Promouvoir la philanthropie et mieux communiquer !
La Fondation Entreprendre veut parler aux Nordistes. La philanthropie en temps de crise ne lui semble pas incongrue. Financer des projets d’entrepreneurs en herbe à travers la France, allant vers l’émergence d’entreprises, reste sa raison d’être depuis 2008. Et ça marche !
La dernière opération en date remonte à quelques mois, l’association Etincelles à Ennevelin signait la convention la liant à la Fondation Entreprendre. Cette dernière s’engage ainsi à aider financièrement1 cette association, comptant aussi des entrepreneurs, dans sa volonté d’exporter son savoir-faire vers d’autres régions. Son concept et ses actions d’incitation à créer sa TPE s’adressent à un public de jeunes en situation précaire, avec le concours d’organismes sociaux. La présidente de la Fondation, Blandine Herbaut-Mulliez, explique le cadrage des interventions de son conseil d’administration : «Nous ne cofinançons pas la création de ces associations d’entrepreneurs ni le montage de leurs projets. Nous ne sommes là que pour aider financièrement et accompagner les projets, au moment où telle ou telle association s’aperçoit que son action peut essaimer, donc dans la phase de développement. C’est un peu comme si on finançait des projets à l’export. Notre vocation est nationale mais elle s’appuie sur des réseaux régionaux d’entrepreneurs qui ont été sensibles à notre démarche et qui comprennent que c’est ensuite à eux de jouer !»
Bien définir l’identité de la Fondation. Le besoin de mieux se faire connaître vient pour la Fondation d’une constatation : trop souvent on la confond avec les réseaux Entreprendre. Effectivement, en 1986, le réseau Entreprendre Nord, avec notamment André Mulliez, ne fut pas étranger à la structuration des autres réseaux en régions en une association qui devint en 2008 cette Fondation. Il s’agissait d’un besoin financier à satisfaire tourné vers le développement d’initiatives entrepreneuriales dans les régions, et donc d’une complémentarité des actions à instaurer. Il y eut d’abord cinq zones géographiques pour ces réseaux connus pour ses jeunes lauréats, puis est apparue cette fédération de réseaux devenue la Fondation Entreprendre. Ce qui n’a jamais changé c’est que les fonds sont constitués des dons des entrepreneurs.
L’exigence du développement. «Les réseaux Entreprendre ont effectivement besoin d’être soutenus, explique la présidente. C’était d’ailleurs le souci de mon père qui souhaitait pérenniser leur action mais aussi les aider financièrement et en constance. Et puis on en est venu à soutenir aussi les réseaux d’entrepreneurs tels qu’Etincelle, bon exemple d’une structure qui correspond à notre cible. Il s’agit simplement de quelques entrepreneurs d’un territoire donné (là c’est le Nord), qui acceptent de soutenir des jeunes en difficulté sociale et professionnelle en les sensibilisant très concrètement à l’entreprise et en les encourageant à monter un projet de création d’activité, et en les accompagnant.»
La Fondation soutient la fédération d’associations si elles sont dans une perspective de développement. Ainsi se crée une chaîne basée sur la philanthropie de l’entrepreneur, avec des maillons. Par exemple l’association «100 000 entrepreneurs» créée en 2007. D’intérêt général, elle a vocation à transmettre la culture et l’envie d’entreprendre aux jeunes de 13 à 25 ans en France. Elle organise des témoignages d’entrepreneurs préalablement formés, mais aussi de responsables d’associations, de porteurs de projet au sein d’un groupe ou de la fonction publique, et ce, dans les établissements scolaires. Dès lors peuvent naître chez ces jeunes des idées de projets. On pourrait citer dans notre région «Entreprendre pour apprendre» qui fait partie des “Coups de cœur” de la Fondation. Là, il s’agit, après une première phase de sensibilisation par des entrepreneurs, d’inciter au sein des collèges et lycées des jeunes à créer sur place une activité entrepreneuriale modeste mais réelle.
Un état d’esprit philanthropique. «On peut piocher dans nos réseaux humains, dans la phase de multiplication des réseaux d’entrepreneurs en régions, nous portons financièrement les projets quelle que soit l’utilisation de l’investissement», ajoute Blandine Herbaut-Mulliez. L’esprit toujours présent est en effet d’aider en donnant des moyens. L’époque est assez dure pour ces associations puisqu’elles vivent beaucoup de l’argent public qui se raréfie. Elles reviennent donc plus qu’avant vers les fondations et Fondation Entreprendre est de plus en plus sollicitée. «Nous sélectionnons toujours nos cibles, explique la présidente, et nous sommes très attentifs à l’actualité : l’environnement fiscal flou pour l’instant, les projets de l’Etat, les dangers qui menacent le mécénat d’entreprise. Il y a deux millions de salariés dans les associations françaises : c’est une richesse. Il est souhaitable que l’Etat n’intervienne pas en la matière !»
