Régime minceur pour Volkswagen en pleine conversion électrique

La "manufacture de verre", vitrine de Volkswagen qui produit à Dresde des véhicules électriques dans ses vastes ateliers transparents, voit son avenir menacé, illustrant les tumultes de la mutation...

La "Manufacture de verre", site de production emblématique de Volkswagen à Dresde, en Allemagne © JENS SCHLUETER
La "Manufacture de verre", site de production emblématique de Volkswagen à Dresde, en Allemagne © JENS SCHLUETER

La "manufacture de verre", vitrine de Volkswagen qui produit à Dresde des véhicules électriques dans ses vastes ateliers transparents, voit son avenir menacé, illustrant les tumultes de la mutation en cours chez le constructeur allemand.

Bousculé par ses concurrents et en proie à des problèmes de rentabilité, le groupe s'interroge sur le maintien des chaînes de production de la petite usine de la capitale saxonne, à l'est de l'Allemagne, selon plusieurs médias.

Volkswagen a reconnu cette semaine évaluer "comment le site peut être orienté durablement et de manière à assurer son avenir", même si "aucune adaptation n'est prévue à court terme". Les 300 salariés ont une garantie d'emploi jusqu'en 2029.

Supprimer de l'activité liée aux voitures électriques au moment où les constructeurs sont censés accélérer leur transformation ? La stratégie peut sembler paradoxale. Les industriels européens ont tous en ligne de mire l'échéance de 2035 avec l'interdiction à la vente dans l'UE de nouveaux modèles équipés de moteurs à combustion.

Mais "Volkswagen a trois problèmes", explique à l'AFP l'expert automobile Ferdinand Dudenhöffer: "Le marché automobile est faible parce que l'économie est faible, des subventions pour les voitures électriques sont supprimées ou réduites et la famille ID (gamme électrique de VW) manque d'attractivité", énumère-t-il.

Outre l'incertitude concernant l'usine de Dresde, le géant allemand a annoncé la semaine dernière la fin de 269 contrats à durée déterminée sur un autre site de la région, à Zwickau, la plus grande usine de voitures électriques du groupe, "en raison de la situation du marché automobile".

Coût et attractivité

Pour Volkswagen, premier constructeur européen, augmenter l'offre de véhicules électriques n'est qu'un des paramètres d'une conjoncture complexe : le pouvoir d'achat des clients est grevé par l'inflation tandis qu'il affronte la concurrence exacerbée de l'américain Tesla et des fabricants chinois qui produisent leurs modèles à bien moindre coût.

Résultat: si les ventes mondiales de véhicules tout électriques du groupe ont affiché une belle croissance de 50% au premier semestre 2023 sur un an, tous les analystes anticipent un coup de frein dans les mois à venir.

"Actuellement il y a une certaine réticence à l'achat de la part des consommateurs", a admis cette semaine devant des journalistes le directeur financier de Volkswagen Arno Antlitz.

Chez le constructeur allemand, la chasse aux coûts est lancée. Cible prioritaire: la marque historique VW, inventeur hier de la Golf et de la Passat que doivent progressivement relayer les modèles électriques.

La rentabilité de la marque est en berne depuis des années, comparée aux gammes équivalentes des autres constructeurs, et Oliver Blume, PDG de Volkswagen, a lancé avant l'été un plan de redressement ciblant les coûts qui deviennent problématiques au vu du recul subi en Chine, premier marché du groupe.

Subventions

Cette question des coûts est "le problème central" du groupe, estime Stefan Bratzel, directeur de l'institut CAM.

Avec une moyenne de 35 voitures produites par jour, sur les quelque 40.000 qui sortent des usines Volkswagen dans le monde, le site de Dresde pourrait être sacrifié aux économies d'échelle que veut réaliser Volkswagen.

A ce stade, il n'est "pas prévu d'arrêter la production" des ID.3, modèle électrique phare de VW, sur le site, a insisté Christian Sommer, porte-parole de Volkswagen en Saxe, à l'issue de discussions entre personnel et direction jeudi.

L'évolution des courbes de ventes de véhicules électriques sera déterminante. 

En Allemagne, l'arrêt depuis le 1er septembre des primes à l'achat pour les véhicules commerciaux et la réduction de l'aide pour les particuliers à partir du 1er janvier prochain vont porter un coup au marché automobile, préviennent les experts.

D'où l'enjeu, pour les constructeurs européens, de proposer des modèles électriques suffisamment accessibles pour entrer dans le budget des classes moyennes. Un créneau sur lequel les fabricants chinois ont une longueur d'avance.

La future ID.2 de Volkswagen à moins de 25.000 euros n'est pas attendue en 2025. Pour la version électrique, la Golf GTI, l'horizon est 2026-27.

Le premier groupe européen a ainsi "deux à trois années compliquées devant lui", prédit Ferdinand Dudenhöffer.

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