Plus de 1 million d’euros de prêts d’honneur pour financer l’innovation
L'an dernier, 27 projets réalisés dans divers domaines d’activité par 45 créateurs ont bénéficié du financement de LMI innovation. Les 27 entreprises lauréates LMI 2014 ont été mises à l’honneur le 8 avril dernier à EuraTechnologies.
Une montée en puissance tous les ans. L’expertise en accompagnement à la création de LMI innovation a franchi un cap en 2014. Pour la première fois, le montant total de prêts d’honneur accordé aux porteurs de projet a franchi la barre de 1 million d’euros, atteignant 1 162 000 euros : soit une hausse de 40,7 % par rapport à 2013. Pour l’année 2014, ce sont 27 projets qui ont bénéficié de ces fonds. Le financement moyen par projet, qui était de 39 300 € en 2013, progresse de 9,5 % à 43 040 €. Et LMI innovation ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. L’objectif affiché est de porter le prêt moyen à 50 000 € à terme. Des prêts d’honneur (voir encadré) octroyés aux créateurs d’entreprise au démarrage de leurs projets, le “moment crucial dans la vie d’un projet” martèle Dominique Rybicki, directrice de LMI innovation. Chez LMI innovation, on affirme donc être les “premiers à faire confiance et les premiers à financer” et on dit “financer l’amorçage pour accélérer la croissance de l’entreprise“. Par “accélérer la croissance” Amaury Flottat, le président de LMI innovation, entend “réduire le temps du passage au premier million de chiffre d’affaires“.
Deux prix “Coup de cœur”. Parmi les 27 entreprises lauréates 2014, Wear is my Boat est l’une de celle pour lesquelles le financement LMI innovation aura été le plus décisif. “LMI a été le premier organisme à appuyer sur le bouton du financement. Cela a été l’élément déclencheur de financements auprès des banques et d’autres financeurs“, affirme Olivier Trenteseaux, cofondateur de Wear is my Boat. Implantée à la ruche de Tourcoing, cette TPE est aussi peut-être l’un des symboles régionaux de la revitalisation de la filière textile. Son innovation ? “Nos produits sont des textiles très techniques, des vêtements de première couche, des polos ou des vestes dans lesquels nous intégrons une membrane qui permet d’améliorer à la fois la tonicité musculaire et la stabilité posturale pour atténuer ou faire disparaître le mal de mer et le mal du transport en voiture.” Pour cette TPE, dont le modèle commercial repose en partie sur la vente en ligne, avoir remporté le prix Coup de cœur web des internautes a été un symbole. Une distinction qui a été la nouveauté de cette édition et qui a consisté à faire élire le lauréat de ce prix par les internautes un mois avant la traditionnelle soirée LMI Awards, laquelle s’est tenue ce 8 avril pour la première fois à EuraTechnologies et non à la CCI Grand-Lille comme à l’accoutumée. A cette soirée, le public invité a aussi décerné son prix Coup de cœur à My Pop Corner. L’innovation de cette start-up lilloise : mettre en relation les e-commerçants en quête de points de vente physiques et les magasins détenteurs d’espaces par le biais d’une plate-forme en ligne. “Nous totalisons à ce jour 750 espaces de vente en France et à l’étranger“, explique Pierre-Yves Banaszak, cofondateur de My Pop Corner.
Aux côtés de Wear is my Boat et My Pop Corner plébiscités par le public et les internautes, bien d’autres projets tout aussi innovants. Pour le secteur agricole, Weenat développe des capteurs sans fil et autonomes pour mesurer différents paramètres (taux d’humidité, température, etc.) dans un champ afin d’optimiser la gestion de l’arrosage, réduire la consommation de pesticides, etc. Ouistock fait aussi de la mise en relation pour du stockage physique. Dans le big data, Limpidius est une solution pour collecter des données clients via des tickets de caisse équipés de QR code. Amaury Flottat affirmait “qu’on peut innover dans tous les domaines“. Comme Pause Vipee, solution de toilettes “propres” pour établissements recevant du public et accessibles contre 50 centimes. Mais l’usager reçoit un bon d’achat du même montant.
