Parti socialiste: Hollande et Faure accentuent leur duel avant le congrès
Au sein du PS, le premier secrétaire Olivier Faure et l'ex-président François Hollande poursuivent leur duel de manière de plus en plus ostensible, dans l'espoir de prendre le leadership sur...
![Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'entretient avec l'ancien président et député socialiste François Hollande, à Paris, le 9 juillet 2024 © Bertrand GUAY](/thumbs/1368×1026/articles/2025/02/36XD2JA.jpg)
Au sein du PS, le premier secrétaire Olivier Faure et l'ex-président François Hollande poursuivent leur duel de manière de plus en plus ostensible, dans l'espoir de prendre le leadership sur le parti en vue du prochain congrès.
"Ce sera la ligne de Hollande contre la ligne de Faure", prédit un cadre du parti, alors que les deux hommes multiplient les désaccords stratégiques.
Le dernier en date porte sur la motion de censure spontanée que le PS va déposer après le débat budgétaire, à la suite des propos du Premier ministre sur "le sentiment de submersion" migratoire.
"Absurde": c'est de cette manière qu'a qualifié Olivier Faure lundi matin sur BFMTV la position de l'ancien président, qui la veille sur le même média avait expliqué que cette motion de censure n'avait pas vocation à faire tomber le gouvernement.
L'ancien chef de l'Etat considère même que si le Rassemblement national décide de la voter, alors le PS devra "prendre (sa) responsabilité" et ne pas censurer.
"Vous imaginez le ridicule ?", a rétorqué Olivier Faure, affirmant que François Hollande s'exprimait "pour lui-même", et non au nom du parti ou du groupe de députés, qui ont choisi la semaine dernière de ne pas renverser le gouvernement sur le budget pour ne pas "bloquer le pays", mais de le faire "sur les valeurs".
Olivier Faure, conscient que les probabilités sont faibles que le RN se joigne au reste de la gauche, affirme pour sa part vouloir que la motion de censure du PS "aille à son terme".
"Si le gouvernement tombe, ça ne sera pas un malheur", a même affirmé celui qui fut l'un des artisans de la Nupes puis du Nouveau Front populaire, avec LFI.
Car même s'il a fait opérer à son parti une mue réformiste ces dernières semaines en refusant de voter la censure des Insoumis sur le budget, le patron du PS sait qu'il doit aussi rassurer les plus "unionistes" de son camp, qui voient d'un mauvais œil la "rehollandisation" du PS, après les années difficiles du parti consécutives à son quinquennat.
influence
Depuis que François Hollande est revenu dans l'arène politique en juin dernier, en retrouvant son poste de député de Corrèze, l'ex-président, hostile à LFI et au rassemblement de la gauche pour 2027, ne cache pas son animosité face à la stratégie d'Olivier Faure, qui avait fait l'"inventaire" de son quinquennat en prenant le parti en 2018.
Sans pour autant pousser un nom en particulier, il a d'ailleurs appelé ouvertement à remplacer le premier secrétaire lors du prochain congrès qui devrait avoir lieu d'ici la fin "du premier semestre", a indiqué Olivier Faure mardi sur Sud Radio en confirmant qu'il serait candidat à sa succession.
Et l'ancien chef de l'Etat a usé de son influence, notamment auprès des députés, pour modifier la ligne du parti. Dans l'optique de rompre définitivement avec La France insoumise pour que le PS joue sa propre carte en 2027... Celle de Hollande lui-même ?
Aussitôt après la première non-censure des députés PS sur la déclaration de politique générale de François Bayrou, - contre l'avis d'Olivier Faure et du patron des députés socialistes Boris Vallaud - il s'est d'ailleurs enorgueilli de voir les socialistes constituer "désormais le pôle central au sein de l'Assemblée nationale".
Dans le groupe à l'Assemblée, "quand il parle, c’est construit, à juste titre, ça pèse", reconnait un député proche de ses orientations, qui juge que le centre de gravité du groupe "n'est plus le même à 66 députés que dans le groupe Nupes", beaucoup plus LFI-compatible.
L'ex-chef de l'Etat a notamment fédéré autour de lui des élus souvent moins connus, d'anciens élus locaux, parfois ex-députés entre 2012 et 2017.
Mais "le parti est plus à gauche que le groupe de députés", veut croire le cadre socialiste cité plus haut, toujours certain qu'Olivier Faure reste majoritaire au sein du parti.
"Tout le monde donnait Olivier Faure perdant pour le congrès, c'est moins évident aujourd'hui", en faisant le choix de s'affranchir de LFI, estime aussi un député opposé à la ligne du premier secrétaire sortant.
A l'inverse chez LFI, un élu juge qu'en venant "sur les positions de François Hollande, Faure s'est cramé pour le congrès".
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