Mais la question clé n’est-elle pas finalement de savoir si la philanthropie «s’exporte» bien en 2012-2013 ? Jean-Yves Dugast, directeur général de la Fondation Entreprendre, sourit : « Blandine et moi, nous entendons bien des questions. Ce qui est certain c’est que la philanthropie ne doit pas passer par la fiscalité mais par la volonté de se responsabiliser. Si l’entrepreneur veut aider, il le fera ! Comme dans la sphère anglo-saxonne, l’esprit philanthropique s’installe tout doucement en France. Le raisonnement est de dire : on a travaillé, on a créé de la richesse, restituons-en une partie dans nos régions et intégrons un rôle social. Alors, à l’image de la situation du Nord, c’est plus facile à mettre en œuvre dans les entreprises familiales. Mais il y a matière à s’engager dans les autres entreprises et, de fait, on commence à voir des choses de plus en plus positives. Au bout du compte, c’est le message principal que veut porter notre Fondation !»
Cette dernière estime qu’elle peut faire plus dans notre région, l’une des plus puissantes de France en nombre d’associations et création de richesses. Cela passe par une meilleure connaissance de la Fondation et une communication externe à intensifer. Peut-être aussi par quelques mutations comme ne plus se cantonner à ne sensibiliser que le monde de l’entrepreneuriat, mais ouvrir plus l’éventail des partenaires.
Contact. Tél.: 01 53 75 19 70 −www.fondation-entreprendre.org
1. En 2009, la Fondation Entreprendre, reconnue d’utilité publique, a mobilisé 50 M€ et 100 M€ en 2010.
Conférence de rentrée du club Trigone : «Comment maîtriser son stress ?»
Fondateur et directeur du club Trigone1, Olivier Cambray n’hésite parfois pas à bousculer les habitudes en proposant aux adhérents-entrepreneurs réunis à Septentrion (Marcq-en-Barœul) la venue d’un invité surprise.
Le dernier en date à faire face au micro est un ancien gendarme du GIGN. Bernard Thellier n’en est pas à son coup d’essai, connaissant parfaitement les préoccupations des chefs d’entreprise et les effets de la crise sur leur mental. Le sujet de l’échange était donc très logiquement «Comment gérer le stress ?». Toute la difficulté de l’exercice résidant dans la valeur des comparaisons entre l’univers hautement sécuritaire et l’entreprise. Mais Bernard Thellier a su trouver les mots qu’il fallait pour parler aux 130 entrepreneurs présents à cette 8e saison du Club Trigone.
Ancien négociateur de la cellule des crises majeures du GIGN (prises d’otages par exemple), Bernard Thellier s’appuie sur des axes forts de réflexion mais simples à saisir. L’humain gère simultanément trois «batteries» − le physique, l’émotionnel et le mental − qu’il combine pour déjouer les pièges de la vie. La capacité d’action réside dans le groupe et non l’individu. Comme le gendarme qui doit communiquer aisément avec le preneur d’otage, l’entrepreneur doit apprendre à prendre en compte son client et en faire un partenaire de la décision finale. Et positiver quand ça se passe bien par des signes extérieurs (félicitations par exemple) qui «revitaminent» l’équipe. Mais encore faut-il que l’esprit d’équipe résiste aux assauts du stress. Dans les situations tendues, il existe une phase d’alarme (montée d’adrénaline) pendant laquelle il ne faut ni fuir ni attaquer, une phase de résistance puis d’épuisement. Le stress est utile, pas l’hypo stress ou l’hyper stress et il faut toujours se ménager des plages de récupération. La communication est comme un diamant : dure, rare et précieuse ; 70% est non verbale et efficace si elle colle exactement à l’interlocuteur comme s’il y avait synchronisation. Il y aura ensuite négociation et compromis, sortir du rapport de force est impératif. Important : le négociateur ne doit jamais être le décideur.
Mais il ne faut pas ignorer que la possible prise de risques n’est jamais à écarter et qu’il faut répartir les risques chez les membres de l’équipe. Quant à l’échec, il convient de le considérer comme un nouveau départ et qu’un champion n’est pas celui qui ne tombe jamais mais celui qui se relève le plus vite.
1. Contact. Tél.: 03 20 81 92 99 ou 06 09 62 22 77 − www.trigone-conseil.fr /