Premier PSE, laboratoire d'expérimentation
Le premier Paiement pour Services Environnementaux (PSE) est mis en place dans les Hauts-de-France par l'Agence de l'Eau Artois-Picardie et l'association Pour une Agriculture du Vivant. Ce projet innovant de valorisation des financements publics et privés, vise l'accélération de la transition agroécologique et la facilitation de l'embarquement des agriculteurs.
Dans les Hauts-de-France, l’association Pour une Agriculture du Vivant et l’Agence de l’Eau Artois-Picardie se sont associées pour mutualiser les dispositifs de financement publics et privés afin de couvrir le risque des agriculteurs s’engageant dans la transition et de rémunérer les services écosystémiques rendus avec ces nouvelles pratiques de l’agriculture de régénération. Des agriculteurs aux entreprises agroalimentaires en passant par les acteurs territoriaux, cette coopération nouvelle réinvente les modèles de financement en couvrant l’intégralité de la rotation agricole et en recherchant la complémentarité des dispositifs de soutien pour accélérer la transition agroécologique. « Cette collaboration public-privé, avec des acteurs de l’agro-alimentaire, est une première pour les agences de l’eau. En effet, le financement des agriculteurs, en fonction de leur “Indice de Régénération”, se répartira à part égale entre des fonds publics via un Paiement pour Service Environnemental, et privés via des primes versées par les entreprises agro-alimentaires engagées. Conçue comme une démarche volontaire gagnante-gagnante, ce projet est ici dimensionné pour environ 20 000 hectares de surface agricole et une centaine d’exploitations : c’est le plus gros projet agricole du programme d’intervention 2019-2024 de l’agence de l’eau Artois Picardie sur un même territoire. À cette échelle, il contribuera à l’atteinte du "bon état écologique" des cours d’eau du territoire. Cela répond aux objectifs de notre ligne stratégique, le SDAGE 2022-2027, mais aussi au Plan d’Adaptation au Changement Climatique adopté l’année dernière, car les pratiques agricoles encouragées permettent à la fois de réduire l’érosion des sols et le transfert de produits phytosanitaires et de l’azote vers les rivières, mais aussi de rendre les sols plus résilients aux excès d’eau et aux sécheresses », explique Isabelle Matykowski, Directrice générale par interim de l'Agence de l’Eau Artois-Picardie qui souhaite également faire de ce premier dispositif de financement de la transition un laboratoire d’expérimentation pour, à terme, en tirer tous les enseignements nécessaires pour alimenter les réflexions autour de la prochaine PAC 2028-2032.
Six millions d'euros mobilisés
Le financement de ce PSE vise la massification de la transition sur un territoire permettant l’amélioration de l’état écologique de cinq masses d’eau prioritaires (ou bassins versants), situées en majorité dans la Somme. Le projet permettra aussi de mailler le territoire pour créer un réseau d’agriculteurs en transition, véritable moteur d’embarquement local grâce, notamment, au partage d’expériences et aux ressources communes. Un autre objectif est de tester un nouveau dispositif pour embarquer un grand nombre d’agriculteurs en grandes cultures. Il s’agit d’un démonstrateur d’alternative aux MAEC, Mesures agro-environnementales et climatiques, qui ont peu de succès dans ces systèmes d’exploitation.
D’intérêt général
et ouvert à tous les agriculteurs, ce dispositif ambitionne
l’embarquement de 100 agriculteurs à compter qu’ils disposent
d’au moins une parcelle sur le territoire concerné et d’un
contrat filière rémunérateur avec au moins l’un des partenaires
filières du projet. Les Indices de Régénération réalisés
serviront de base pour le conseil technique individualisé, en
parallèle de temps forts organisés pour favoriser les échanges
entre pairs sur les essais et les retours d’expériences. Le budget
total du projet s'élève à six millions d'euros sur cinq ans, avec une
montée en charge du nombre d’agriculteurs entre 2024 et 2025. Afin
de piloter la transition des agriculteurs et de mesurer les impacts
du PSE, l’évaluation initiale et la progression des agriculteurs
sera basée sur onze indicateurs issus de l’Indice de Régénération.
Ce système d’évaluation permet de valoriser la diversité des
parcours de transition, de favoriser l’embarquement et de
simplifier les démarches pour les agriculteurs en mutualisant les
indicateurs avec les acteurs filières.
Une dynamique régionale
« Le mouvement Pour
une Agriculture du Vivant a construit sa légitimité sur sa capacité
à réconcilier et faire dialoguer les acteurs des filières autour
d’un projet et d’un socle d’outils communs. Nous sommes très
heureux de proposer aujourd’hui au monde agricole ce dispositif
sans précédent en partenariat avec l’Agence de l’Eau
Artois-Picardie. Nous sommes convaincus que seuls la convergence des
politiques publiques avec les démarches de filières, et la
complémentarité des financements qui en découle, permettront de
réussir le passage à l’échelle de la transition
agroécologique », assure Anne Trombini, Directrice
générale de l'association Pour une Agriculture du Vivant.