Premières glisses dans les Alpes, avec la préouverture de stations en altitude
Quelques stations de ski, pour la plupart en haute altitude, ont "pré-ouvert" leurs domaines samedi, quelques jours après des intempéries sur les Alpes du Nord qui ont menacé les premières neiges...
Quelques stations de ski, pour la plupart en haute altitude, ont "pré-ouvert" leurs domaines samedi, quelques jours après des intempéries sur les Alpes du Nord qui ont menacé les premières neiges tant attendues par les férus de glisse.
Situées en partie à plus de 2.000 mètres d'altitude, Tignes et Val Thorens ont donné le coup d'envoi de la saison en ski alpin. Côté ski nordique, Bessans a ouvert dès le 4 novembre, et les Saisies ont fait de même samedi sur un petit tronçon en utilisant de la neige stockée depuis l'hiver précédent, le "snowfarming".
"C'est le moment de kiffer !", s'enthousiasme Vincent Lecluyse à la descente des pistes de Val Thorens. Lui est venu spécialement du Var avec deux amis parce qu'"il n'y a pas beaucoup de monde et que les chalets sont à des prix inférieurs" à la pleine saison.
"Tout le monde attend ça", abonde Heidi Gallay, originaire de La Clusaz (Hautes-Alpes) où les pistes n'ouvriront qu'en décembre. "Je suis contente d'être là pour pouvoir profiter des premières neiges", affirme-t-elle, snowboard au bras.
D'autres domaines vont devoir patienter: les intempéries qui ont frappé en début de semaine notamment la Savoie, la Haute-Savoie et l'Isère sur fond de températures très douces, ont fait fondre une grande partie du manteau neigeux et provoqué de fortes crues dans les vallées.
Dans ce contexte, il était "important de rassurer nos clients et leur dire que, chez nous, il y a de la neige et qu'ils peuvent venir", souligne le directeur des remontées mécaniques de Val Thorens (SETAM) Jérôme Grellet.
Conditions changeantes
Du fait des récentes intempéries, "il n'y a plus de neige en dessous de 1.500-1.700 mètres d'altitude et il y a eu une baisse de l’enneigement dans la tranche 1.500-2.500 m", résume Gilles Brunot, responsable de Météo France à Chamonix.
"A 2.500 m, il y a encore pas mal de neige", relève l'expert, notant néanmoins qu'il devient "de moins en moins exceptionnel qu'il pleuve aussi haut en cette saison".
La plupart des stations prévoient d'ouvrir comme à leur habitude courant décembre ou pour les vacances de Noël, qui s'annoncent bien remplies, les dates de congés coïncidant cette année dans nombre de pays européens.
"L'ouverture de saison s'annonce très bien", indique Vincenzo Coppola, directeur de l'office de tourisme de Montgenèvre (Hautes-Alpes), station frontalière qui attire une importante clientèle italienne.
Selon l'Association des maires de stations de montagne (ANMSM), le taux d'occupation prévisionnel pour la première partie de la saison s'établit à 52%, contre 51% au même stade l'an dernier. Ces tendances sont positives mais ne "laissent rien présager de l'ensemble de la saison", souligne son président Jean-Luc Boch.
"Les conditions météo parfois changeantes au cours de l'hiver incitent les stations à s'adapter très rapidement" pour diversifier leurs offres, souligne-t-il.
Ces dernières années, le manque de neige et des températures bien trop douces pour en fabriquer ont épisodiquement contraint les stations à faire preuve de créativité pour occuper les vacanciers.
Inflation
La pénurie de saisonniers continue par ailleurs de se faire sentir, quoique dans des proportions moindres que les années précédentes. "On a augmenté les salaires pour faire face à l'inflation", indique Vincenzo Coppola à Montgenèvre. "Mais c'est vrai que les prix des loyers et la pénurie de logement sont un frein assez important sur le recrutement".
"Des employeurs ont fait des efforts en termes de salaire et de conditions de travail. Mais il y a un autre phénomène qui s'amplifie, l'apport de main d'oeuvre étrangère" y compris asiatique ou africaine, dénonce de son côté Antoine Fatiga, responsable CGT remontées mécaniques et service des pistes.
Le syndicaliste déplore aussi qu'"on oblige les gens à venir en voiture" avec moins de trains affrétés pour les amener en stations. "On marche sur la tête par rapport aux enjeux environnementaux", fustige-t-il.
Outre la question du bilan carbone du ski, qui leur vaut de fréquentes critiques des écologistes, les stations font également face aux conséquences de l'inflation sur les portefeuilles de leurs clients. Selon le comparateur de séjours Ski Express, ces derniers devront tabler cette année sur une hausse globale des prix des séjours de 9,5% par rapport à l'an passé.
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