Pas d'impact «migratoire» sur le port de Calais
La pression migratoire sur le port de Calais s'amplifie depuis la rentrée. Après un été où le nombre de migrants a dépassé les 1 500, un millier de nouveaux arrivants viennent tenter le passage : au port, mais aussi au tunnel.
Des bouchons provoqués par des assauts de migrants sur les camions, des files de CRS qui surveillent le port, des renforts qui arrivent à chaque augmentation du nombre des réfugiés, des visites de politiques nationaux à Calais… Tout cela ponctue le quotidien des habitants et des acteurs économiques, inquiets de la tournure que prend l’immigration vers l’Angleterre de ressortissants venus de la Corne de l’Afrique et du Moyen-Orient, fuyant la crise alimentaire ou des guerres incessantes. Premier port de voyageurs de France, Calais détient aussi le lien fixe avec le tunnel. Ce dernier était depuis quelques années épargné par les filières clandestines de migrants grâce à des mesures de sécurité draconiennes sur le site de Coquelles (hauts grillages, caméras au long des barrières, rondes de maîtres-chiens…).
Une barrière de sécurité et un échappatoire par le rail. Les migrants s’étaient de ce fait rabattus vers le port de Calais. Ce dernier affichait de très bons résultats l’an dernier avec un trafic voyageurs qui repassait la barre des 10 millions de personnes (soit une hausse de 11%) ; côté fret, 2013 constituait une année record avec plus de 41 millions de tonnes transportées (soit 21% de plus par rapport à 2012). Aujourd’hui, les craintes exprimées ne semblent pas refléter la réalité des tendances pour les second et troisième trimestres : «on est en hausse par rapport à nos prévisions. Il n’y a pas d’impact sur le trafic ; ce n’est pas palpable» constate en effet Jean-Marc Puissesseau, président de la CCI Côte d’Opale, en charge du projet d’agrandissement du port. Les premiers travaux ne seront pourtant pas ceux-là mais d’autres qui doivent sécuriser le port : barrières, caméras de surveillance, etc. L’appel d’offres est lancé par la CCI régionale, mais «ça ne coûtera pas un centime au port» précise Jean-Marc Puissesseau. De fait, la douloureuse sera adressée aux Britanniques qui ont accepté de “dédommager” en quelque sorte la France pour la protection de leurs frontières (15 millions d’euros)… L’agitation locale et la mobilisation gouvernementale suffira-t-elle ? Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve s’est rendu sur place après celle de Marine Le Pen, quelques semaines auparavant. Réaffirmant l’intérêt que porte l’Etat au territoire, il a annoncé l’envoi de renforts et acté la décision d’établir un camp d’accueil de jour pour les migrants. Sur le web, les vidéos de chauffeurs et de migrants ouvertement en conflit sur la voie publique se multiplient. Certains craignent le blocage du port ; d’autres pensent à emprunter une autre voie (Dunkerque, Zeebruges, Anvers…). Mais les tendances du port ne laissent pas apparaître une quelconque baisse des trafics..