Accompagner. L’intervention de LMI innovation sur les projets ne se limite pas à l’octroi du financement. “LMI a examiné notre dossier et a tiré des signaux d’alarme qui nous ont permis de rectifier le projet avant le démarrage de l’activité. Ensuite, LMI nous accompagne à travers des rencontres toutes les six semaines avec des experts en accompagnement d’entreprise et cela est une richesse“, affirme Olivier Trenteseaux. L’organisme de la CCI Grand-Lille estime à 80 % le taux de pérennité à cinq ans des entreprises lauréates.
Dans cette promotion, c’est encore la filière des TIC qui l’emporte en nombre de projets financés à 55 % (voir encadré). LMI innovation elle-même tente de mettre de l’innovation dans la célébration de ses lauréats. Pour cette 16e édition, la soirée a eu pour fil conducteur la thématique de la musique et des “disques d’or” en guise de trophées.
Le prêt d’honneur “LMI innovation” : sa signification et sa provenance
Un financement est qualifié de prêt d’honneur lorsqu’il est octroyé à la personne physique qu’est le créateur d’entreprise ou le porteur de projet, et non à la personne morale qu’est l’entreprise. “C’est un prêt personnel que le bénéficiaire s’engage à rembourser sur l’honneur“, indique-t-on chez LMI innovation. Une sorte de crédit sans contrainte de garanties comme dans le secteur bancaire. Autre avantage : le prêt d’honneur est généralement à taux zéro. Et c’est le cas chez LMI innovation. Mais où l’organisme de la CCI Grand-Lille trouve-t-il ces fonds ? “Ce sont des subventions que l’on obtient de nos financeurs que sont la Région, la Métropole européenne de Lille (anciennement communauté urbaine de Lille), la Caisse des dépôts et des consignations, etc.“, explique Anne-Sophie Soetens, chargée d’affaires chez LMI innovation. Le caractère “coup de pouce” du prêt d’honneur est double : il fait bien souvent effet de levier pour obtenir des financements bancaires complémentaires et il crédibilise le projet car son octroi est conditionné par une préparation minutieuse du dossier, puis sa présentation devant un jury de professionnels.
Innovation en région : les TIC en tête, mais des “capacités inexploitées“
Il faut peut-être y voir quelques progrès dans le domaine de l’innovation en région. “Près d’une PME sur deux a été innovante en Nord-Pas-de-Calais entre 2010 et 2012, indique l’Insee dans une étude. Le taux d’innovation reste toutefois en retrait par rapport à la France de province. L’écart est de sept points pour l’innovation au sens large et de cinq points pour l’innovation technologique.” Les PME les plus innovantes sont celles des filières numériques. Le crédit impôt recherche constitue l’un des principaux modes de financement. Malgré le “rôle important” joué par le soutien public dans l’innovation en région, c’est à ce niveau que l’Insee déplore des “capacités inexploitées“. “Les entreprises régionales pourraient davantage recourir aux aides publiques et elles innovent moins que le leur permettrait leur potentiel», estime l’Insee. Bien souvent, seules les entreprises qui innovent le plus ont une meilleure connaissance des dispositifs publics d’aide. Tandis que les entreprises qui recourent moins aux aides publiques, en particulier dans les services, évoquent généralement la lourdeur excessive des démarches à effectuer.
Le Nord-Pas-de-Calais n’a pas toujours brillé pour l’innovation. En 2005, l’Insee estimait à 0,7 % la part du PIB régional consacrée aux dépenses de R&D. Très en deçà de la moyenne nationale qui était de 2,1 %. L’effort de recherche repose essentiellement sur les universités (70 % des dépenses en R&D), moins sur le secteur privé (entreprises) et les établissements à caractère scientifique et technologique.