Pour l’Europe, Dijon bascule un quartier vers l’énergie positive
La métropole bourguignonne est lauréate, avec la ville finlandaise de Turku, d’un programme européen visant à inventer les villes de demain. Le projet qui unit les deux villes, très ambitieux, mobilise plus de 23 millions d’euros.
Comment parvenir, demain, à faire que les villes produisent plus d’énergie qu’elles n’en consomment ? C’est tout l’objet du programme européen Response (« integReted Solutions for Positive eNergy and reSilient CitiEs ») dont Dijon et la ville finlandaise de Turku sont, cette année, lauréates pour un projet commun.
À Dijon, le défi est de convertir deux îlots du quartier d’habitat social de la Fontaine-d’Ouche pour en faire des démonstrateurs d’un quartier à énergie positive. 1 100 habitants pour 487 logements sociaux, un groupe scolaire, et plusieurs bâtiments publics sont concernés par cette expérimentation qui se déroulera entre 2023 et 2025. « Notre projet , associé à celui de Turku, a été le seul retenu cette année par la Commission européenne qui a été sensible au fait qu’il se déploie au sein d’un quartier déjà existant, dont les constructions remontent pour l’essentiel aux années 70 », note François Rebsamen, maire de la ville.
Tout repenser
Pour parvenir au Graal de l’énergie positive, il faut tout repenser, ou presque. Près de deux années de réflexion ont été conduites en amont par le groupe pilotant ce projet, qui rassemble un réseau de 53 partenaires, EDF, Engie, des entreprises privées, et des laboratoires de recherche, issus de 13 pays. Plusieurs villes européennes, dont Bruxelles, Severodonetsk et Saragosse, observent les opérations, pour s’en inspirer.
Les solutions déployées sont nombreuses - on recense près d’une centaine d’innovations expérimentées - autour de trois axes : produire et stocker de l’énergie au sein du quartier, isoler au mieux les bâtiments et rendre ceux-ci intelligents de telle sorte qu’ils consomment le moins d’énergie possible tout en préservant la qualité de vie des habitants.
La production repose sur l’installation de près de 12 000 m2 de panneaux solaires bifaces, capables de capter la lumière directe et l’albédo du toit sur lequel ils sont installés et de développer une puissance de 1 732 Kwc. L’installation doit couvrir près de 40 % de l’électricité consommée dans le quartier. Le réseau de chaleur métropolitain, dont la part d’énergie renouvelable va être considérablement accrue, est de son côté sollicité pour le chauffage et l’eau sanitaire. L’énergie produite en journée est stockée dans des batteries de voitures électriques usagées. À terme, il est aussi question de solliciter les batteries des voitures électriques au sein d’un système dit vehicle-to-grid (« du véhicule au réseau »). Les batteries des voitures connectées à une borne de recharge publique peuvent être utilisées comme réserve pour répondre au pic de consommation en soirée.
Des capteurs pour maîtriser la consommation
L’intégralité des bâtiments bénéficie d’une rénovation thermique d’ampleur, la consommation énergétique y sera contrôlée. Les appartements sont équipés de capteurs pour ajuster finement la température, pièce par pièce, entre zone jour et zone nuit, à l’aide de vannes thermostatiques. Celles-ci, conçues par l’entreprise lyonnaise Ogga, sont capables de déterminer, par exemple, quand une fenêtre est ouverte, pour couper le radiateur. Un boîtier permet aux habitants de signaler leur présence ou leur absence. Quand ils sortent, les lumières s’éteignent, le chauffage baisse, pour ne remonter que quelques minutes avant leur retour. « Nous déployons un système intelligent qui apprend automatiquement les habitudes du foyer, pour s’y adapter », détaille Quentin Antoine, responsable de la cellule stratégie énergétique de Dijon Métropole.
Pour Aletheia Press, Arnaud Morel