Pôle emploi Oise recrute avec des nouvelles méthodes

C’est une démarche qui a débuté en 2014, qui s’est accélérée en 2019 et qui va progresser dans les années à venir. La méthode de recrutement sur-mesure et personnalisée, basée sur le savoir-être et non plus seulement sur les compétences, est entrée dans les mœurs des 11 agences que compte le département. « Notre objectif est d’accélérer le retour à l’emploi et travailler sur une réponse personnalisée en travaillant sur le parcours, explique Sabine Préciado-Lanza, directrice territoriale Pôle emploi de l’Oise, nous avons conscience que les entreprises ont besoin de recruter mais nous travaillons sur les méthodes de recrutement avec elles. »

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’Oise enregistre un taux de chômage en baisse (par rapport à 2018) chez les demandeurs d’emploi de longue durée (plus de 24 mois) de 7,9% (- 6,6% dans les Hauts-de-France). Les demandeurs d’emploi sans activité ont baissé de 2,5 % sur un trimestre (soit – 1 030 personnes) et de 4,7% sur un an, ce qui est plus faible que la moyenne des Hauts-de-France (- 5,5% sur un an). Une bonne nouvelle pour la structure qui cible notamment les profils les plus éloignés de l’emploi.

#Une
technique qui fonctionne

« Un jour, je suis venu chez Pôle emploi par hasard car j’avais débuté une nouvelle aventure et j’avais besoin d’un nouveau collaborateur, notamment un magasinier-carriste, se souvient Valéry Denoyelles, directeur d’agence de la société de Coffin Modinox située à Beauvais, je suis venu le matin et puis le jour même j’ai rencontré un jeune de 24 ans que ma conseillère m’avait recommandé, venu le même jour que moi chez Pôle emploi. Finalement, je l’ai recruté en CDI et il travaille avec moi depuis quatre mois ».

Cette histoire est une histoire de rencontre. Et c’est là toute la nouvelle orientation de Pôle emploi : « Nous voulons des rencontres humaines », sourit la directrice, convaincue de sa méthode. Exit le C.V et la lettre de motivation, inefficaces pour certains profils, les recrutements sans C.V sont de plus en plus utlisés. Á l’instar du dispositif, lancé l’année dernière, “#vers un métier”, qui fait rencontrer les recruteurs et les demandeurs d’emploi sur des critères basés sur l’état d’esprit ainsi que sur le savoir-être. « Nous avons des offres et des demandes mais les entreprises cherchent des compétences, très bien, mais si nous n’avons pas les compétences disponibles, comment fait-on ?, interroge Sabine Préciado-Lanza, alors nous sélectionnons les candidats qui colleraient au mieux avec l’état d’esprit de l’entreprise, parce que les compétences, avec un formation et avec une bonne intégration de l’entreprise, le candidat peut les acquérir. »

Et ça fonctionne : en 2019, sur 8 300 candidats présentés avec ce dispositif, dans les 11 agences du département, 44% ont été recrutés. « Aujourd’hui, le premier critère est le savoir-être dans 60% des offres, note Yann Richet directeur territorial délégué Pôle emploi Oise, nous avons factualisé ce savoir-être sous la forme de 14 aptitudes professionnelles, car ce n’est pas qu’une question de feeling, pour ensuite proposer des outils RH aux chefs d’entreprise. » D’ailleurs, les dirigeants l’ont bien compris : « Je ne cherchais pas des compétences mais vraiment un état d’esprit, une personne qui avait envie de s’investir », témoigne Valéry Denoyelles.

« Nous voulons des rencontres humaines »

Un autre dispositif, dans la même veine, “#agir pour réussir”, porte également ses fruits. Le principe demande du temps et de l’investissement pour les entreprises mais qui est un bon retour sur investissement sur le long terme. « Le candidat est préparé en amont et il fait surtout un stage en immersion d’une semaine dans l’entreprise dans laquelle il postule », explique la directrice territorial de Pôle emploi Oise.

Et le résultat est sans appel : cet investissement de base permet à l’entreprise de rencontrer le candidat en amont tout en lui présentant la réalité du métier. De son côté, le candidat, connaît ses réels engagement. « Je préconise ces stages d’immersion, témoigne Béatrice Pelé, chargée de mission RH chez Kéolis, je recrute des conducteurs de bus et le métier est précis, il faut donc bien le connaître. C’est bénéfique pour l’entreprise et le candidat car il vaut mieux recruter quelqu’un qui reste que mener quelqu’un à l’échec. » Ce stage en immersion lui a notamment permis de recruter une jeune femme qui était sans activité depuis longtemps. « Ce dispositif joue un rôle important aussi dans notre accompagnement dans la reconversion, confie Yann Richet, car un métier sur deux qu’obtient un candidat n’est pas le métier voulu de départ et cela permet de réinsérer les personnes qui n’ont pas travailler depuis longtemps ».

Un accompagnement des entreprises

Pour ce faire, Pôle emploi ne peut agir seul. Les TPE et PME doivent également s’ouvrir à d’autres méthodes de recrutement et s’autoriser à rencontrer d’autres profils, d’autres critères. De nombreux conseillers sont spécialisés dans cet accompagnement, la clé de réussite pour un recrutement pro-actif.

Et ce n’est pas négligeable quand on sait que, dans l’Oise, les secteurs du transport, de l’hôtellerie/restauration, du service à la personne, de l’industrie et du bâtiment sont encore en tension. Cette démarche n’échappe pas non plus aux nouveaux modes de recrutement instaurés par Pôle emploi, avec notamment le dispositif innovant “Du stade vers l’emploi”. Ce dernier, mis en place pour la première fois dans l’Oise l’été dernier à Nogent-sur-Oise, connaît un réel succès. « Durant une journée, les candidats et les recruteurs font du sport ensemble, en tenue de sport, sans savoir qui est qui, expose Sabine Préciado-Lanza, à la fin de la journée, chacun se présente et des liens se sont créés ». Pour cette première édition, 61% des 80 demandeurs d’emploi ont été recrutés pour 15 recruteurs présents. Une aubaine pour les personnes très éloignées de l’emploi : « Le recrutement se fait sur des valeurs », précise la directrice.

Pôle emploi Oise continuera dans cette vague pour l’année 2020 pour faire face aux enjeux de l’emploi : « 80% des métiers vont évoluer et ne seront plus les mêmes d’ici 2030, il faut s’y préparer », prévoit Yann Richet.

La
tendance dans l’Oise au 31 décembre 2019 (catégorie A,B,C) :

• –
  7,9% de demandeurs d’emploi de longue durée (région : -6,6%).
• –
  2,2% de demandeurs d’emploi senior (+ de 50 ans).

• –
  5,7% de demandeurs d’emploi chez les -25 ans.
• –
  2,4% de demandeurs d’emploi très longue durée (région : +
  0,4%).

• Aujourd’hui
  l’Oise enregistre 67 120 demandeurs d’emploi, dont 40 551 n’ont pas
  travaillé dans le mois de décembre 2019.