Territoires
Pollution lumineuse : enjeu majeur au sein de l'Eurométropole de Metz
En partenariat avec Inspire Metz et la Fédération des Commerçants de Metz, UEM a lancé une opération visant à soutenir les acteurs de l’économie de proximité dans la réalisation d’économies d’énergie. Décryptage des modalités de participation des commerces locaux. Les enjeux sont écologiques, économiques et de santé.
C’était en janvier dernier. L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) alertait sur les effets néfastes de l'éclairage artificiel nocturne. D'après la note scientifique édictée, on assiste à une véritable explosion des émissions lumineuses, en particulier dans les grandes villes et les pays industrialisés, due à la croissance de la population mondiale associée à une urbanisation toujours plus forte. Ce phénomène s'est amplifié à partir des années 2000 avec le remplacement des lampes à incandescence (ou à décharge) par des LED (diodes électroluminescentes). L'éclairage artificiel nocturne contribue non seulement au gaspillage énergétique et au changement climatique mais aussi au déclin de la biodiversité (même lorsque les intensités lumineuses sont faibles). Le cycle du jour et de la nuit est un élément structurant pour les êtres vivants. La pollution lumineuse perturbe le comportement des animaux et leurs fonctions physiologiques et métaboliques. Elle est responsable de la mort de centaines de millions d’oiseaux et de milliers de milliards d’insectes chaque année.
Une réglementation... incomplète
La lumière bleue présente en forte proportion dans les systèmes d’éclairage par LED perturbe aussi l'horloge biologique humaine. Elle a des effets nocifs sur la santé : altération du sommeil, retard de l’endormissement, troubles de la mémoire, de l’humeur, de l’attention, stress, risques cardio-vasculaires, augmentation des risques de cancer du sein et de la prostate, de diabète ou d’obésité. Selon l'OPECST : «la France a développé une réglementation ambitieuse pour limiter les nuisances lumineuses.» Cette réglementation concerne certains éclairages extérieurs aussi bien publics que privés (parcs, jardins, parkings, magasins, enseignes lumineuses...) qui sont interdits en dehors des horaires d'activité. Elle fixe aussi des normes techniques visant notamment à ne pas éclairer le ciel ou à limiter l’éblouissement latéral. Dans la réalité, ces mesures ont une efficacité limitée car les sanctions prévues en cas de non-respect de la réglementation ne sont que trop rarement, voire jamais appliquées, faute de contrôle. La réglementation actuelle reste incomplète : elle ne concerne pas la voirie, l'éclairage des événements extérieurs et des équipements sportifs ne fait pas l’objet de contraintes horaires ou techniques, les exigences en matière de lumière émise vers le ciel ne concernent actuellement que l’éclairage de voirie et les parcs de stationnement. Pour renforcer la lutte contre la pollution lumineuse, la note préconisait de «faire respecter la réglementation déjà existante», «passer d'un éclairage systématique à une adaptation fine selon le contexte en concevant l’éclairage à partir des besoins réels des usagers», «compléter la législation pour lutter contre les risques de phototoxicité de certaines sources lumineuses.»
Dans le périmètre messin, «Allumons les étoiles»
Localement, dans le périmètre mosellan, les collectivités ont pris la mesure du problème. Il y a un an, en octobre 2022, une maraude nocturne était organisée par Lorraine Nature Environnement, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation nationale initiée par France Nature, en partenariat avec la ville de Metz, en lien avec le programme d'actions ce cette dernière. L’initiative menée par des bénévoles avait mis en avant le fait que près de 134 commerces du centre historique de Metz (Metz-Centre et Ancienne-Ville) n’étaient alors pas en conformité avec la législation lumineuse en vigueur et continuaient à être éclairés après 1 h du matin, soit 20 % des commerces identifiés sur le parcours. 42 % concernaient des éclairages intérieurs, 29 % des vitrines, 11 % des enseignes, 10 % des écrans publicitaires et 8 % des éclairages extérieurs. Or, la réglementation prévoit que les vitrines des magasins (comprenant toute source de lumière et enseignes lumineuses) et plus généralement des bâtiments non résidentiels doivent être éteintes après 1 h du matin. L’enjeu est d’importance : le contexte du changement climatique et de la hausse des prix de l’énergie appellent à la responsabilité individuelle et collective (l'éclairage pèse 25 % dans la facture énergétique d'un commerce, jusqu'à 60 % dans des secteurs comme l'habillement ou l'alimentation). Il s’agit ici de limiter la pollution lumineuse, tant du point de vue de la santé humaine que de la préservation de la biodiversité. Également, le non-respect de la réglementation en vigueur peut amener le maire, au titre de son pouvoir de police générale, à mettre en demeure l’exploitant afin d’ordonner sa mise en conformité avec la législation, et dresser, le cas échéant, une amende pouvant aller jusqu’à 1 500 €. Sur le chemin de pratiques plus vertueuses, UEM, en partenariat avec Inspire Metz et la Fédération des Commerçants de Metz, a lancé une opération tendant à promouvoir la réalisation d’économies d’énergie après des commerçants dans le cadre du dispositif «Allumons les étoiles». Les professionnels peuvent bénéficier de conseils gratuits d’experts UEM afin d’améliorer la performance énergétique du commerce.
Pour participer et adhérer à la charte d’engagement : https://professionnels.uem-metz.fr/allumons-les-etoiles/
4 679 Kwh
C'est la consommation moyenne annuelle d'un écran publicitaire de 2 m2 : l'équivalent des besoins d'un ménage pour l'éclairage.