Artisanat

Pierre Sinoquet, charpentier d’exception

Une partie de la charpente de la cathédrale Notre Dame de Paris, les ailes du moulin de Saint-Maxent… À 25 ans à peine, il est déjà intervenu sur des chantiers imposants et uniques car il est l’un des rares à pratiquer la taille du bois à la hache.


Pierre Sinoquet entend travailler dans les règles de l’art.
Pierre Sinoquet entend travailler dans les règles de l’art.

« J’ai grandi dans cet atelier de 350 m² qui était celui de mon père. Il était spécialisé dans la menuiserie ébénisterie. Moi, j’ai choisi la charpente artisanale bois. J’aime bien le côté monumental, structurant, la partie levage aussi », confie Pierre Sinoquet, 25 ans, artisan à Buigny-l’Abbé. Après un bac STI 2D (innovation technologique dans le respect de l’environnement), il a suivi une formation chez les compagnons du devoir durant quatre ans. Un « gage de qualité, de rigueur, d’excellence et d’amour du travail bien fait », souligne-t-il. Elle l’a notamment menée en Bourgogne.

De nombreuses portes s’ouvraient à lui mais l’amour de sa région natale a été le plus fort. En janvier 2022, il s’est installé à son compte. « La Picardie me manquait, poursuit-il. Je suis très attaché à mes racines. Je pense qu’on est une région dynamique. Le seul point faible, c’est que nous ne sommes pas assez développés dans la protection de l’environnement. Je fais attention à la provenance de mon bois.  »


La charpente d’un carport réalisée à la main pour des particuliers.

Son métier consiste en la réalisation ou la rénovation de charpentes de maisons, de colombages, de granges, de pigeonniers, d’escaliers, la fabrication de tables ou de portes… Il intervient chez les particuliers et pour les collectivités, principalement dans la Somme et le Pas-de-Calais. Il fait toutefois exception pour des chantiers qui sortent de l’ordinaire.

Ainsi, l’an dernier, durant quelques semaines, il s’est rendu dans le Maine-et-Loire pour travailler sur la charpente de la cathédrale Notre-Dame de Paris. « Ils sont venus me chercher car je suis un des rares charpentiers en France à travailler le bois à la hache, précise t-il. J’ai fabriqué une partie de la charpente du chœur et une partie de l’abside. J’ai beaucoup appris sur ce chantier. L’inauguration de la charpente s’est déroulée en janvier. C’était impressionnant. »

Un beau bouche-à-oreille

Si l’emblématique moulin à vent de Saint-Maxent (XVII siècle) a retrouvé il y a peu ses quatre ailes, c’est à Pierre Sinoquet que la commune le doit. « Le maire, très attaché au patrimoine, me disait qu’il ne trouvait personne. Il est venu vers moi grâce au bouche-à-oreille. Tous les charpentiers du coin refusaient. J’avoue que c’était un pari fou. Il a fallu retrouver la technique des anciens. Par exemple, les entre-buttes qui tiennent les ailes ont été entièrement taillées à la main. J’ai fabriqué ces ailes comme si elles pouvaient tourner demain. Elles ont nécessité une semaine de montage et de démontage ainsi qu’un mois de travail, mené avec mon apprenti », développe t-il

Le moulin de Saint-Maxent a retrouvé ses ailes.

L’ensemble de 18m40 d’envergure a été monté à blanc dans sa cour. Deux gros et deux plus petits morceaux de chêne venant du secteur de Blangy-sur-Bresle ont été utilisés. Pas moins de 104 trous destinés aux barreaux ont été formés à la main. Le tout tient grâce à des mortaises. Bientôt, la couverture sera elle aussi refaite dans les règles de l’art en châtaignier.

Pour répondre à ces chantiers, Pierre Sinoquet peut compter sur les machines que lui a laissé son père. Il a aussi acquis, sur les réderies ou sur les sites de petites annonces, une collection de haches. Il possède une grue pouvant aller jusque 16 m de haut et deux engins de manutention. Il a pour projet de construire sur place un nouveau bâtiment destiné à son activité charpente et pour abriter une scierie. Il devrait aussi investir dans une grue plus grande et des engins de manutention supplémentaires.