Poser les jalons d’une confiance numérique

A la 5e édition du FIC, événement de retour dans la capitale nordiste, les acteurs et partenaires publics, privés et académiques des TIC entendent générer des idées nouvelles et contribuer à la réflexion autour de la sécurisation de l’espace numérique.

Deux membres du gouvernement, 140 intervenants et au moins 1 200 participants… Le FIC, ainsi qu’est appelé le Forum international de la cybersécurité, impressionne déjà par ses chiffres d’avant-jour J. C’est ce 28 janvier que s’ouvre pour deux jours à Lille Grand-Palais cette grand-messe où se sont donné rendez-vous les experts de la sécurité numérique ainsi que les décideurs politiques et économiques. Dès le 17 janvier on pouvait lire sur www.fic2013.com, le site internet consacré à l’événement, que les inscriptions étaient closes, «le nombre de places disponibles ayant été dépassé». Au programme de cette 5e édition, pas moins de 40 ateliers-débats, de nombreuses conférences et séances plénières, sans parler des événements ponctuels telles les démonstrations techniques sur stand. Un ordre du jour étoffé, dû sans doute à l’évolution du positionnement de ce forum lancé en 2007 par la Gendarmerie nationale dans le cadre du programme européen de renforcement de la lutte contre la cybercriminalité. C’est ainsi que le Forum international sur la cybercriminalité, qui s’est tenu depuis 2007 jusqu’en 2011, devient en 2013 le Forum international de la cybersécurité.  Une évolution sémantique «pour élargir les débats à l’ensemble des enjeux de sécurité et de souveraineté», explique-t-on chez CEIS (Compagnie européenne d’intelligence stratégique), organisatrice du forum avec le Conseil régional et la Gendarmerie nationale.

Parmi les nombreuses préoccupations cette année, l’une domine : la confiance numérique. Pierre de Saintignon parle même du «besoin de confiance numérique». Une problématique qui, d’après le vice-président du Conseil régional en charge du développement économique, nécessite de passer à une «stratégie offensive, proactive, fondée sur l’intelligence collective». D’où la présence parmi les participants d’experts de la sécurité informatique mais aussi d’un public de décideurs politiques et économiques non spécialistes des TIC. «Il n’y a pas de confiance numérique sans partenariat public-privé», fait savoir Franck Tognini, directeur de l’agence régionale de la CEIS dont le siège se trouve à Paris. Derrière cette problématique de «confiance numérique», tout un enjeu de compétitivité économique. «On ne peut plus séparer aujourd’hui l’économie industrielle traditionnelle de l’économie numérique, explique Guillaume Tissier, chef de projet chez CEIS. L’informatique est un facteur important de compétitivité. Plusieurs tables rondes vont aborder ces aspects.» Egalement dans les esprits, une thématique d’ordre opérationnel : la sécurisation des systèmes informatiques dénommés SCADAS, qui contrôlent les automatismes dans les réseaux industriels (énergie, transport, etc.).

 Gouvernance d’Internet. Autre enjeu plutôt politique au FIC et qui renforce sa dimension internationale : la volonté de se faire entendre dans le débat international autour d’une réforme de la gouvernance d’Internet. La conférence internationale des télécommunications, tenue en décembre dernier à Dubaï, n’a pas débouché sur une avancée significative quant à une régulation d’Internet au niveau mondial. «Aujourd’hui, la gouvernance d’Internet est dite ‘multi-stakeholders’, c’est-à-dire qu’il y a un ensemble de parties prenantes qui ne sont pas des représentants des Etats, explique Guillaume Tissier. Cette gouvernance atteint ses limites.Deux courants s’affrontent : l’un soutenu par les Etats-Unis, favorable à la neutralité du Net ; et le second qui est une approche étatique d’Internet, défendu par certains pays tels que la Chine, la Russie. Entre ces deux courants il y a la voie européenne relativement alignée sur la position américaine mais qui met en avant la protection des données personnelles, la protection du citoyen, etc.»

Quant à la région Nord-Pas-de-Calais, elle compte pousser un peu plus ses pions dans son ambition de devenir «un territoire d’excellence dans le champ de la confiance numérique». Pierre de Saintignon évoque le projet d’un cluster régional «cybersécurité et confiance numérique».