Patrice Pennel, président du MEDEF Hauts-de-France : «Les entreprises vivent une période très particulière»

Les entreprises sont dans la tourmente, elles peinent à recruter et font face à la hausse des prix de l’énergie. Mais après la tempête, les dirigeants espèrent voir venir le beau temps. Entretien avec Patrice Pennel, président du MEDEF Hauts-de-France.

Patrice Pennel, président du MEDEF Hauts-de-France. ©MEDEF Hauts-de-France
Patrice Pennel, président du MEDEF Hauts-de-France. ©MEDEF Hauts-de-France
La Gazette Nord-Pas de Calais. L’heure est au bilan. Comment se portent les entreprises des Hauts-de-France ?

Patrice Pennel. Les entreprises vivent une période très particulière. Les dirigeants se relèvent à peine de la Covid et de ses confinements, qu’ils doivent déjà faire face à de nouveaux défis que sont le recrutement et la flambée des prix de l’énergie. Heureusement, les chefs d’entreprises des Hauts-de-France, sont résilients et combatifs.

Vous assurez que les chefs d’entreprises peinent à recruter. Y a-t-il un secteur d’activité qui attire plus qu’un autre ?

Cela fait déjà deux ans que le recrutement est à la peine. Il n’y a pas un seul secteur d’activité qui n’a pas de mal à recruter. Les chefs d’entreprises ne trouvent pas de salariés pour combler leurs postes vacants, pourtant, ils payent des cotisations chômage… Les dirigeants essayent d’attirer les candidats avec des augmentations de salaire, des salles de jeux avec baby-foot pour les pauses et des séances sportives avec un coach pour le bien-être, mais rien n’y fait. Pour vous donner quelques chiffres, le taux de turnover dans les entreprises a grimpé de 10 % cette année et 30 % des CDD engagés dans une entreprise ne souhaitent pas transformer leurs contrats en CDI. Les salariés ne veulent plus s’engager.

Les factures d’énergie grimpent, comment les dirigeants comptent-ils surmonter ces hausses ?

Certaines entreprises vont voir leurs factures d’énergie multipliées par deux, par quatre, voire par dix, l’année prochaine et c’est une situation qui est difficilement tenable. Alors, oui, une des solutions consisterait à augmenter les prix de nos produits et services, mais ce n’est pas si facile. Je vais prendre l’exemple de mon entreprise. Actuellement, l’énergie représente 1,5 % de notre chiffre d’affaires. Avec les augmentations, l’année prochaine, l’énergie pourrait représenter 5 % de notre chiffre d’affaires. Si j’augmente les prix de mes produits de 5 %, je rentre dans mes frais, mais je ne suis plus du tout compétitif… Alors les aides de l’Etat vont mettre sous perfusion quelques entreprises, mais beaucoup vont souffrir.

Le taux de défaillance a augmenté de 70 % par rapport au même trimestre l’année dernière. Comment expliquez-vous cela ?

Il est normal que le taux de défaillance ait augmenté de 70 % par rapport au même trimestre l’année dernière. Les entreprises doivent rembourser leurs prêts garantis par l’Etat (PGE) et investissent dans le même temps dans la réduction d’émission de dioxyde de carbone. Les trésoreries se tendent et les plus fragiles tombent. La situation n’est pas encore alarmante, mais l’année prochaine risque d’être sanglante en termes de dépôt de bilan.

Face à ces défis, comment appréhendez-vous l’avenir ?

Je suis de nature optimiste. Alors, j’ai envie de trouver du positif dans ces défis à relever. C’est vrai que ça va être difficile de surmonter cette période, mais c’est une belle opportunité pour les entrepreneurs. Pourquoi ? Parce qu’il y aura des créations de marchés dans le domaine de l’hydrogène et qu’il y aura un grand nombre d’innovations à développer. Certaines entreprises ont de quoi tirer leur épingle du jeu. Concernant le recrutement, le MEDEF échange régulièrement avec les membres de l’éducation nationale afin d’attirer les jeunes dans les différentes filières. Nos membres ouvrent leurs portes à des visites scolaires également.