Quelle agriculture pour demain ?
Actions menées par la Chambre Régionale d’Agriculture Grand Est, Assises de l’Alimentation et de l’Industrie Agroalimentaire, conjoncture et événements à venir… Les sujets sont nombreux pour Jean-Luc Pelletier, le Président Régional qui a accepté de répondre à nos questions. Rencontre.
Les Tablettes Lorraines : Quel est aujourd’hui le rôle de la Chambre régionale d’agriculture ?
Jean-Luc Pelletier : Tout le travail réalisé en réseau par la Chambre régionale Grand Est se fait au service de la capacité des départements de répondre aux besoins des agriculteurs. La Chambre régionale n’a pas pour vocation à être en lien direct avec les agriculteurs, la proximité reste départementale. On est la plateforme de lobbying des départements pour servir les agriculteurs de par notre relation privilégiée avec les partenaires. Huit commissions travaillent actuellement (l’emploi, la transmission, la forêt, l’élevage, l’agronomie, la viticulture, le territoire et l’économie prospective. La partie innovation est essentielle en sachant que le ministère nous a demandé de mettre en place une commission recherche et développement. On participe également au développement des unités de recherche et développement qui vont prendre des dimensions importantes sur la base de la Ferme 112 devenue Terralab (dans la Marne).
Quelle action importante a été menée au cours des derniers mois ?
Un travail conséquent a été réalisé fin 2016 et début 2017 autour des assises de l’alimentation et de l’industrie agroalimentaire en réunissant tous les acteurs de la production et de la distribution avec sept journées thématiques (filière lait, porcine, fruits & légumes…). On a donc une photographie de la situation et des attentes des agriculteurs. C’est une initiative du Conseil régional qui nous a passé une commande. En septembre, le président Richert devrait proposer des mesures autour de leviers d’amélioration. On prépare des fiches actions concrètes. Cette réflexion réalisée en amont va être précieuse pour la contribution de notre région aux États généraux de l’alimentation. Les acteurs sont nombreux mais les intérêts ne sont pas les mêmes. Il faut se poser la question du prix que le consommateur est en mesure de mettre sur un produit pour que l’agriculteur retrouve un revenu décent.
Que pouvez-vous nous dire sur la conjoncture ?
2016 restera malheureusement dans les mémoires. Pour 2017, c’est très divers. Les résultats sont impactés par les précipitations d’eau, ce qui veut dire qu’on va retrouver des agriculteurs démunis après plusieurs années difficiles de revenus négatifs. Toutes les exploitations sont touchées, petites ou grandes. Seul le modèle le plus économe et plus autonome peut mieux s’en sortir, tout comme la polyculture-élevage qui résiste mieux, car elle a davantage de ressources. On doit continuer à laisser ouvert l’accompagnement individualisé des agriculteurs à travers l’action initiée par le Conseil régional via les chambres d’agriculture et les centres de gestion pour que chacun puisse avoir un interlocuteur quelle que soit sa situation de détresse. On est dans une période où l’agriculture est dans un virage important. Quelle agriculture souhaite-t-on pour demain ? On avait la réputation d’une agriculture exportatrice mais demain si on ne devient qu’une agriculture de proximité, biodiversité, qualité de l’air et circuit court, c’est une économie toute entière qu’on abandonnera. Il faut que les politiques en aient conscience. Il va falloir un courage politique pour trancher et prendre des décisions.