Réindustrialisation : miser sur les écosystèmes locaux
Stimulé par des financements et un accompagnement de l’État, le renouveau de l’industrie ne pourra se faire qu’en mobilisant des écosystèmes locaux, d’après France Clusters, qui tenait récemment son Forum annuel à Paris.
«En matière de réindustrialisation du territoire, les financements viennent de l’État, mais la logique ne saurait être colbertiste.» Tel est le propos général tenu, le 14 juin, lors de la 4e édition du forum de Filex France, qui réunit clusters d’entreprises, pôles de compétitivités et Territoires d’industries, soit quelque 80 000 entreprises et 300 réseaux. Ouvrant la journée, Sylvain Boucher, président de France Clusters, soulignait que parmi les enjeux forts actuels figure le renouveau du programme «Territoires d’industrie». Lancé en 2018 et originellement doté de 2 milliards d’euros, il vise une «reconquête industrielle par les territoires.» Il concerne actuellement 149 d’entre eux. Pour sa nouvelle phase qui démarre, «nous avons besoin que les acteurs économiques s’organisent sur les territoires. Les clusters ont un rôle à jouer pour mobiliser, faire émerger les projets, identifier de possibles filières qui ne sont pas nécessairement celles de l’innovation de France 2030, mais aussi celle de l’économie du quotidien, dont nous avons besoin», a confirmé Stanislas Bourron, directeur général de l'ANCT, Agence nationale de la cohésion des territoires. Cette dernière est chargée d’aider les collectivités locales à mener à bien leurs projets, et, à ce titre, est partie prenante du programme Territoires d’industrie et partenaire de France clusters. Dans les 149 territoires d’industrie déjà existants, l'ANCT est intervenue auprès des acteurs locaux pour financer ingénierie et formalisation de projets, à hauteur de 2 milliards d’euros (dans le cadre du plan de relance).
Encouragements de l’État
Pour la deuxième phase, et jusqu’en 2027, l'ANCT va poursuivre son accompagnement en ingénierie et en aide à l’investissement. Elle entend également identifier d’autres Territoires d’industrie potentiels. «L’atout du collectif des clusters est de représenter toutes les filières économiques. Il s’agit de structures qui ont été voulues par les collectifs d’entreprises. Elles sont donc très opérationnelles, elles ont la capacité de mobiliser 80 000 entreprises», a expliqué pour sa part Sylvain Boucher. Le contexte semble, en effet, favorable aux écosystèmes qui parviennent à s’entendre et à se mobiliser. Au-delà du dispositif Territoires d’industrie, le projet de loi sur l’Industrie verte, qui devrait être voté cet été, contient des mesures comme la diminution du délai d’implantation des sites industriels, un meilleur financement de l’innovation, des efforts en matière de formation et de compétences. «Nous voulons accélérer», a encouragé ( en vidéo) Roland Lescure, ministre délégué auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'Industrie. Par ailleurs, dans le cadre du plan France 2030, «54 milliards d’euros sont consacrés à l’innovation. Et un dossier sur quatre est sélectionné», a rappelé (en vidéo) Bruno Bonnell, secrétaire général pour l'investissement, responsable de France 2030, auprès la Première ministre…