Quelles retombées économiques ?
Si les questions de sécurité se posent avec acuité, l’organisation de l’Euro 2016 de football promet d’importantes retombées économiques. De 66 à 221 millions d’euros de recettes sont attendus pour les dix villes hôtes de la compétition. Le 10 juin sera donné le coup d’envoi de l’Euro 2016, pour un mois. Selon l’UEFA, la compétition de football devrait avoir des retombées économiques très positives pour les régions et villes qui recevront des matchs. L’étude d’impact du Centre de droit et d’économie du sport (CDES), réalisée à la demande de l’instance dirigeante européenne de football, chiffre à 1,266 milliard d’euros (hors spectateurs français), l’impact économique total de l’organisation de l’évènement, répartis en 593 millions d’euros pour les dépenses de spectateurs dans les stades, 478 millions d’euros de dépenses d’organisation et 195 millions d’euros de dépenses des spectateurs dans les «fanzones». D’un point de vue global, le coût économique total de l’Euro 2016 est estimé à 2,8 milliards d’euros, dont 1,7 milliard d’investissements dans les stades (62 % d’investissements privés et 38 % publics) avec «775 millions d’euros directement attribuables à l’accueil». L’État qui a investi à hauteur de 160 millions d’euros pour la rénovation et la construction des stades (quatre créations et cinq rénovations), espère un retour de recettes fiscales, liées aux dépenses des acteurs étrangers, de l’ordre de 180 millions d’euros. Concernant les supporters et spectateurs français, ceux-ci devraient dépenser près de 250 millions d’euros dans les stades 157 millions d’euros dans les «fanzones», espaces dédiés aux supporters. Au total, ce sont 2,5 millions de supporters qui sont attendus, avec une moyenne de dépenses de 353 euros, par jour et par spectateur, pour des dépenses totales dans les stades de 842 millions d’euros. Un impact économique territorial L’étude se penche sur les retombées attendues pour les dix villes hôtes qui vont accueillir les 51 matchs de la compétition. De fait, en tête du classement on retrouve Saint-Denis, et le Stade de France, où se dérouleront le match d’ouverture et la finale. Saint-Denis bénéficierait d’un gain économique de 221 millions d’euros, suivie par Marseille (181 millions d’euros), Lyon (166 millions), Paris (161 millions), Lille (151 millions) Bordeaux (126 millions), Nice (81 millions), Saint-Étienne (77 millions) et Lens (71 millions d’euros). En dernière position de ce classement des villes hôtes, on retrouve Toulouse avec 66 millions d’euros de recettes escomptées. L’organisation de l’Euro par la France va aussi profiter au marché du travail. En effet, ce sont près de 20 000 emplois (dont 5 000 durables) qui ont été créés pour la réalisation des travaux de construction et de rénovation des stades. Le CDES garantit que plus de «26 000 emplois en équivalent temps plein seront créés sur une année, du fait de l’impact économique national généré par l’UEFA Euro 2016». Et plus de 94 000 personnes seront employées dans le cadre de l’organisation de l’événement. Enfin, 6 000 volontaires seront déployés par la Fédération française de football (FFF).
Malgré tout, c’est dans un contexte où les autorités restent à cran, seulement quelques mois après les attentats meurtriers en France et, plus récemment, à Bruxelles, qu’il faudra assurer la sécurité des millions de visiteurs, notamment dans les «fanzones» qui, selon les recommandations de l’UEFA, doivent s’installer au cœur des villes. Ainsi, le dispositif de sécurité sera contraignant et drastique (espace clos, palpation à l’entrée, vidéosurveillance, interdiction de bagages ou sacs à l’intérieur, détecteurs de métaux, et recours à des sociétés de sécurité privées). Plus d’une cinquantaine d’exercices de sécurité auront lieu d’ici le coup d’envoi en juin. De fait, toutes ces mesures auront un surcoût, estimé à 17 millions d’euros, (soit 7 millions de plus que prévu avant les attentats) et supporté en partie par les villes hôtes. L’UEFA qui ne devrait pas prendre en charge la sécurité des stades, camps de base des équipes et hôtels officiels, devrait partager l’addition avec l’État. Réponse lors du prochain comité de pilotage, prévu fin avril.
camille.schaub.et b.l