Pour une Cour des comptes plus proche des territoires
Pour son premier déplacement hors de Paris en tant que premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici s’est rendu à la Chambre régionale des comptes des Hauts-de-France, à Arras. Une visite en présence de Xavier Bertrand, placée sous le signe de l’après-Covid.
«Nous ne devons pas être à l’écart du changement, nous devons être dans l’air du temps…” Le 3 juillet à Arras, pour son premier déplacement en tant que premier président de la Cour des comptes, l’ex-commissaire européen Pierre Moscovici a dévoilé son projet pour la juridiction financière. Celui-ci s’appuie sur des orientations fortes : réduire les délais des temps de décision, multiplier le nombre d’évaluations, renforcer le suivi des recommandations… Cela passe, bien sûr, par le renforcement des liens entre les magistrats de la Cour des comptes et ceux des Chambres régionales. Mais Pierre Moscovici a surtout souligné l’importance de décentraliser les décisions : «Un des grands défis est de prendre des décisions rapides et adaptées aux terrains. Nous ne pouvons pas le faire depuis Paris, nous avons besoins des institutions territoriales.»
Rien d’étonnant alors que le premier président de la Cour des comptes ait choisi les Hauts-de-France pour son premier déplacement officiel. «La Chambre régionale des comptes des Hauts-de-France est particulièrement performante et impliquée. De plus, les finances locales ont moins été touchées que celles de l’État ou de la Sécurité sociale.»
De quoi réjouir le président de la Région, Xavier Bertrand, qui compte bien s’appuyer davantage sur l’expertise de la Chambre régionale à l’avenir. Il s’est interrogé ainsi sur la possibilité de saisir régulièrement celle-ci sur des sujets précis. «Si c’est encadré sur un tempo de quatre ou cinq dossiers par an, ça ne me semble pas infaisable», a répondu le président de la Chambre régionale des comptes d’Arras, Frédéric Advielle.
D’autant que l’expertise de la Chambre va probablement compter davantage dans les mois qui viennent… «Nous ne pourrons pas continuer à appréhender les finances régionales et locales comme avant la crise», a ainsi précisé Frédéric Advielle dans son discours d’ouverture. Un avis partagé par Pierre Moscovici : «De cette crise, il en découlera des conséquences sociales majeures, et le paysage des finances publiques sera très marqué. Pour preuve, la dette publique sera au mieux à 130 %.»
A l’heure de la reprise de l’activité, il est donc primordial d’intégrer l’impact de la crise sanitaire dans chaque étude et chaque rapport de la juridiction financière. «Faites toujours des contrôles, mais faites de plus en plus d’évaluations», a ainsi conclu le nouveau premier président de la Cour des comptes.