Partenariat gagnant-gagnant pour Vassincourt
L’atelier des travailleurs handicapés de l’Esat de Vassincourt en Meuse a décroché en mai dernier à Marseille les victoires de l’accessibilité organisées par l’Unapei, dans la catégorie travail. Ce prix national récompense un projet porté par l’association meusienne accompagnant des déficients intellectuels en partenariat avec le groupe Essilor, qui a favorisé l’inclusion des personnes handicapées mentales dans le milieu professionnel.
«On a reçu ce prix à l’unanimité du jury. C’est un honneur, qui va rejaillir sur la Meuse», confie Didier Rambeaux, le directeur du pôle industriel des ateliers de l’Adapeim (Association Départementale Amis et Parents D’enfants Inadaptés de la Meuse). Le lien entre cette association meusienne et Essilor n’est pas nouveau. Depuis plus de vingt ans, l’usine de Ligny-en-Barrois sous-traite à cet Esat (Établissement et service d’aide par le travail) de la connectique et de la câblerie pour des machines destinées aux opticiens. En 2009, Essilor a annoncé son intention de remplacer sa machine vieillissante. Cette décision aurait pu occasionner une perte de savoir-faire technique pour les travailleurs handicapés mais également une baisse de 30 % du chiffre d’affaires du pôle industriel. Face à cette situation, Didier Rambeaux a trouvé une alternative pour conserver ce précieux partenariat. «Au final, comme les pièces étaient jugées intransportables, on a décidé de nous adapter et de rendre mobiles les douze travailleurs handicapés pour qu’ils interviennent directement dans l’usine. Cette solution n’aurait pu aboutir sans l’engagement et le soutien d’Essilor», explique-t-il. Il aura fallu une année de réflexion pour décrocher l’acceptation du groupe puis une année pour la mise en oeuvre. Au cours de cette période, Essilor a réorganisé et réaménagé une zone de stockage en atelier pour pouvoir recevoir les travailleurs handicapés dans de bonnes conditions. Opérationnel depuis le 19 décembre 2011, cet espace qui accueille l’Esat décentralisé devrait prochainement voir son effectif augmenter.
1,2 million d’euros investis
«La plus grande réussite est d’être parvenu à lever des freins en intégrant les travailleurs handicapés mentaux. Leur atelier est surnommé zéro défaut», précise avec fierté le responsable de l’Adapeim. Car face à la concurrence des pays émergents et de l’univers carcéral, l’Esat a dû prendre un virage en adaptant une nouvelle stratégie industrielle. Mettant en avant sa réactivité et la personnalisation de son offre auprès de ses clients, la direction a fait le choix dès 2007 de se positionner sur la prestation de services en lançant à Bar-le-Duc une blanchisserie industrielle. Aujourd’hui, deux autres filières sont clairement identifiées avec les espaces verts et le bois, sans compter la métallurgie. En trois ans, 1,2 million d’euros ont été investis. Dans le même temps, les travailleurs handicapés ont suivi des formations pour se qualifier. Avec la crise et la baisse d’activité de la sous-traitance industrielle, sans ce virage, l’Esat n’aurait pas pu poursuivre son activité. En quatre ans, le chiffre d’affaires a été doublé et les conditions de travail améliorées. Malgré tout, depuis deux ans, les marges se sont inexorablement réduites, compte tenu du contexte économique. Raisonnablement optimistes dans l’avenir, les ateliers de l’Adapeim espèrent désormais des retombées économiques grâce au prix national récompensant son partenariat gagnant-gagnant avec l’usine Essilor. La communication va donc être prochainement renforcée et la recherche de nouveaux clients lancée.