Rapports de force dans le papier
Le site de production de papier Arjowiggins à Wizernes n'est pas sorti d'affaire. La direction a mandaté le cabinet Ernst & Young pour trouver un repreneur tandis que les salariés font le tour de tous les acteurs publics pour empêcher l'arrêt de la production prévu au printemps 2015.
Après quelques semaines agitées sur le site d’Arjowiggins deWizernes, les salariés s’étaient rendus au ministère de l’Economie et du Redressement productif : «ils avaient un peu l’air gênés par nos questions», se souvient un des membres de la CGT. L’Etat, qui siège au conseil d’administration du groupe Sequana, la maison mère d’Arjowiggins et d’Antalys (pour la partie distribution), était-il au courant des plans de la direction quant à son désir de vendre le site de Wizernes ? La bpi, outil de recapitalisation du groupe en 2012, est là pour longtemps selon la communication du groupe Sequana… L’Etat ne vendrait donc pas nécessairement ses parts à l’occasion d’une reprise. Sera-t-il prêt, pour autant, à augmenter sa participation pour «motiver» les candidats ? En attendant les salariés se battent pour sauver leur travail. Le 19 mai dernier, ils étaient une centaine à s’être invités à Arras pour la séance plénière du conseil général du Pas-de-Calais. Son président, Dominique Dupilet, s’était bien volontiers laissé «submerger» par les Audomarois qui en ont profité pour faire signer à la quasi-totalité des conseillers généraux une déclaration d’intention les engageant à défendre toute solution (y compris une expropriation par le Département) permettant de sauvegarder les 307 emplois d’un site qui perd tous les ans de l’argent depuis 2008. En 2013, le groupe a vu son résultat opérationnel chuter de 12% et son chiffre d’affaires, reculer de 7,7% à 3,2 milliards d’euros.
L’Etat remet 64 millions. Sequana a établi un calendrier où la recherche d’un repreneur vaut jusqu’au printemps 2015, moment où la production sera arrêtée. L’intersyndicale refusait les conditions de cession cadrées par la direction qui y avait inséré une clause de non-concurrence sur les papiers couchés fabriqués à Wizernes. Cette clause a été levée par la direction (qui n’a pas souhaité nous rencontrer pour l’instant). «C’était purement verbal» objecte cependant l’intersyndicale qui veut rester vigilante : « L’Etat va remettre de l’argent dans Sequana qui veut garder la distribution de papier et fermer un site de production.» Depuis l’annonce du plan de restructuration opérationnelle et financière du groupe en avril dernier, 64 millions d’euros de recapitalisation sont prévus. Arjowiggins en bénéficiera-t-il dans le cadre d’un PSE ? La direction avait souhaité ouvrir la procédure lors d’un comité d’entreprise en avril dernier. Les syndicats ont boycotté la réunion et imposé un autre calendrier. Bien plus aléatoire…