Pas-de-Calais, un an après le lancement des aides de l'Etat : un premier bilan en trompe-l’œil
Depuis la crise sanitaire, l’Etat continue d'accompagner les entreprises, notamment dans le Pas-de-Calais. Via la «cellule de financement des entreprises et de soutien de l’activité économique», le préfet Louis Lefranc rappelle les mesures de soutien aux différents acteurs concernés (dirigeants, syndicats, collectivités, tribunaux de commerce...).
Pour le Pas-de-Calais, 1,24 milliard d’euros ont été mobilisés. C’est la somme totale calculée par l’Etat représentant les aides et dispositifs mis en place depuis le début de la crise sanitaire. Parmi les dispositions les plus coûteuses, l’indemnisation de l’activité partielle pèse, depuis douze mois, 362,2 millions d’euros, qui ont bénéficié à plus de 20 000 entreprises et 160 000 salariés.
Le fonds de solidarité urgence, quant à lui, cumule (du 1er avril 2020 au 15 mars 2021) 209 millions d’euros apportés dans les trésoreries des entreprises ; plus de la moitié a concerné les secteurs de l’hébergement, de la restauration et du commerce. Plus de 90 000 entreprises y ont émargé et y émargent encore. Cet effort n’a pas de précédent dans l’assistance de l’Etat pour les territoires. A ces dispositifs s’en ajoutent d’autres...
Des aides massives à tous les niveaux
Par ailleurs, près de 4 000 demandes de report ont été acceptées par l’administration fiscale ; 40 millions d’euros reportés qui allégeront les dépenses des sociétés. Parallèlement, 350 millions d’euros de perception de cotisations ont été reportés depuis avril 2020. Les reports des cotisations concernant les travailleurs indépendants s'élèvent à près de 260 millions d’euros.
Outre les reports, les aides de l’Urssaf ont également été conséquentes : 18,9 millions d’euros de ces cotisations ont été prises en charge ; 3,4 millions d’euros d’aides l’ont été au titre de l’action sanitaire et sociale. Les exonérations patronales ont atteint 14,3 millions d’euros fin mars 2021.
Enfin, les facilités de trésorerie auront été fortement accompagnées par les prêts garantis (PGE). Les chiffres sont là encore éloquents : 9 119 entreprises financées (88,7% de TPE développant moins de 2 millions de chiffre d’affaires et moins de 10 salariés) pour 1,32 milliard d’euros. L’essentiel aura été consacré aux commerces, à la construction, à l’hébergement et à la restauration. L’Etat met en exergue le rôle de la Banque de France pour expliquer qu’au niveau national, seuls 2,8% des prêts ont été refusés. Dans le département, 354 entreprises ont sollicité l’intervention du médiateur du crédit ; «164 dossiers ont été clôturés avec succès», indique la préfecture du Pas-de-Calais.
Que disent réellement les tendances ?
Les résultats de l’Insee relatifs à la situation économique dans les Hauts-de-France fin 2020 montrent des indications globalement positives : augmentation de l’emploi salarié total (public, privé et intérimaire), baisse du taux chômage, baisse (toujours régulière) des défaillances d’entreprises. Cette dernière tendance interpelle : les filets de sécurité financière de l’Etat, conjugués au ralentissement de l’activité des tribunaux de commerce, expliquent probablement cette constatation. Les créations d’entreprise aussi sont à la baisse. Que penser de la réelle pertinence de ces résultats alors que la construction de logements et de locaux commerciaux, notamment dans l’hôtellerie, a fortement baissé sur 12 mois glissants ? Ou que le nombre de personnes vivant «dans le halo de la pauvreté» dans la région dépasse le demi-million selon l’Insee ? La déferlante des liquidations judiciaires n’a pas eu lieu alors que de nombreux acteurs économiques l’attendaient ce premier trimestre. Se produira-t-elle et quelle sera son ampleur ?
Le secteur de la pêche
Le secteur a longuement fait l’actualité à l’occasion du Brexit encaissant un double coup avec le Covid. Après quelques visites ministérielles dont celle de Jean Castex, la pêche et les produits de la mer ont obtenu des financements spécifiques. «Une cellule spécifique dédiée à la pêche et aux produits de la mer se réunit régulièrement sous l’égide de la sous-préfète de Boulogne-sur-Mer», indique la préfecture à Arras. Au total, tous dispositifs confondus, ce n’est pas moins de «1,241 milliard d’euros (hors PGE) qui ont d’ores et déjà été mobilisés» depuis un an. La profession attend toutefois qu’un accord durable soit signé avec les autorités britanniques sur l’accès à leurs eaux, plus poissonneuses que celles bordant le continent.