Recherche web : ChatGPT va-t-il, et doit-il supplanter Google ?
ChatGPT entend ringardiser les moteurs de recherche classiques, à commencer par celui de Google. Dans la pratique, le pari est plutôt réussi, à condition de bien maîtriser ce nouvel outil. Mais le prix à payer pour l’utilisation de cette technologie n’est-il pas trop élevé ?
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Les agents conversationnels intelligents, comme ChatGPT d’OpenAI, promettent de mettre au placard les moteurs de recherche web classiques, dont celui de Google, le leader du secteur. Dans la pratique, deux logiques s’affrontent ici : Google Search propose une liste de pages web correspondant aux mots qui lui sont soumis. Ces pages sont classées suivant leur pertinence, leur popularité, etc. C’est en consultant et en croisant ces différentes sources que l’internaute pourra obtenir les réponses à ses questions.
ChatGPT Search répond pour sa part directement aux questions de l’utilisateur, de façon claire et détaillée. Il s’appuie pour cela sur des données glanées sur le web, qu’il va rassembler et exploiter, afin de formuler une réponse cohérente.
ChatGPT, une réelle avancée...si, bien utilisée
Aujourd’hui, la plupart des internautes ont appris à formuler leurs requêtes de façon à maximiser la pertinence des réponses données par des outils comme Google Search. Malgré cela, les fausses pistes restent nombreuses. Le seul moyen d’atteindre son but consiste alors à affiner au maximum la requête, puis à consulter chaque lien, jusqu’à trouver l’information voulue. Un travail parfois fastidieux.
ChatGPT Search comprend les questions qui lui sont posées ; il y répond avec une pertinence souvent surprenante. À condition toutefois de ne pas trop s’attacher aux détails, les imprécisions demeurant encore fréquentes. À cet égard, bien utiliser ChatGPT suppose d’adopter de nouveaux comportements, notamment en n’hésitant pas à le questionner sur ses affirmations et ses sources, jusqu’à ce que la réponse soit suffisamment précise et étayée.
De plus en plus de questions morales autour de l’IA générative
Les agents conversationnels intelligents s’appuient sur des IA génératives, entraînées par de vastes corpus de données. Ceci n’est toutefois pas une garantie d’impartialité. Il est en effet possible d’orienter les réponses, soit en filtrant les données d’entraînement en amont, soit en filtrant les réponses elles-mêmes. Il convient donc de rester prudent face à des IA génératives dont le pilotage serait placé sous le seul contrôle d’organisations aux objectifs économiques ou politiques discutables.
L’autre aspect jouant en défaveur d’outils comme ChatGPT est d’ordre environnemental : « Des travaux publiés en 2023 indiquent qu’une requête Google consomme 0,3 Wh. Avec la même requête, sur ChatGPT, nous multiplions cette consommation d’énergie par 10 », nous confie Alain Marbach, président d’IJO, cabinet de conseil spécialisé dans le numérique responsable. Les travaux cités, menés par le Dr Alex de Vries, ont depuis été corroborés par d’autres études. L’écart devrait même se creuser à mesure que les modèles d’IA prendront de l’embonpoint.
Dimension sociétale
Le dernier aspect, enfin, est sociétal. Un documentaire récent (« Les sacrifiés de l’IA », sur France TV) met en lumière le rôle tenu par une légion des petites mains invisibles, issues de pays défavorisés. Ces dernières sont chargées de filtrer les données nécessaires à l’entraînement des intelligences artificielles. Leur rôle est essentiel dans la création de modèles d’IA efficaces, fiables et non biaisés, mais au prix parfois de leur santé mentale.
Cette triple problématique rappelle tout d’abord l’urgence d’encadrer l’intelligence artificielle générative et ses pratiques. Mais aussi la nécessité d’évaluer ses bénéfices au cas par cas, en tenant compte de l’ensemble des risques politiques, environnementaux et sociétaux engendrés.