Paris: les sanctions pleuvent sur les vélos

La police multiplie les contrôles dans les rues de Paris et les amendes commencent à pleuvoir sur les cyclistes...

Un cycliste à Paris le 9 février 2025 © Xavier GALIANA
Un cycliste à Paris le 9 février 2025 © Xavier GALIANA

La police multiplie les contrôles dans les rues de Paris et les amendes commencent à pleuvoir sur les cyclistes et usagers de trottinettes.

Une douzaine de policiers municipaux contrôlaient mercredi matin les deux-roues à un carrefour chaotique du neuvième arrondissement, au pied de la pente de la rue des Martyrs.

Écouteurs

Feu rouge grillé ou port des écouteurs en roulant: les policiers ont distribué une quarantaine de contraventions en deux heures.

"Vous n'avez pas vu le feu? Les piétons non plus? Venez nous voir, Madame", lance une policière à une jeune femme sur un vélo de location.

Ce sera finalement une amende de 90 euros pour port des écouteurs. "Qu'on vienne me prévenir et qu'on me le dise, il n'y a aucun problème. Mais qu'on vienne me verbaliser, je trouve ça un peu fort de café", proteste la jeune femme. "La journée commence bien!"

Le nombre de cyclistes a explosé dans les rues de la capitale depuis l'épidémie de Covid. Les pistes cyclables ont fleuri, la place et la vitesse des voitures ont été réduites mais les piétons se méfient maintenant des vélos et trottinettes qui grillent les priorités, montent sur les trottoirs.

"C'est insupportable", tempête un cycliste mesuré à 32 km/h aux jumelles radar dans la descente de la rue des Martyrs, limitée à 20 km/h. "Il faut un peu de bon sens par rapport au fonctionnement d'un vélo! Je n'ai pas de régulateur de vitesse! (...) On fait l'effort de prendre son vélo alors qu'il y a des camions qui polluent". 

Pour l'agent qui le verbalise, "les gens ont du mal à comprendre que le code de la route se respecte aussi à vélo".

Les cyclistes ont "du mal à accepter" les contrôles, confirme Carole, brigadier-chef principal, "ils demandent plus de tolérance. Mais pas mal de piétons nous remercient, nous disent qu'on devrait le faire plus souvent".

"Il y a de l'inquiétude de la part de beaucoup de nos concitoyens, souvent âgés (...) qui n'osent pas se promener en toute sérénité dans certaines rues de Paris", estime Delphine Bürkli, la maire (Horizons) du 9e arrondissement.

"Vous ne savez pas quand vous pouvez traverser, en fait", témoigne une riveraine, Renée Bertrand, 70 ans.

"Mais il ne s'agit pas d'être pour ou contre le vélo", appuie Delphine Bürkli. "Il faut simplement que chacun adopte des règles de bienséance pour qu'on puisse vivre sereinement".

Carrefours "dangereux

La police municipale prévoit d'être présente au minimum deux fois par semaine sur des carrefours dits "dangereux" de l'arrondissement, comme celui contrôlé mercredi. La peur du l'uniforme fonctionne. "Lorsqu'on est là, il y a un maximum de respect", dit Catherine, brigadier-chef.

"Pour avoir une cohabitation harmonieuse dans les rues parisiennes, il faut que chacun respecte les règles", martèle Nicolas Nordman, adjoint à la maire de Paris en charge de la sécurité.

La maire de Paris mène une "politique globale pour diminuer la vitesse" des voitures, deux-roues motorisés, mais aussi des cyclistes, parce que "la vitesse aggrave la dangerosité des accidents", selon M. Nordman.

La mairie a identifié ces carrefours dangereux via des groupes de travail avec des associations de cyclistes, notamment suite au décès de Paul Varry, écrasé fin 2024 par le conducteur d'un SUV.

Pour Marion Soulet, porte-parole de l'association Paris en Selle, il y a pourtant "une incompréhension sur ce que réclament les associations". Cibler les cyclistes lors des contrôles et se focaliser sur les écouteurs ou la vitesse "pose un problème" alors qu'ils ne tuent personne, contrairement aux voitures.

"On demande à la police de prioriser en fonction du danger", souligne Marion Soulet, et il reste encore beaucoup à faire en termes d'aménagement de la ville "pour faciliter la cohabitation" avec les piétons, souligne-t-elle.

Concernant les écouteurs, M. Nordman souligne faire "beaucoup de pédagogie, parce que c'est un élément qui n'est pas suffisamment connu par les cyclistes".

"Je ne suis pas en tort, j'avais pas les écouteurs, ils étaient dans mon cou. Je sais que c'est interdit. C'est fou ça!", lance une jeune fille interpelée à quelques pas. Ce sera 90 euros.

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