Présidentielle: à Cannes, David Lisnard (LR) prêt à gravir les marches
Dans sa mairie de Cannes, David Lisnard a retiré de son bureau une affiche suspendue par son prédécesseur. Son tort? Elle égrenait les présidents de 1792 à Nicolas Sarkozy, rappelant que la droite n'avait...
Dans sa mairie de Cannes, David Lisnard a retiré de son bureau une affiche suspendue par son prédécesseur. Son tort? Elle égrenait les présidents de 1792 à Nicolas Sarkozy, rappelant que la droite n'avait plus conquis l'Elysée depuis 16 ans.
Père de trois enfants, âgé de 54 ans, cet amateur de rock qui nourrit des ambitions présidentielles lui préfère un cliché de l'icône Iggy Pop qu'il "a fait venir en concert à Cannes" il y a une dizaine d'années lorsqu'il dirigeait le Palais des festivals.
Une ville de 75.000 habitants qu'il qualifie de "très contrastée" pour balayer les habituels clichés bling-bling. Et dont il a conquis la mairie en 2014 avant d'être réélu au premier tour en 2020 avec 88,1% des voix.
Son bastion électoral doit faire office de tête de pont pour l'élu LR, au positionnement droitier et libéral, afin de gagner la notoriété nationale qui lui fait encore défaut pour se lancer dans la course à la présidentielle, après son élection il y a deux ans à la tête de l'influente Association des maires de France (AMF).
M. Lisnard revendique d'être un maire qui va au contact de ses administrés, et les chambre parfois comme lors de la récente inauguration de l'Ehpad Simone Veil de Cannes où il s'éloigne de son discours pour comparer le chef de la sécurité de l'établissement, à la longue et épaisse barbe, à Billy Gibbons, leader légendaire du groupe ZZ TOP "l'un des meilleurs guitaristes de tous les temps".
Marathonien toujours à la recherche d'une performance, il n'apprécie guère les défaites, comme il le prouve le même jour en lâchant un insolent "salaud" à l'égard de Charles-Ange Ginésy, le président LR du département des Alpes-Maritimes qui l'a battu lors d'une partie de pétanque improvisée devant les caméras à l'Ehpad.
Le maire décrit l'institut de gérontologie flambant neuf comme un "combat", le terme qui revient à chaque fois qu'il parle de ses réalisations à Cannes, de l'hôpital voisin à l'université qui accueille aujourd'hui 1.200 étudiants et qu'il prévoit d'agrandir.
"Structuré" par le petit commerce
Des "combats" essentiellement contre "la bureaucratie", qu'il fustige à longueur de discours y compris lorsqu'il préside le conseil de surveillance de l'hôpital où il dénigre les "machins" administratifs qui entraînent "une déperdition des moyens au détriment des soins".
Ce positionnement libéral irrite jusque dans son propre camp où un responsable LR juge ses idées "dépassées" et déplore qu'elles ne correspondent pas "au besoin du retour de l'Etat qu'expriment les Français".
Le maire bataille aussi pour la maîtrise de la dépense publique : "Nous avons poursuivi le désendettement de la ville", se réjouit-t-il dans un théâtre bondé pour les assises du quartier aisé de la Basse Californie.
M. Lisnard tient ces rendez-vous trimestriels avec ses concitoyens à chaque fois dans un quartier différent où il invite l'assistance à "poser les questions sans tabou", mais en prévenant que les réponses "n'en auront pas non plus".
Il écoute les voisins se plaignant des racines d'un pin qui déforment un trottoir ou exprimant leurs griefs sur la nouvelle piste cyclable.
Pendant sa pause déjeuner, il part courir en ville, alerte ses services s'il observe des problèmes non réglés. "Je suis dans l'exécution", insiste-t-il, dénonçant la "crise d'impuissance publique" qui à ses yeux caractérise aujourd'hui la France.
M. Lisnard est le fils d'un ancien footballeur professionnel et d'une danseuse étoile, propriétaires de magasins de vêtements pour enfants qu'il a lui-même repris dans les années 90 et dont il a revendu le dernier en 2016.
Des petites commerces qui l'ont "beaucoup structuré à force de vivre dans les aléas et le risque", au point d'envisager l'échéance de 2027 avec "l'espérance de celui qui lance une entreprise".
Elle pourrait s'appeler Nouvelle Energie (NE), un parti qu'il a créé il y a dix ans pour conquérir la mairie de Cannes et auquel il entend donner désormais une envergure nationale avec l'ouverture en octobre dernier de son siège parisien, symboliquement situé Rue des entrepreneurs.
"Nous sommes présents dans tous les départements y compris les Outre-mer", se réjouit-il, assurant avoir dépassé la barre des 700 élus membres de NE et disposer de 20 parlementaires. Il en est convaincu: "Pour être utile en politique, il faut être organisé".
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