Première journée sous tension au procès de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles
Doigt pointé vers les plaignantes, accusation de complot, multiples demandes procédurales: au procès de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles sur deux femmes lors d'un tournage, la première journée d'audience a été marquée par les nombreuses attaques de la...

Doigt pointé vers les plaignantes, accusation de complot, multiples demandes procédurales: au procès de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles sur deux femmes lors d'un tournage, la première journée d'audience a été marquée par les nombreuses attaques de la défense de l'acteur envers les parties civiles.
L'acteur de 76 ans, le plus connu à avoir été rattrapé par la vague #Metoo en France, n'a pas fait de déclaration et n'a pas eu un regard pour les nombreuses caméras présentes à son arrivée au tribunal.
Vêtu d'une chemise et d'une veste noires, Gérard Depardieu s'est assis sur un tabouret face au tribunal. A la demande du président, il s'est avancé tout doucement à la barre pour décliner son identité, en grimaçant de douleur.
Plusieurs de ses proches ont pris place sur un banc derrière lui: sa fille, Roxane Depardieu, vêtue d'un sweat noir recouvert de l'inscription "fuck you", à ses côtés sa mère Karine Silla, et l'acteur Vincent Perez. Citée comme témoin par la défense, la comédienne Fanny Ardant a dû elle quitter la salle.
De l'autre côté de la travée centrale, les deux plaignantes, Amélie, 54 ans, cheveux blonds et pull beige, et Sarah (prénom modifié), 34 ans, cheveux longs bruns et veste bleu marine, sont assises au premier rang. La décoratrice et l'assistante réalisatrice sur le film "Les Volets verts" de Jean Becker, accusent Gérard Depardieu d'agression sexuelle, harcèlement sexuel et outrages sexistes lors du tournage.
Le procès, qui devait initialement se tenir à l'automne, avait été renvoyé, la défense invoquant des raisons médicales.
Méthodes staliniennes
Le prévenu a depuis été déclaré apte à comparaître par un médecin expert qui a demandé des aménagements. Le président a donc expliqué que les audiences ne devraient pas excéder six heures avec une collation pour M. Depardieu après trois heures, un accès privé à des toilettes et la possibilité de contrôler sa glycémie.
Prenant la parole en premier, l’avocat de Gérard Depardieu a longuement plaidé la nullité de la procédure, dénonçant une "enquête de police bâclée" ou encore "des méthodes staliniennes" de la part du parquet.
Élevant la voix à de nombreuses reprises, Me Jérémie Assous a pointé du doigt les plaignantes mais aussi les journalistes, dénonçant pour finir un complot auquel la police aurait également pris part, selon lui afin de "faire tomber un monstre sacré".
"Tout ce que la défense cherche, c'est à gagner du temps pour qu'on ne puisse pas aborder le fonds du dossier", a rétorqué, en colère, Me Carine Durrieu-Diebolt, conseil d'Amélie.
Même mécontentement du côté des parties civiles lorsque Me Assous a déposé des demandes d'actes sans en avoir informé leurs avocates. Et Anouk Grinberg de protester dans le public, révoltée par la méthode de la défense, avant d'être expulsée de la salle. L'actrice, présente sur le tournage du film "Les volets Verts", avait dénoncé auprès de l'AFP le comportement de Gérard Depardieu.
Sous le regard du prévenu qui s'est régulièrement retourné vers elles, Amélie et Sarah ont également à plusieurs reprises montré leur impatience.
Attrapée avec brutalité
Dans son récit au site d'investigation Mediapart, Amélie, la décoratrice, expliquait que Gérard Depardieu aurait soudainement hurlé, lors d'une conversation, qu'il voulait un "ventilateur", car il ne pouvait "même plus bander" avec cette chaleur, puis il aurait assuré pouvoir "faire jouir les femmes sans les toucher".
Une heure plus tard, il l'aurait "attrapée avec brutalité" et l'aurait "bloquée en refermant ses jambes sur (elle) comme un crabe", puis lui aurait "pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu'à (ses) seins", assure-t-elle. Il lui aurait également tenu des "propos obscènes".
Assistante réalisatrice sur ce même film, Sarah accuse Gérard Depardieu de lui avoir touché à deux reprises "la poitrine et les fesses" en août 2021, d'après Mediapart.
Figure du cinéma français connue dans le monde entier, Gérard Depardieu a été accusé de comportements identiques par une vingtaine de femmes mais plusieurs procédures ont été classées pour cause de prescription des faits.
En août dernier, le parquet de Paris a requis un procès pour viols et agressions sexuelles à l'encontre de l'acteur, après une plainte de la comédienne Charlotte Arnoult en 2018. Un juge d'instruction doit encore décider de l'issue du dossier.
"Jamais, au grand jamais je n'ai abusé d'une femme", avait assuré l'acteur dans une lettre ouverte publiée dans Le Figaro en octobre 2023.
L'audience reprendra mardi matin et devrait se poursuivre au moins mercredi.
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