Pandrol fait de son site de Raismes un centre d’excellence du rail
Depuis deux ans, il ne faut plus l’appeler Rail Tech mais Pandrol. Derrière ces six lettres, rien n’a changé pourtant : à Raismes, on soude toujours des rails. Seulement, dans un an, le leader mondial le fera dans un local plus adapté, il sera plus productif et moins polluant. Il compte gagner 4 à 7% de parts de marché.
Tout était déjà là. Le savoir-faire centenaire, 215 emplois à plein temps et ce bâtiment vert pâle à l’entrée des dix hectares à Raismes, dans le Valenciennois, dont Pandrol a fait son siège social. «Ce local accueillait jusqu’à peu du matériel qu’on a repositionné dans notre centre logistique de Petite-Forêt», détaille Jérôme Vienne, directeur des deux sites. Là-bas, le groupe dispose de 5 500 m2 de stockage et conditionne près de 430 000 kits de soudure par an.
Ce transfert était une évidence : Petite-Forêt n’est qu’à 5 kilomètres de Raismes où est confectionné tout le matériel de soudure aluminothermique. Des moules, 330 000 paires par an. Des creusets jetables, 650 000 par an. Des charges, 800 000 par an. Et de l’oxyde de fer.
«Nous pouvons intervenir sur tous les types de rail, partout dans le monde, sourit Franck Scarfato, directeur Europe. Nous savons nous adapter à la composition chimique des rails, proposer des solutions innovantes grâce à notre centre de recherche et développement, des moules sur mesure grâce à notre pôle numérique, et même former nos clients à la soudure.»
Le site a son école : la Pandrol Training Academy. «Les soudures doivent répondre à des normes de sécurité, explique Franck Scarfato. Les personnes qui les réalisent doivent être certifiées ; les soudures, marquées.» Chaque kit de soudure est traçable, lui aussi.
90% de la production exportée
Pandrol ajoute à la sécurité d’autres exigences : les kits doivent être compacts, légers et facilement transportables. Ce n’est pas un détail : 90% de la production raismoise est exportée, aux Etats-Unis et en Asie surtout.
«Nous sommes au cœur de plus de 400 réseaux ferrés», ajoute Franck Scarfato.
Les chemins de fer font appel à lui, tout autant que les réseaux de métro, de tramway ou encore les ponts roulants. Certains lors de l'installation d'un réseau de rails, d’autres comme la SNCF pour en assurer la maintenance.
En 2020, année compliquée à cause de la pandémie de coronavirus, Delachaux, le groupe mère spécialisé dans la pose et l'entretien des rails, a obtenu un chiffre d'affaires de 950 millions d'euros ; Pandrol, de 416. Pandrol Raismes représente 60 millions d’entre eux. «Pour être numéro un, il faut être bon en qualité mais aussi en services.» Franck Scarfato sait bien cela : il ambitionne de devenir le numéro un dans chaque pays. La nouvelle usine va l’y aider.
Un investissement de 5 millions d'euros
C’est un projet de 5 millions d’euros. Dedans, il y aura l’atelier de confection de moules, grand de 1 420 m², mais aussi l’atelier de creusets jetables et ses 551 m².
«Nous y serons en mars 2022, rayonne Franck Scarfato. Ce sera un site innovant, par exemple dans son système de refroidissement, et 4.0.»
C’est un bond par rapport aux actuels locaux, quelques dizaines de mètres plus loin, vétustes, étroits et sombres. «On veut améliorer la sécurité et les conditions de travail de nos collaborateurs.» Jérôme Vienne opine : «80% de l’équipement sera neuf.» L’usine sera plus automatisée, plus ergonomique, mais aussi plus efficace. «C’est essentiel pour nous», confirme Franck Scarfato. Il table sur une augmentation de productivité de 15% dès mi-2022.
Le dernier défi à relever est de taille : «Le respect de l’environnement, pointe le directeur Europe. Nous sommes pour l’instant dans la norme, mais nous voudrions être au top. Nous voulons, par exemple, que notre oxydateur n’émette plus aucun composé organique volatile.» Pandrol veut faire de Raismes son centre d'excellence.
«Nous avons des activités ailleurs en Europe, poursuit Franck Scarfato. Nous voudrions en rapatrier ici.» Lesquelles? «C'est encore en réflexion», prévient Jérôme Vienne.
Ce qui est certain déjà, c'est que "France relance" apporte 500 000 euros à leur projet, la Région 100 000 et la communauté d'agglomération de la Porte du Hainaut 100 000 autres. «On veut pérenniser l’emploi, assume Franck Sarfato. On a 100 ans et on veut repartir pour 100 ans !»