Plus de 20% d’économie de gasoil pour un chalutier expérimental
La recherche et le développement, cela coûte du temps et de l’argent, et l’innovation n’est pas toujours au rendez-vous pour récompenser ceux qui les investissent. Au moins l’expérimentation menée avec le chalutier artisanal Frégate III par l’association France pêche durable et responsable a-t-elle le mérite d’essuyer les plâtres pour les autres.
Débutée en septembre 2012, elle va s’achever à la fin de l’été. En attendant le rapport final, les adhérents de FPDR, qui ont tous des mandats dans les organisations françaises et européennes représentatives de la pêche, ont dressé un premier bilan de cette opération baptisée “Fish2EcoEnergy”, lors de l’assemblée générale qui s’est tenue à Etaples le 15 juin.
Premier chalutier d’Europe à être équipé d’une motorisation hybride, la Frégate III consommait avant sa transformation 10 483 litres de gasoil par semaine, il n’en consomme plus que 8 265 en moyenne en 2015, soit une économie de plus de 21%. Mais, regrette le président Jacques Bigot, «l’expérience bi-fuel/gaz n’a pu être menée complètement, car la législation n’a pas évolué à temps pour permettre l’implantation du gaz naturel compressé à bord des navires de pêche. Si l’expérimentation d’injection de gaz a bien été réalisée au banc d’essai, avec toutes les études techniques et les calculs d’économies potentielles, elle a dû être suspendue en situation réelle d’exploitation». Les travaux serviront à l’écriture d’une nouvelle réglementation pour le navire du futur. Car, ajoute l’ingénieur Etienne Dachicourt (Coopérative maritime étaploise), «je reste intimement convaincu que le gaz naturel constitue une bonne alternative temporaire aux nouvelles technologies (pile à combustible…)».
Une pêche davantage soucieuse de l’environnement. Le projet portait aussi sur les engins de pêche. Ont été testés, avec le centre Ifremer de Lorient, des panneaux décollés du fond. «Dès la deuxième marée, on observe une réduction de la consommation pour des pêches équivalentes, tout en épargnant les fonds marins», assure Jacques Bigot. «De même, ajoute le technicien Thierry Leprêtre, ancien patron du chalutier, nous avons pu constater, à la faveur d’essais d’un chalut à seiche, que les paramètres testés lors de la simulation numérique se vérifiaient en mer : économie de carburant, chalut plus léger, facilité à manœuvrer.» Reste les nasses, «plus un complément au chalut qu’une alternative» : même si l’expérience est pour l’instant frustrante pour les matelots déçus par les volumes ramenés, elle est jugée satisfaisante par FPDP, plus que jamais déterminée à préparer les pêches de demain.
Financé par l’Europe, l’Etat, la Région, le département du Pas-de-Calais et plusieurs collectivités ou mécènes, le projet coûte 3,7 millions d’euros.