Protéi’Sol : des légumineuses pour réduire la dépendance au soja d’importation
Des agriculteurs et des entreprises des Hauts-de-France tentent de relancer la production de protéines végétales. Trente agriculteurs sont accompagnés dans l’expérimentation de nouvelles pratiques.

Réduire la dépendance au soja d’importation dans l’alimentation animale, tout en redynamisant la culture des protéagineux dans les Hauts-de-France : c’est l’objectif du projet Protéi’Sol. Trente agriculteurs se sont engagés dans cette expérimentation, menée en partenariat avec Earthworm Foundation, le Groupe Noriap, Terres Inovia, Purina-Nestlé, Lidl et Auchan.
«Ce que nous souhaitons, en d’autres termes, c’est redynamiser la filière des protéagineux dans la région, qui est dotée aujourd’hui de 45 000 hectares de cultures de légumineuses à graine, et ce, du champs à la food», explique Mathilde Dubocage, chargée de missions relations filières et responsabilité sociétale, au sein de Novial Nutrition Animale.
Expérimenter pour mieux produire
Pendant 18 mois (soit deux campagnes), ces agriculteurs intègreront des pois et des féveroles d’hiver et de printemps dans leurs rotations culturales. Plusieurs techniques seront mises à l’épreuve pour améliorer les rendements : choix des variétés, travail du sol, couverts végétaux, fertilisation… Autant de leviers à actionner pour optimiser la production. «La culture des protéagineux est historique dans la Somme, et Noriap en est un collecteur majeur. Mais aujourd’hui, les rendements plafonnent, voire diminuent. Nous devons donc accompagner nos adhérents sur le plan technique pour inverser cette tendance», explique Renée Prevost, responsable du développement durable au sein de la coopérative.
L’enjeu est également économique : en trouvant des débouchés concrets, les agriculteurs seront plus enclins à intégrer durablement ces cultures dans leurs rotations. «Si les producteurs y trouvent un intérêt, la filière pourra se structurer, les rendements progresseront et nous pourrons réduire la part de soja d’importation dans l’alimentation animale. C’est pour cela que l’on retrouve des partenaires de toute la filière dans ce projet, de l’amont à l’aval», souligne Mathilde Dubocage, chargée de mission chez Novial Nutrition Animale. L’ambition de Protéi’Sol est claire : diviser par deux l’utilisation de soja importé dans la nutrition animale. D’autant que d’un point de vue nutritionnel, pois et féveroles présentent des qualités comparables à celles du soja.
Des produits déjà en rayon
L’expérimentation porte déjà ses premiers fruits. Chez Lidl, partenaire du projet, des œufs issus de poules nourries avec une alimentation réduite en soja sont désormais disponibles en rayon. «D’ici l’an prochain, nous espérons aller plus loin en proposant de la viande issue d’animaux dont l’alimentation aura intégré davantage de protéagineux locaux», ajoute Mathilde Dubocage.
Reste à savoir si cette initiative suffira à impulser un changement durable dans les pratiques agricoles et à réduire significativement la dépendance au soja importé. Une chose est certaine : l’avenir de l’alimentation animale se joue peut-être déjà dans les champs des Hauts-de-France.