Place à la communication et plus de produits grand public
Dans les milieux de la recherche en gazons, mélanges fleuris, semences fourragères, intercultures et espaces verts, Carneau est une vraie pointure avec un CA 2011 de 18 M€. Malgré un rythme régulier de mise sur le marché de produits nouveaux (dont les tout récents, en gazon dit “Puzzle”), la société orchésienne ressent le besoin de communiquer et de faire connaître son savoir-faire. Une création de poste à cet effet a donc été décidée.
Dans l’Orchésis, depuis Napoléon Ier qui voulait contourner le blocus continental, on cultive les semences. Bien plus tard, en 1928, tout est parti chez Carneau des trois frères de la famille du même nom qui, à Beuvry-la-Forêt, se sont lancés progressivement dans cette activité. Aujourd’hui une station de recherche s’est nichée dans la forêt de Marchiennes sur les terres d’un ancien ermitage. Mais cette confidentialité devient une faiblesse à une époque où sans médiatisation, surtout en temps de crise, on s’autolimite. D’autant que la société truste les récompenses. En mettant sur le marché son tout nouveau gazon “Puzzle” (deux variétés en fait), Carneau veut faire de plus en plus parler d’elle, aidée en cela par une présence régulière dans les catalogues professionnels nationaux et grand public, en pole position si possible. Sa renommée est également importante à l’étranger mais, depuis deux ans, la direction veut faire d’une communication plus grand public un vrai levier de développement à part entière, en s’appuyant aussi sur les gazons via une recherche permanente.
Recherche. Ce développement s’est appuyé sur un renforcement régulier de l’outil de production et surtout de recherche depuis la création, surtout à partir de 1945 quand Jean Carneau a racheté le monastère de l’Ermitage dans la forêt contiguë. La société s’était consacrée au simple négoce de plantes fourragères, elle produisait du trèfle violet et de la luzerne. Le triage des semences se passait à Orchies, en plein centre, mais il fallut déménager dans la nouvelle zone d’activité non loin de là, sur 9 000 m2. Ce qui permit d’ajouter à l’activité deux nouvelles productions de vesce et féverole, puis le négoce du maïs. C’est en 1978 que le virage de la recherche à grande échelle est négocié. Arrive dans la société familiale Pierre Bourdon qui est persuadé que c’est là que se situe l’avenir, en particulier dans les inter-cultures. Il a raison puisqu’aujourd’hui, Carneau possède la gamme la plus complète du marché en moutarde blanche. Suivront en 1980 l’inscription (deux) des premières variétés Carneau en Ray Grass anglais et Ray Grass d’Italie fourrager, début des graminées à gazon. En 1990-1995, développement de la gamme inter-cultures radis et moutarde, en 1995-2000 émergence de la gamme RGA gazon et en 2000, début de la recherche en fétuque élevée. Aujourd’hui, Carneau est devenu obtenteur, producteur, et distributeur de graminées à gazon pour les marchés grand public et espaces verts professionnels, puis de graminées fourragères et inter-cultures pour le marché agricole.
Précieux foncier !
Ainsi, avec un tel foncier de bonne terre vierge (40 hectares) dans la forêt de Marchiennes mais situé à Beuvry-la-Forêt, la recherche devenait l’élément moteur de la croissance. Cette station de recherche créée en 1978 est en fait le poumon par lequel respire sans effort Carneau. C’est même la seule station consacrée à ce type de plantes fourragères et de graminées à gazon au nord de la Seine. Une équipe d’ingénieurs y pratique tous les jours la recherche, l’expérimentation et la production. Création de variétés de plus en plus performantes et endurantes, tests à l’appui parfois “musclés”, amélioration de variétés de plantes fourragères, graminées à gazon et plantes d’inter-cultures. Il faut ensuite patiemment sélectionner : les plantes sont étudiées quotidiennement, de la mise en pépinières jusqu’aux plantes porte-graines récoltées manuellement. En 30 ans, Carneau a ainsi commercialisé plus de 90 variétés à travers le monde.
Enfin, troisième volet de l’activité de cette station, l’expérimentation. A titre privé, des essais sont faits pour observer le comportement des variétés maison avec celles vendues par la concurrence sur le même marché. Carneau est membre du réseau technique CTPS, il réalise donc des essais de graminées à gazon et de plantes d’inter-cultures pour les inscrire au catalogue français des variétés. C’est cette même station qui a récemment lancé sur le marché les deux gazons “Puzzle”, c’est-à-dire des dalles pré-ensemencées 100% biodégradables, vert clair et foncé. Les jardiniers amateurs vont ainsi décorer leur jardin et créer des espaces de jeux naturels pour les plus petits.
Export et communication, deux axes forts de développement. Le marché français se divise en trois parties : public (gazons), agricole (semences) et professionnel (gazons pour les marchés des espaces verts), il réalise 80 à 90% du CA. Néanmoins, des productions se font au Portugal via le gazon de plaquage, dont le fameux gazon Zoysia qui résiste à la sécheresse. L’accent va être mis de plus en plus sur les gazons qui, pour l’instant, représentent 20% de la production contre 80% en produits pour le marché agricole. A l’étranger, les ventes se font en gros. Carneau y est plus que connu, il est apprécié mais comme partout, il faut prendre une longueur d’avance sur la concurrence et veiller à bien doser le rapport toujours délicat entre prix et qualité. N’oublions pas que huit centres d’études semblables, ou presque, à celui de Carneau existent en France et que six d’entre eux sont des concurrents directs de la société orchésienne.
Mais aujourd’hui de nouvelles donnes interviennent. D’abord la nécessité de travailler plus en direction du développement durable. Sophie Rouret, chef de projet marketing, explique les problématiques de 2012-2013 : “Nous ne sommes pas impactés par la crise. En revanche, par l’évolution climatique et le développement durable, si ! Nous devrons faire avec de moins en moins d’eau, avec moins de fertilisants, tout pousse plus lentement, les procédures sont toujours aussi longues. La communication va donc devoir intervenir plus fréquemment qu’avant sur l’ensemble de nos nouveautés. Pour toucher aussi de plus en plus le grand public grâce à nos gazons, il faudra qu’on parle aussi de nous en dehors des stricts milieux professionnels où nous sommes déjà très présents.”