Plus de 3 millions de logements vacants, en France, en forte hausse depuis vingt ans

Le nombre de logements vacants en France, supérieur à 3 millions, n'a cessé de croître depuis vingt ans, en particulier dans les villes moyennes, relançant...

Le nombre de logements vacants a atteint 3,1 millions en France en 2023, en hausse de 60% depuis 1990, et leur part est plus importante dans les espaces en déprise démographique © ERIC CABANIS
Le nombre de logements vacants a atteint 3,1 millions en France en 2023, en hausse de 60% depuis 1990, et leur part est plus importante dans les espaces en déprise démographique © ERIC CABANIS

Le nombre de logements vacants en France, supérieur à 3 millions, n'a cessé de croître depuis vingt ans, en particulier dans les villes moyennes, relançant les appels à des réquisitions.

Le nombre de logements vacants a atteint 3,1 millions en France en 2023, en hausse de 60% depuis 1990, a révélé mardi une étude de l'Institut national de la statistique (Insee).

La situation est particulièrement aiguë "dans les espaces les moins denses en population (...) ainsi que dans les aires de moins de 200.000 habitants", détaille l'étude, s'appuyant sur des données fiscales et le recensement de la population. 

A l'inverse, la part de logements vacants "reste plus faible dans les aires d'attraction des villes les plus peuplées, dans les territoires en croissance démographique ou dans ceux réputés pour leur attrait touristique".

L'an dernier, le nombre de logements vacants (inoccupés, à distinguer des résidences secondaires) représentait 8,2% du parc total en France hors Mayotte, soit 1,2 million de plus qu'en 1990.

Cette augmentation intervient essentiellement "à partir de 2005" et atteint depuis "2,5% en moyenne par an", même si elle s'est nettement atténuée depuis 2017, relève l'Insee. 

Cela signifie que le nombre de logements vacants a augmenté "2,3 fois plus vite que le nombre total de logements entre 2005 et 2023". 

Presque tous les départements concernés

Cette hausse concerne "presque tous les départements" à l'exception de ceux de Corse et de l'Hérault.

L'Insee distingue une vacance "frictionnelle" temporaire d'une vacance "structurelle" qui reflète généralement une "déprise (recul, ndlr) démographique, une inadéquation entre l'offre et la demande, une ancienneté voire une insalubrité des logements (...), ou encore des problèmes de succession".

Parmi les multiples causes de la hausse constatée, l'Insee évoque "l'évolution de la population et de la construction" mais aussi les "effets de la conjoncture économique ou les évolutions fiscales et réglementaires".

Les départements ruraux situés le long de la "diagonale du vide" (ligne de faible densité de population qui va des Ardennes à l'Ariège, ndlr), ainsi que l'Orne, sont particulièrement touchés, contrairement aux départements alpins et à ceux situés "le long de l'Atlantique, en Ile-de-France et dans le Var".

A Paris et dans les villes de plus de 700.000 habitants, la vacance est globalement plus faible (7%). 

Dans les aires des villes comprises entre 200.000 et 700.000 habitants, la vacance est comparable aux valeurs nationales, avec toutefois de fortes disparités.

C'est dans les villes de moins de 50.000 habitants qu'elle est en moyenne la plus élevée, à 9,6% en 2020, avec également des différences importantes.

Cette étude intervient en pleine vague de froid et une semaine après l'annonce du dépôt d'une proposition de loi communiste au Sénat pour permettre aux maires de réquisitionner les logements vacants.

"Je suis favorable à la réquisition depuis plusieurs années en zone tendue, ce qui permettra de répondre à une urgence sociale et d'inciter les propriétaires à trouver assez vite un projet pour leur logement", a déclaré à l'AFP le sénateur communiste Ian Brossat.

Une proposition qui ne vaut toutefois pas pour les zones détendues, "où il y a besoin de réimplanter de l'emploi".

Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, également favorable à des réquisitions, juge toutefois "plus efficace" de proposer aux propriétaires "des solutions de mise à disposition de leurs logements vides auprès d'associations, en échange d'avantages fiscaux, ou d'augmenter la taxe sur les logements vacants".

"Il y a un potentiel pour alléger la crise du logement aujourd'hui", explique à l'AFP Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association Droit au Logement (DAL). Une réquisition de logement vacant, selon ce dernier, "c'est un an, renouvelable six fois, donc sept ans maximum". Et le propriétaire "touche une indemnité", ajoute-t-il.

Une taxe sur les logements vacants pour les communes situées dans une agglomération de plus de 50.000 habitants en "zone tendue" existe depuis 1999.

Depuis 2006, les autres communes peuvent instituer une "taxe d'habitation sur les logements vacants" pour les logements vacants depuis plus de deux ans. 

Un plan national de lutte contre les logements vacants a également été lancé en 2021.

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