’au niveau national. Les raisons : le poids plus important dans le département des services non marchands, secteurs relativement épargnés par la crise (38,8% des postes salariés dans l’administration publique, l’enseignement, la santé et l’action sociale, contre 32,5% en moyenne nationale) et la sous représentation de secteurs les plus impactés, comme l’hôtellerie-restauration (3% des emplois) ou la construction (5,1% contre 6% au niveau national). La surreprésentation de l’industrie, moins impactée que d’autres secteurs d’activité, explique également cette perte d’activité inférieure à celle de la France. Concernant les secteurs fortement impactés, ils emploient des effectifs importants : plus de 16 000 salariés et on salariés dans le secteur du commerce non alimentaire, et plus de 11 000 dans la construction. La zone d’emploi d’Abbeville a été la plus touchée, les secteurs fortement impactés, comme le tourisme, représentent un quart de l’emploi salarié. D’autant que les mesures de confinement sont arrivées au moment où débute la saison touristique.

Avant la crise, la Somme figurait parmi les départements à taux de chômage élevé : 9,5% au 4e trimestre 2019. Ce haut niveau, couplé à une moindre baisse de l’activité liée au confinement, peuvent expliquer l’augmentation plus modérée des inscriptions de Pôle emploi entre fin février et fin mars 2020 (+5,2% de demandeurs d’emploi catégorie A contre +7,1% en France, hors Mayotte). Depuis le déconfinement, le retour des actifs sur leur lieu de travail a été facilité par une utilisation plus faible des transports en commun (6,4% contre 15% en France), la voiture est le moyen de transport privilégié des actifs samariens, à 78%. Avec un bémol : les contraintes familiales afférentes aux gardes d’enfants, qui peuvent freiner la reprise du travail sur site (41% des actif ayant un emploi ont au moins un enfant de moins de 16 ans).

Dans l’Oise

L’Oise est l’un des départements les plus touchés par la baisse d’activité liée à la crise sanitaire. « Avec une baisse estimée à 35%, la perte d’activité est supérieure à celle des autres départements des Hauts-de-France, deuxième région métropolitaine la moins touchée (-31% contre -33 % en moyenne nationale). L’Oise se place ainsi au 15e rang des départements métropolitains les plus impactés par la crise », détaille l’étude.

Cette perte d’activité dans l’Oise concerne avant tout l’industrie, et notamment la fabrication d’autres produits industriels (excluant les équipements électroniques, les matériels de transport et les produits pharmaceutiques) qui représente 12,6% des emplois salariés du département contre 6,2% à l’échelle nationale. Dans le domaine tertiaire, la crise sanitaire frappe surtout les commerces non alimentaires qui emploient 27 000 actifs isariens. La construction et ses près de 18 000 emplois n’est pas en reste. Au sein du département, la zone d’emploi de Roissy-Sud-Picardie est la plus touchée : un quart des emplois du secteur tertiaire y étant très fortement impactés, liées notamment à l’activité aéroportuaire. Entre fin février et fin mars 2020, l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A dans l’Oise a été l’une des plus élevées au niveau national. L’Insee enregistre une hausse de 8,9%, ce qui est un record pour les Hauts-de-France (aucun autre département ne dépasse +5,8%).