Picardie cherche médecins généralistes
D’ici 2020, un médecin généraliste sur deux sera à remplacer en Picardie. Une région qui se caractérise par la plus faible densité de médecins généralistes de France. L’Insee Picardie présentait fin janvier l’étude menée en partenariat avec l’Agence régionale de Santé (ARS).
Même si l’accès à un généraliste demeure facile en Picardie, la situation pourrait être plus difficile dans les années à venir. Aujourd’hui deux tiers des Picards ont un médecin généraliste dans leur commune et 99% de la population réside à moins de dix minutes d’un de leurs cabinets. La Picardie qui fait partie des régions les plus jeunes et fécondes de France connaîtra cependant dans les trente ans un vieillissement significatif. L’étude de l’Insee montre également que 42% des Picards ne consultent pas le médecin le plus proche de chez eux. C’est à rapprocher du fait que les actifs picards sont les plus mobiles de France. 60% d’entre eux travaillent en dehors de leur commune de résidence. Un Picard consulte son généraliste 4,3 fois dans l’année, cela situe la région au cinquième rang national. Ce qui représente une visite par trimestre, huit millions d’actes par an. Autre observation, les Picards du nord consultent plus que ceux du sud. Ce constat s’explique par le fait que 6% des consultations concernant des Picards ont été accomplies en dehors de la région, principalement en région Ile-de-France ou en Haute-Normandie. C’est à rapprocher des 136 000 actifs qui quittent quotidiennement la région pour aller travailler hors de la Picardie, profitant de l’opportunité pour utiliser les services à proximité. L’âge moyen des généralistes picards est de 54,4 ans. 41% ont plus de 55 ans. Certains territoires de l’Aisne et de l’Oise comptent beaucoup de médecins âgés. « Afin de répondre aux remplacements des médecins âgés et aux besoins nouveaux générés par la croissance démographique attendue et le vieillissement de la population picarde, près de 700 nouveaux généralistes libéraux, correspondant à la moitié de l’effectif actuel, devront s’installer d’ici 2020 », résume Yvonne Pérot, directrice régionale de l’Insee Picardie.
Lutter contre la démédicalisation
Au sein de la région, les besoins seront importants dans les zones de Laon, Soissons et Méru, avec des taux de renouvellement proche des deux tiers. « Différentes mesures et dispositifs sont d’ores et déjà mobilisés, notamment à travers le Pacte territoire santé annoncé par la ministre des affaires sociales et de la santé en décembre 2012. Les douze mesures de celui-ci s’inscrivent pleinement dans le plan d’actions régional de l’ARS de Picardie qui comporte au total trente actions dédiées à la lutte contre la démédicalisation », rappelle Christian Dubosq, directeur général de l’Agence régionale de santé. Parmi ces mesures figure le contrat d’engagement de service public. Pour favoriser l’exercice en zone démédicalisée, il s’agit d’une allocation de 1 200 euros bruts par mois pendant les études, en contrepartie d’un engagement à s’installer dans ces zones. Le budget annuel de l’ARS est de 600 000 €. 41 contrats ont été signés depuis 2010.
Quatorze candidats ont été sélectionnés pour 2013-2014. Un autre dispositif intitulé Praticien territorial de médecine générale (PTMG) permet de faciliter l’installation des jeunes médecins généralistes, non encore installés ou installés depuis moins d’un an, dans les zones qui se caractérisent par une offre médicale insuffisante. Le contrat PTMG offre à ses bénéficiaires, pendant une durée de deux ans, un complément aux revenus tirés des activités de soins de manière à garantir un revenu net mensuel de 3 640 €. Sept contrats ont été signés en 2013. Il faut aussi que les généralistes puissent avoir recours à des spécialistes autour d’eux. Pour fidéliser ces derniers dans notre région, l’ARS finance également des postes d’Assistants spécialistes régionaux. Ils s’adressent aux internes picards en fin de cursus, désirant effectuer un post-internat de deux ans dans un des établissements publics de santé de Picardie de leur choix avant de s’y installer sur un poste de praticien hospitalier.