Quels tournants pour l’université de la Côte d’Opale ?
Il en faudra de la volonté à l’équipe dirigeante de l’ULCO pour franchir toutes les barrières qui se dressent devant elle: fusions à répétition, baisse des dotations de l’Etat, restrictions des formations, situation économique délicate pour les entreprises…
Précaire : «800 000 euros de subvention d’Etat, 18 postes non déclarés pour le concours 2014», égrène Roger Durand, président de l’ULCO. La rentrée universitaire, c’est la gestion de 7 850 étudiants présents physiquement sur les quatre sites de l’ULCO (Dunkerque, Calais, Boulogne-sur-Mer et Longuenesse), auxquels il faut ajouter les 2 400 en convention avec d’autres établissements (la Catho, Lille 1, des universités étrangères…). Le siège dunkerquois en accueille 3 200, le Crous, la bibliothèque et les nombreux laboratoires de recherche. Les formations de l’ULCO s’adaptent bon an mal an au marché estudiantin qui fluctue. Si les entreprises commencent à avoir leur mot à dire pour la formation soumise au ministère de tutelle, leur intérêt pour le monde universitaire ne se traduit pas encore assez dans les contrats de recherche initiés par les plus diligents des laboratoires de l’université. Côté emploi, le plus dur reste à faire ; le bilan de l’ULCO dans l’architecture des réseaux économiques est notable mais son inscription dans les habitudes du monde économique n’est toujours pas avéré. En témoignent quelques chiffres comme le nombre de contrats d’apprentissage (191), le nombre de ses apprentis (121) : des chiffres qui augmentent mais qui partent de rien. La convention qui lie l’ULCO, la CCI Côte d’Opale et le Medef Côte d’Opale est reconduite tous les ans mais reste non contraignante…
Réforme, fusions, et tiédeurs. L’ULCO est confrontée à l’application de la réforme Pécresse qui l’a conduite à s’autonomiser et à prendre en main son patrimoine immobilier. Une étude l’an dernier, toujours pas rendue publique, a fait état de l’étendue du patrimoine et de ses applications potentielles. Roger Durand a fait état des économies d’énergies conséquentes qui pourraient être faites dans les locaux. Autre difficulté, le fait de digérer les fusions qui s’enchaînent : il y a deux ans, la création d’une école d’ingénieurs via l’absorption de l’EIPC ; l’an dernier, la fusion entre l’ESCIP et l’ISCID ; et cette année, celle (non officiellement annoncée) des IUT de Calais, Boulogne-sur-Mer et Dunkerque. Les personnels des IUT font valoir que le système fonctionne bien et qu’il est dangereux de perturber ce qui marche, la crainte de la perte d’autonomie financière n’étant pas pour rien dans la tiédeur des équipes pédagogiques. Des solutions ? Se tourner vers les collectivités territoriales qui ont les mêmes intérêts dans la défense des outils d’attractivité. Les agglomérations dunkerquoise et audomaroise l’ont compris depuis des lustres et financent largement l’Université tandis que le Calaisis et le Boulonnais se font toujours attendre…