Pas «d'effet rattrapage» pour les promoteurs immobiliers
Au deuxième trimestre 2021, l'activité des promoteurs immobiliers n'a pas rattrapé la baisse de l'année précédente, d'après la FPI, qui les représente. Laquelle s'inquiète de blocages sur les permis de construire.
Une «conjoncture compliquée». C'est ainsi que Pascal Boulanger, président de la FPI (Fédération promoteurs immobiliers), qualifie la situation du secteur. Le 16 septembre, lors d'une conférence de presse en ligne, la FPI qui regroupe plus de 660 sociétés de promotion immobilière présentait les «chiffres de la promotion privée», pour le deuxième trimestre 2021.
Pour Pascal Boulanger, le «sujet principal» demeure la «difficulté à obtenir des permis de construire». Car les grandes tendances de l'économie, elles, seraient plutôt propices à l'activité. Du côté de la demande, le pouvoir d'achat des Français a augmenté de 0,6% au deuxième trimestre 2021, après avoir reculé de 0,9% au trimestre précédent. Et leurs dépenses d'investissement ont progressé de 4,1% sur la même période, par rapport aux trois premiers mois de l’année. «Il existe des ressources du côté des ménages, qui soutiennent la demande (…). Aujourd'hui, la problématique est surtout celle de l'offre», synthétise Alexis Rouque, délégué général de la FPI. Sur ce plan, en effet, les tendances sont nettement moins positives.
D'après le ministère du Logement, le nombre de permis de construire pour les logements collectifs reste inférieur de 10%, ce deuxième trimestre, à la même période en 2019. «Nous n'avons pas retrouvé le niveau d'avant la crise, et il n'y a pas non plus d'effet de rattrapage (…). Il y a une vraie difficulté du côté de la reconstitution de l'offre», pointe Alexis Rouque. Une tendance liée à la crise, et aussi au cycle électoral, d'après la FPI. Autre évolution peu encourageante, celle des réservations. Au deuxième trimestre de cette année, elles ont certes augmenté par rapport à l'an dernier. Toutefois «leur nombre reste inférieur à celui de 2019, sans un effet de rattrapage», poursuit Alexis Rouque.
Le retour limité des particuliers
La FPI dénombre 35 448 réservations, soit 14,1% de moins qu'en 2019 (41 274). Toutefois, la tendance diffère selon la clientèle. Au deuxième trimestre 2021, les ventes aux investisseurs en bloc (6 301) ont diminué de 30,1% par rapport à un an auparavant. À l'inverse, celles auprès des particuliers ont augmenté de 56,2%, atteignant les 28 247. Mais, le niveau reste inférieur à celui de 2019 (34 131). Dans le même sens, les chiffres des mises en vente de logements ont diminué par rapport à 2019. Pour le deuxième trimestre, la FPI en dénombre 27 532, soit 23,6% de moins par rapport à la même période en 2019 (36 047). «Nous sommes sur une tendance baissière, depuis 2018», constate Marc Villand, président de la FPI Île-de-France.
Autre constat, les prix de l'immobilier neuf progressent en régions (+2,7%, en un an), mais stagnent en Île-de-France (+0,6%). Et au global, l'écart se creuse avec les prix de l'immobilier ancien. L'indice des prix FPI (pour le neuf) plafonne à 114 au deuxième trimestre 2021, quand celui de l'INSEE, pour l'ancien, atteint 125.
Après la tenue de la conférence de presse de la FPI, le 22 septembre, la commission Rebsamen (du nom du maire de Dijon) chargée d'élaborer des propositions pour relancer la construction de logements, a remis ses conclusions au Premier ministre. Parmi les 13 premières mesures préconisées, l'«aide aux maires bâtisseurs» qui devrait répondre aux aspirations de la FPI, qui souligne les blocages pour obtenir des permis de construire. La commission propose un contrat local entre l’État, l’intercommunalité et les communes dans les zones les plus tendues. Il fixerait des objectifs de logements dont l'atteinte déclencherait une aide de l'état.
D'après le quotidien économique Les Echos du 23 septembre, cette solution serait déjà validée par le gouvernement. Autre mesure proposée, la compensation intégrale par l’État du coût pour les communes des exonérations de TFPB (taxe foncière sur les propriétés bâties) applicables au logement social, pour les logements autorisés durant le mandat municipal actuel et pour les cinq à 10 premières années de service. Des dispositifs sont conçus pour mobiliser le foncier public.