Quand l'innovation défie la contrefaçon

Fondée fin 2010 et basée à Eurasanté, Crime Science Technology fabrique des matériaux plastique et des encres destinés à la sécurisation de documents d'identité via des effets optiques.

(De g. à d.) Gauthier A, directeur des opérations, Cosimo Prete, fondateur et dirigeant, et Jérôme Comar, associé.
(De g. à d.) Gauthier A, directeur des opérations, Cosimo Prete, fondateur et dirigeant, et Jérôme Comar, associé.

Crime Science Technology a été créée fin 2010 par Cosimo Prete, désormais dirigeant de la structure. «J’ai une formation scientifique, j’ai travaillé à l’Institut national de la police scientifique avec une double spécialité : l’identification d’individus à partir de leurs empreintes digitales et la fraude documentaire au sens large.» Passionné d’innovation, il décide de créer sa propre entreprise. Il met d’abord rapidement en place une collaboration avec l’Université de Paris-Saclay sur une technologie de révélation des empreintes. «L’idée était d’avoir une technique rapide, efficace et qui permet d’avoir des empreintes contrastées et compatibles avec la recherche sur l’ADN.» Le procédé, baptisé «Lumicyano», est actuellement commercialisé en France et en Europe.

Lutter contre la contrefaçon

Cette première avancée permet à la jeune entreprise d’asseoir sa crédibilité. «J’avais envie de me recentrer sur mon cœur de métier : la lutte contre la contrefaçon.» L’équipe de CST s’enrichit de Jérôme Comar, issu de l’industrie du papier, premier associé et actionnaire de l’entreprise. Lors de la seconde levée de fonds, elle recrute son troisième associé : Gauthier A. en tant que directeur des opérations. Issu de l’industrie de la sécurité, il a notamment travaillé à l’Imprimerie nationale. «Nous avons trois profils complémentaires : Gauthier amène une vision industrielle ; Jérôme, plutôt de gestion et moi, orientée vers la recherche et le développement.» CST met au point sa deuxième innovation phare, baptisée «OVM» («Optical Variable Material»), qui s’intéresse au polycarbonate, une matière plastique utilisée pour fabriquer les documents d’identité. La technologie mise au point permet de sécuriser la matière première ou les encres à travers des effets optiques, identifiable en quelques secondes et sans appareil (changement de couleur ou de forme). «Nous sommes capable d’assembler les molécules pour leur donner des propriétés optiques originales.» L’entreprise a commencé à répondre à des appels d’offres stratégiques, après une commercialisation en milieu d’année, principalement à l’étranger. Ils concernent en majorité des passeports et cartes d’identité. «On arrive dans une grosse phase d’accélération, nous avons été sollicités pour un certain nombre de partenariats technologiques.» L’entreprise compte sept salariés et espère recruter dans le volet commercial et R&D. Soutenue par la Région et Bpifrance, elle compte également sur l’appui du Medef Hauts-de-France et le groupe IRD. «La Commission européenne a publié une préconisation cet été, qui incite les Etats à intégrer la biométrie dans les documents d’identité.» Une exigence qui sous-entend une évolution de la carte d’identité française à laquelle CST pourrait peut être, à terme, prendre part.