Portrait de la future «Nord-Pas-de-Calais-Picardie»

La publication le 14 avril dernier de l’ouvrage «La France et ses territoires», consacré aux nouvelles régions, a été l’occasion pour l’INSEE Nord-Pas-de-Calais d’en faire une lecture régionale. De dresser en quelque sorte un portrait de la future «Nord-Pas-de-Calais-Picardie».

Daniel Huart, directeur régional, Benoît Werquin et Elisabeth Vilain.
Daniel Huart, directeur régional, Benoît Werquin et Elisabeth Vilain.
D.R.

Daniel Huart, directeur régional, Benoît Werquin et Elisabeth Vilain.

Petit rappel pas forcément inutile : les nouvelles régions sont issues de la loi du 16 janvier 2015 pour une entrée en vigueur le 1er janvier 2016. Si six régions ont vu leur périmètre inchangé, deux sont le regroupement de trois régions actuelles et cinq de deux régions actuelles. Parmi ces dernières le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie.

Démographie. En données démographiques, comment se situe la nouvelle région ? «Les regroupements ont réduit les disparités», analyse Elisabeth Werquin, chef adjointe du service des études et de la diffusion Insee Nord-Pas-de-Calais. Elle devient la deuxième région de province quand le Nord-Pas-de-Calais s’affichait à la troisième place. Derrière l’Ile-de-France (11,9 millions d’habitants) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (7,6), mais en tête d’un quintet de régions de province de taille intermédiaire, les «5 /6 millions d’habitants».

Question densité, la nouvelle région est comme précédemment la plus dense, mais sa densité passe de 326 m2 à 187 m2 pour une moyenne nationale de 116. Ici aussi l’écart entre régions se réduit.

Jeune elle était, jeune elle restera ! La nouvelle région conserve en part de jeunes la première place du Nord-Pas-de-Calais avec 33,1% de moins de 25 ans (33,6 % pour le Nord-Pas-de-Calais et 32,1% pour la Picardie). Classement identique à l’an dernier – une première – mais la région compte la part la moins élevée de 65 ans ou plus (14,9%).

Pas de changement par contre pour ce qui concerne l’évolution de sa population : la région doit toujours sa croissance démographique à l’excédent des naissances sur les décès, tandis que le solde migratoire y est le plus négatif.

Economie. Comme pour le poids démographique, la nouvelle région se classe dans le même quintet de régions pour le PIB. Ile-de-France, 29,8% du PIB national, et Auvergne-Rhône-Alpes, 11,4%, caracolent en tête devant Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (7,5%), Nord-Pas-de-Calais-Picardie (7,3%), Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et Provence-Alpes-Côte d’Azur, 72%, Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine 7,1%.

Mauvaise nouvelle, «en dernière position pour le PIB par habitant» où il est le plus faible (-8,4% par rapport à la moyenne) quand Nord-Pas-de-Calais seul affichait -6,8% et Picardie -11,7%. Ici aussi, l’INSEE note un resserrement de l’écart à 20% contre 30% précédemment.

Autre indicateur, la structure économique. Chacun sait que l’économie picarde est plus agricole que celle du Nord-Pas-de-Calais (4% de la valeur ajoutée régionale contre 1,5%) mais aussi plus industrielle (18% contre 15%), ou encore que les services non marchands sont surreprésentés dans la nouvelle région à 27,3%,

Si Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (+0,8% en moyenne par an), Bourgogne-Franche-Comté (+0,8%) et Centre-Val de Loire (+0,9%) affichent une moyenne sensiblement plus faible que la moyenne d’augmentation du PIB par an de 1990 à 2012 (1,6%), Nord-Pas-de-Calais-Picardie connaît une croissance un peu plus soutenue, mais toujours en retrait à +1,1%. Et l’INSEE de noter la corrélation entre les croissances démographique et économique.

Enseignement supérieur. A analyser l’évolution du nombre d’étudiants dans les universités régionales sur la période 2008-2012, l’INSEE en déduit une «assez relative» attractivité de l’enseigne supérieur à +1,7% par an pour la nouvelle région.

Créations d’entreprise. La nouvelle région s’inscrit en taux de créations à égalité avec Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées à 15,2%, contre 15,3% Nord-Pas-de-Calais et 14,9% Picardie, alors que la moyenne nationale se situe à 14,4%.   

Taux de chômage. A 12,5% au 3e trimestre 2014, il est désormais le plus élevé devant Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (12,1%), contre précédemment Languedoc-Roussillon 14,3%, Nord-Pas-de-Calais 12,9% et Picardie 11,6%.

Situations de pauvreté. Après Corse (19,2%), il est le plus élevé à 18,4% devant Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (17,0%) contre précédemment Languedoc-Roussillon 19,6%, Nord-Pas-de-Calais 19,7%, mais Picardie 15,5%.

Qu’en conclut l’INSEE ? Que «par effet mécanique d’agrégation, les caractéristiques démographiques et économiques mesurées sur les nouveaux ensembles se resserrent». Même si elles se ressemblent davantage, «des disparités régionales demeurent à la fois entre les nouvelles régions et à l’intérieur des nouveaux périmètres», obligeant «plus que jamais à mesurer à des échelles infrarégionales».