Quand la musique s’étiole…
Le Hall du Livre à Nancy vient de fermer à jamais ses rayons CD et vidéo le 27 février. Clap de fin d’une époque où la musique était palpable et où on pouvait l’écouter dans un calme quasi religieux dans des box individuels. Les néophytes ou les mélomanes les plus aguerris s’évadaient alors vers d’autres mondes intemporels. Un partage réel entre amoureux de bons sons et de bons tons. Le monde du disque est en deuil, celui du téléchargement à outrance est en verve. La loi du marché entame lentement une marche funèbre pour un pan entier de l’économie culturelle et populaire qui se cherche. La musique ne s’écoute plus, elle se consomme à fortes doses de playlists. Celles-ci enregistrées sans âme, jetables mais consommables jusqu’à l’overdose. Paradoxe de taille : le bon vieux vinyl est revenu des tréfonds du passé, où il avait été enterré, pour la plus grande satisfaction des nostalgiques avertis où certains autres nantis, vu la flambée des prix des microsillons non pas cultes mais simple étendard d’un effet de mode tournant sur des platines à diamant version réédition. Des épisodes cycliques où l’adage «Sex, drugs and rock’n’roll» en prend un sacré coup. Aujourd’hui c’est plutôt : Linux, bugs et iPhone. «Internet va tous nous tuer», clamait encore fort et clair feu Lemmy Kilmister, bassiste-chanteur, icône et leader du groupe Motörhead lors de son dernier interview dans la presse magazine spécialisée française (Rock’n’folk de septembre 2015) avant sa disparition en fin d’année dernière. La musique s’est aussi «ubérisée». Rien n’échappe à la révolution numérique. La musique 2.0, le nouveau refrain à la mode… pas vraiment rock’n’roll tout compte fait.
emmanuel.varrie