Près du Havre, Yara veut diminuer de 45% ses émissions de GES
A Gonfreville-l'Orcher, le groupe norvégien, produit des solutions industrielles, telles que des systèmes d’épuration des gaz d’échappement notamment des navires et de l’industrie chimique. Epinglée parmi les 50 sites industriels les plus polluants, l’usine veut réduire ses émissions de GES.
Tout droit venu de Norvège, le groupe Yara produit des engrais depuis 1905 et opère, aujourd’hui, également dans des domaines connexes. « Notre groupe emploie 17 000 personnes dans le monde et a réalisé un chiffre d’affaires de 16,6 milliards de dollars US en 2021. Nous sommes le leader mondial des engrais minéraux azotés », résume Delphine Guey, directrice de la communication, des affaires publiques et de l’engagement sociétal de Yara France.
Ammoniac et urée
La firme au drakkar bleu compte trois usines en France, dont l'une à Gonfreville-l'Orcher près du Havre. Sur ce site d’une quarantaine d’hectares, trois activités sont regroupées : la fabrication de systèmes d’épuration des gaz d’échappement des navires et de l’industrie chimique, d’additifs pour carburants et applications environnementales (AdBlue), et de produits pour l’alimentation animale.
Des débouchés qui s’appuient sur la production d’ammoniac et d’urée, deux composants des engrais minéraux, activité historique du groupe. L’usine havraise, qui emploie 148 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 213 M€, produit ainsi annuellement 360 000 tonnes d’ammoniac, 330 000 tonnes d’urée et 184 000 tonnes d’AdBlue. L’urée, synthétisée à partir de l'ammoniac et du dioxyde de carbone, est utilisée comme un complément alimentaire destiné aux ruminants, principalement bovins. L'AdBlue est destiné à dépolluer les gaz d'échappement.
Neutralité carbone en 2050
Les productions des usines françaises Yara sont principalement destinées au marché local : « 96% de nos productions d'engrais et 100% de celles d'AdBlue sont destinées à la France », souligne Delphine Guey, Un approvisionnement mis à mal ces derniers mois avec la hausse du coût du gaz naturel. Lequel représente environ 80 % des coûts de production de l’ammoniac. De quoi donner une impulsion supplémentaire à l’ambitieux programme de réduction des gaz à effet de serre du groupe appelé Solution’ère. « Nous avons déjà réduit nos émissions totales de GES de portée 1 et 2 (émissions directes ou émissions indirectes et liées à l'énergie, ndlr) dans le monde d'environ 45 % et en Europe d'environ 55 % depuis 2005. Nous souhaitons atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 », expose Nicolas Broutin, président de Yara France.
Pour cela, plusieurs stratégies doivent être adoptées, selon les activités et spécificités des 18 usines que compte le groupe. Au Havre, la feuille de route est claire. « Le site réduira de 45 % ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 tout en pérennisant son activité ; ce programme de décarbonation est soutenu par France Relance », poursuit Nicolas Broutin. Dans le détail, il s’agit de remplacer les turbines par des moteurs électriques, de raccorder le site à un réseau de chaleur industriel ; de produire et d’utiliser de l’hydrogène vert, issu de l'électrolyse de l’eau avec une énergie renouvelable et, enfin, de capter et valoriser les rejets de dioxyde de carbone. De quoi rassurer le gouvernement qui, en novembre, pointait du doigt les sites industriels les plus polluants sur le territoire dont fait partie le site havrais Yara.
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont
Vous avez dit AdBlue ?
L’Adblue est une solution injectée dans le pot d’échappement, en amont du catalyseur des véhicules diesel équipés de la technologie SCR (selective catalytic reduction ou réduction catalytique sélective). Les molécules d’urée, qui composent à 32,5 % cet additif, se transforment en ammoniac sous l’effet de la chaleur et de l’eau. L’ammoniac réagit ensuite avec les molécules polluantes d’oxydes d’azote (Nox) issues du moteur qui se décomposent ainsi en azote et en eau. C’est également le principe de la technologie SCR qui est employé par Yara pour épurer les gaz d’échappement des navires et de l’industrie chimique.