Quand le «quoi qu’il en coûte» tombe aux mains des fraudeurs...
Pour épauler les entreprises dans le contexte de la Covid-19, un plan d’urgence colossal et tentaculaire a été mis en place depuis plus d’un an. Ces soutiens d’urgence portent le nom d’activité partielle, fonds de solidarité, Prêts Garantis par l’État (PGE)… et attisent les fraudeurs quant à la spoliation des aides et soutiens bancaires. Comment l’entreprise, première victime des arnaques en tout genre, peut-elle s’en prémunir ? Éléments de réponse.
Les
arnaques aux entreprises, ce n’est pas nouveau. Le phénomène s’est amplifié
avec la Covid-19. Les pouvoirs publics ayant déployé un labyrinthe de
dispositifs et de subventions, cela a aimanté les fraudeurs. Fin 2020, Traclin,
le service de renseignement financier de Bercy avait transmis plus de 100
dossiers de détournement à la justice, représentant un préjudice de près de 30
M€ pour l’État. Le ministère du Travail évaluait au printemps dernier à 180 M€
la fraude au chômage partiel. Même le fonds de solidarité n’a pas échappé à
cette tendance. Bercy évoquait «l’existence probable de réseaux organisés de
détournement des dispositifs publics mis en place dans le cadre de la crise.»
Dans ce qui apparaît comme une toile aux contours infinis et insondables, l’une
des arnaques type a été ces e-mails et/ou appels frauduleux visant à escroquer
les entreprises ayant des salariés en activité partielle : les malfaiteurs
se font passer pour l’Agence de services et de paiement, font croire à
l’entreprise qu’elle a reçue à tort l’allocation d’indemnité partielle, lui
demande de reverser le montant sur un compte indiqué par mail - celui de
l’usurpateur. L’entreprise ne reverra jamais son argent. Également, selon
Traclin, le détournement de PGE constitue un nouvel eldorado. Process de la
même veine : usurpation d’identité d’un vrai patron, demande de prêt,
compte sur lequel est reçu l’argent qui file tout droit à l’étranger. Cette
porosité des PGE tient à l’absence de conditions d’affectation des fonds et
d’encadrement quant à leur utilisation finale. Conséquence : ils ne seront
sans doute jamais remboursés et serviront à d’autres fins, délictueuses
potentiellement.
Le chef d’entreprise n’est pas démuni...
Numéro un sur le podium des escroqueries visant les entreprises, et ce, bien avant la pandémie, les faux ordres de virement. Cela représente sur la décennie des centaines de millions d’euros. Cette arnaque, réalisée par e-mail ou par téléphone, est une menace permanente pesant sur une TPE, une PME. Cela peut fragiliser sa santé financière, voire la faire péricliter. Les bases de la prudence : vérifier l’existence et l’application de procédures internes relatives aux virements, sensibiliser régulièrement les équipes financières et comptables, lesquelles sont susceptibles d’être contactées par l’escroc, les former au bon usage des moyens informatiques, aux dangers des réseaux sociaux, à la protection de l’information, ne pas rendre public l’organigramme de l’entreprise, filtrer les renseignements mis en ligne sur ses sites internet, ne communiquer aucun code confidentiel par téléphone, fax ou e-mail. Ici, le chef d’entreprise n’est pas démuni. Aux côtés du site officiel cybermalveillance.gouv.fr, de la plateforme Signal Spam, de nombreux interlocuteurs existent pour se prémunir, réagir, faire face à une escroquerie, au travers de procédures, de listes noires de sites non autorisés, de mises en garde émanant de l’Autorité des marchés financiers, du Regafi - registre officiel des agents financiers -, de la Commission nationale informatique et libertés, de la Direction générale des finances publiques, de la Direction générale de la concurrence, consommation et répression des fraudes, de la Direction générale des douanes et droits indirects. Enfin, le numéro vert, gratuit, Info Escroqueries au 0 805 805 817 est une plateforme, composée de policiers et de gendarmes, lesquels conseillent et orientent les victimes.