Repreneuriat : le CRA accompagne cédants et repreneurs dans les transmissions

L'association Cédants et repreneurs d'affaires (CRA), créée par Hervé de Chalvron, un ancien de l'Essec, dispose d'une antenne picarde, localisée à Amiens, depuis 2006. Comme les 72 autres délégations du territoire, sa mission est de faciliter la transmission d'entreprise en mettant en relation cédants et repreneurs et en les accompagnant durant tout le processus. « Nous fonctionnons un peu comme une agence matrimoniale », sourit Jacques Facquer, ancien dirigeant d'une entreprise de textile qui co-anime le CRA d'Amiens avec ses amis Christian de Simencourt, lui aussi ancien dirigeant dans le secteur automobile et Jean-Pierre Delelis, ancien banquier spécialisé dans le crédit-bail. 

Après une riche et longue carrière professionnelle, ces trois dynamiques retraités donnent désormais de leur temps au service de l'emploi, du développement économique et du savoir-faire local.

Préserver l'emploi et le savoir-faire local

Ce sont d'ailleurs ces valeurs qui ont motivé Nicolas Palangié, fondateur de la Compagnie du Bicarbonate, spécialisée dans la fabrication et la vente de produits écologiques, à se tourner vers l'association pour la transmission de son entreprise : « J'aurais pu vendre par un autre biais et beaucoup plus cher mais il n'était pas question pour moi de voir les emplois et nos compétences quitter Chauny, une zone réputée sinistrée sur le plan économique et à laquelle je suis très attaché. » 

Il est alors séduit par le dossier de Quentin Patfoort, 31 ans, à la recherche d'une entreprise à reprendre après une dizaine d'années d'expérience en management, marketing et gestion, dont cinq chez Leroy Merlin. « Outre son impressionnant CV, c'est son souhait de continuer à faire vivre l'entreprise dans le secteur qui m'a confirmé que c'était lui le bon candidat », poursuit Nicolas Palangié.

« Je suis originaire des Hauts-de-France et souhaitais impérativement reprendre une entreprise de la région. Mes autres critères étaient : une entreprise saine, bien gérée, aux valeurs fortes, respectueuse de l'environnement et avec un potentiel de développement. La Compagnie du Bicarbonate regroupait tout ça à la fois », sourit le nouveau dirigeant, qui co-habite pendant quelques semaines avec son prédécesseur avant de reprendre entièrement le flambeau. « La présence de Nicolas à mes côtés est très rassurante. J'apprécie aussi le côté accompagnement et mentorat proposés par le CRA. »

Un accompagnement global 

Car effectivement, l'association ne se contente par de « marier » cédants et repreneurs, elle leur propose également une large palette d'outils pour faciliter la transmission. « Grâce à notre réseau de partenaires composé d'avocats d'affaires, d'experts-comptables, de banquiers et d'anciens chefs d'entreprise, nous proposons un accompagnement global pendant toute la durée de la vente, qui prend en moyenne entre douze et quatorze mois. Nous offrons également la possibilité de suivre une formation complète de trois semaines reconnue par l'État pour mieux connaître le fonctionnement d'une PME, différent de celui d'un grand groupe », indique Jacques Facquer.

Le CRA a en outre une dimension humaine « très appréciable », selon Quentin Patfoort. « Il y a parfois des réticences à propos d'un coût jugé trop élevé ou à cause d'un trop grand écart entre les domaines de compétences de l'un et de l'autre, nous sommes là aussi pour mettre de l'huile dans les rouages », résume Christian de Simencourt.

« Nous sommes là pour mettre de l'huile dans les rouages »

L'autre maître-mot de la maison, c'est la confidentialité. « C'est primordial car en général un cédant n'aime pas que son affaire soit sur la place publique », souligne Jacques Facquer qui avec ses deux collègues du CRA, accompagne en moyenne cinq à sept PME par an, dont une moitié du secteur de l'industrie. Côté repreneurs, la moyenne d'âge des candidats, qui ont souvent une solide expérience dans les grands groupes industriels, se situe entre 35 et 55 ans. « Ils disposent au minimum d'un budget de 150 000 à 200 000 euros. Au niveau national, la moyenne des transactions se situe même autour des 800 000 euros », précisent les délégués du CRA Picardie. 

« Avec les cabinets d'affaires, les coûts sont souvent colossaux et avec le bouche-à-oreille, on rencontre beaucoup trop de touristes de la reprise. Le CRA, c'est le bon compromis : un coût tout à fait acceptable et un tri dans les dossiers », estime Nicolas Palangié, qui a reçu « énormément » de manifestations d'intérêt pour le reprise de La Compagnie du Bicarbonate. 

Et pour cause : créée il y a dix ans, l'entreprise qui emploie 13 personnes, dont deux alternants, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,5 millions d'euros en 2020. Avec son aspect écolo et son côté "do it yourself" très en vogue, elle séduit de plus en plus de clients à travers tout le territoire national et n'a pas fini de grandir. 

Historiquement présente sur Internet uniquement, l'enseigne réalise désormais les deux tiers de son chiffre d'affaires en B2B sous la marque "Bicarbonate et compagnie". Une activité que Quentin Patfoort, issu d'une famille d'entrepreneurs, souhaite développer : « Il y a un gros enjeu commercial ici, je suis en train de me pencher sur l'élaboration d'une nouvelle stratégie ». « Avec ses nombreuses compétences, je pense que Quentin aura très vite de bonnes idées. Je suis vraiment confiant et serein pour la suite », conclut Nicolas Palangié. En témoigne son bureau, entièrement vidé et dépersonnalisé pour laisser la place à son jeune successeur.