Pixii, le premier appareil photo fabriqué en France depuis 40 ans
A Besançon, la start-up Pixii sort la seconde version de son boîtier photographique télémétrique, premier appareil photo fabriqué en France depuis une quarantaine d’années. Avec ses ambitions internationales, elle entend rien de moins que concurrencer Leica.
Créer un appareil photo, alors même que le marché s’est effondré ces dix dernières années, et le fabriquer en France, voilà qui tient du défi. Défi relevé par la start-up bisontine Pixii qui a sorti, en 2018, une première version d’un boîtier numérique étonnant et se paie le luxe de sortir, en septembre, une nouvelle version de celui-ci. L’aventure est née d’une intuition du fondateur de Pixii, David Barth, un quinquagénaire ayant fait toute sa carrière dans l’industrie numérique, le logiciel essentiellement. « Ce projet est né d’une révélation personnelle, en m’essayant à la photographie argentique. Je comprends mieux ce que je fais, sans écran, ni assistance numérique. J’utilise ma tête et mes yeux, plutôt qu’un écran et des boutons », explique-t-il.
À cet aspect « pur » de la photographie, David associe un autre élément clef, le transfert instantané des clichés numériques sur le smartphone du photographe, une table lumineuse parfaite pour visualiser les clichés, immensément supérieure aux petits écrans des appareils photo actuels. « J’ai misé sur le Bluetooth 5.0 pour le transfert des images, qui est immédiat et totalement transparent. Vous photographiez et immédiatement vous pouvez contrôler, éditer et publier votre cliché depuis votre smartphone », décrit-il.
Objectif 2022 : plus de 1000 exemplaires
La SAS Pixii compte 3 salariés, et emploie quelques stagiaires. Cette structure resserrée lui confère une vraie agilité, qui lui permet de faire évoluer la conception de son appareil très rapidement. « Nous faisons évoluer les pièces de série en série. Aujourd’hui, nous disposons d’un design mature, qui nous permet d’engager une industrialisation de la production. Nous travaillons avec nos fournisseurs selon les principes du « ready for manufacturing » afin d’optimiser le coût de celle-ci », analyse David Barth.
La première version de l’appareil Pixii s’est écoulée à une centaine d’exemplaires, dans le monde entier, avec une percée notable au Japon. L’objectif avec la seconde version, qui intègre un capteur APS-C de 26 millions de pixels, est de dépasser le millier d’exemplaires courant 2022. Le boîtier est assemblé à Besançon, son mécanisme est produit par un sous-traitant vosgien. Le capteur et le processeur viennent d’Asie.
Soutiens et levées de fonds
Pour appuyer ses ambitions mondiales, Pixii a levé près de 900 000 € auprès de BFC Croissance et BFC Angels avec le soutien de BPIFrance, Région Bourgogne Franche-Comté, Banque Populaire et BNP Paribas/ WAI. Elle a surtout attiré dans son capital Fabrice Barbier, un poids lourd du secteur de l’image numérique : il a présidé au développement des caméras GoPro de 2011 à 2017 comme Senior Vice President Consumer Devices.
Son influence a d’ores et déjà porté ses fruits : le nouveau capteur de l’appareil Pixii est fabriqué par Sony, le leader mondial du secteur, qui d’ordinaire ne travaille pas sur les petits volumes. Pour continuer sur sa lancée, la SAS compte poursuivre ses levées de fonds, et ambitionne de récolter de 3 à 5 millions d’euros supplémentaires dans les prochains mois.
Pour Aletheia Press, Arnaud Morel