Origine Cycles : des vélos français et sur-mesure pour tous les passionnés

Le vélo est de plus en plus populaire et est pratiqué par un nombre croissant de Français, poussé en ce sens par le plan vélo du gouvernement. Parmi ces pratiquants, le plus souvent occasionnels, on trouve de véritables passionnés, qui cherchent à avoir le meilleur vélo possible, pouvant parfois se rapprocher de celui des professionnels. Ces passionnés se trouvent à Rouvignies, au sein de l’entreprise Origine Cycles.

Rémi Lefèvre a co-fondé Origine Cycles en 2012, et dirige désormais 110 salariés. © Marier Boullenger
Rémi Lefèvre a co-fondé Origine Cycles en 2012, et dirige désormais 110 salariés. © Marier Boullenger

Le nord de la France et les Flandres ont toujours été des lieux privilégiés pour les pratiquants et passionnés de cyclisme. De grandes courses se déroulent dans ces régions depuis près d’un siècle, du Paris-Roubaix à Gand-Wevelgem en passant par le Tour des Flandres, amenant toujours plus de public sur le bord des routes, venus parfois de l’autre bout du monde. La petite reine est donc une passion, et pour Rémi Lefèvre, il était important d'en profiter avec le meilleur matériel possible. 

Il co-fonde donc Origine Cycles en 2012. Plus d’une décennie plus tard, la société est désormais basée à Rouvignies, dans une usine abritant 7 500 m² de surface. Bien loin du garage de la pharmacie de ses parents à Hérin, où lui et ses deux associés ont monté leur premier vélo.

Des millions de choix possibles pour un seul vélo

Bien que jeune, Origine Cycles base son projet sur un fonctionnement ancien : le sur-mesure. «Jadis, le marché du vélo était organisé de la façon suivante : vous alliez chez le vélociste, et il vous faisait un vélo à la carte, en fonction de votre niveau et de votre morphologie», explique le directeur général Rémi Lefèvre. «Il vous faisait un vélo unique. Puis le marché a tendu vers du vélo de série. Très progressivement, les fabricants ont commencé à vendre des modèles complets, mais au final le client est perdant car on lui vend un vélo de série qui n’est pas adapté ergonomiquement, ni techniquement. Il met une somme conséquente dans l’achat de son vélo et la première chose qu’il va faire, c’est le modifier». 

Pour les trois fondateurs, c’était «une hérésie». Place donc à une inversion du fonctionnement du marché actuel. Désormais, ce n’est plus le client qui s’adapte au vélo, mais le vélo qui s’adapte au client. Et ce sur-mesure est poussé à l’extrême. Ainsi, il existe plusieurs millions de possibilités pour configurer son vélo, afin de le rendre unique et parfaitement adapté aux souhaits du client.

Les cadres des vélos sont poncés et polis à la main.

Car c’est aussi cela l’ADN d’Origine Cycles : du sur-mesure, fait main, et presque intégralement réalisé au sein des locaux de Rouvignies.

La recherche de la perfection

Pour se démarquer de ses concurrents dans ce domaine, l’entreprise nordiste a, en son sein, un bureau d’étude, qui met en place les différents projets, dont les cadres en aluminium ou en carbone, qui sont ensuite créés sur place. En moyenne, ce processus s’étend sur un an et demi, mais peut dépasser les trois ans en cas de besoin. «L’idée est que quand le produit sort sur le marché, il soit absolument nickel et que le client ne soit pas un bêta testeur. On ne veut pas céder à la pression, se dire 'on sort un vélo pour tel ou tel salon'. Chez Origine, on sort quand c’est prêt. J’en suis plutôt fier car ça montre un grand respect pour le client».  Si un grand salon attire les yeux sur les produits, «inexorablement, ça vous force a fermer les yeux sur des petits détails, et à dire, 'c’est bon ça passe'. Et ça, chez nous, c’est interdit», assure-t-il.

Pour faire en sorte que ces «petits détails» ne passent pas, Origine Cycles peut compter sur ses 110 salariés à l’œil aguerri. Rien que pour les cadres, le traitement se fait manuellement et plusieurs fois, après un passage dans les mains de personnes qui voient ce que les autres ne peuvent pas apercevoir. L’apport humain est essentiel pour Rémi Lefevre, qui considère que «la machine n’est pas capable de faire un travail aussi précis que la main de l’homme».

Le processus est également très spécifique et très humain au niveau des roues et de la peinture, même si les salariés sont accompagnés de machines dernier cri que l'on a plutôt l’habitude de retrouver dans l’industrie automobile. 

Un objectif de chiffre d'affaires multiplié par quatre

Évidemment, ce travail minutieux et manuel a un coût, qui se traduit sur les prix des vélos. Néanmoins, Rémi Lefevre refuse de dire que les vélos d’Origine Cycles sont chers. Ils coûtent «le juste prix au vu du travail fourni». Ces produits sont haut de gamme, c’est même l’ADN de la marque, et c’est ce que les clients recherchent. 

Tous les vélos stockés sont des commandes qui ont été réalisés. Origine Cycles n'a pas de stocks.

En 2023, ce sont 7 000 vélos qui ont été vendus, pour un chiffre d’affaires de 21 millions d’euros. Actuellement, 89% de ces chiffres sont réalisés sur le territoire national, l’export reste timide, mais fait partie des points d’améliorations prévus. «Nous vendons déjà dans le monde entier, mais on ne communique pas. Les seuls pays à l’export pour lesquels on communique sont la Suisse, et le Benelux», dont une grande majorité concerne la Belgique néerlandophone, qui est «un vivier extrêmement important» au vu de la place qu’a le vélo dans la culture. Pour le futur, le co-fondateur d’Origine Cycles à de l’ambition. À l’horizon, 2028, l’objectif est d’atteindre les 80 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Et pour cela, la société du Valenciennois se diversifie en se lançant dans le domaine du vélo électrique (voir encadré). Le vélo électrique semble éloigné de l’ADN sportif d’Origine Cycle, pourtant, l’entreprise mêle à la fois le côté sportif et le côté urbain et très pratique cher au vélo électrique. Un premier modèle est déjà sortie et a, dès sa mise sur le marché, représenté 10% du chiffre d’affaires. Une nouvelle clientèle s’offre à Origine Cycles.

Une diversification électrique

L’ADN d’Origine Cycles est très sportif, à l’attention de passionnés qui peuvent rouler plusieurs fois par semaine, mais qui laisse sur le bord de la route ceux qui en font peu souvent. Pour combler ce manque, l’entreprise a décidé de se diversifier et de proposer des vélo électriques, sans laisser de côté l’aspect sportif. «Cela peut paraître complétement antithétique mais y a un besoin la dessus. Ce sont des personnes qui vont l’utiliser le matin pour aller au travail et qui n’ont pas envie d’arriver transpirants. Ils vont mettre l’assistance électrique et le week-end peuvent l’utiliser en mode sportif», explique Rémi Lefevre. 

La clientèle type pour ce genre de vélo est «très urbaine, et a besoin de s’exonérer de la voiture pour les déplacements en centre-ville. Donc on a voulu faire un vélo utilitaire. Nous avons conçu une déclinaison du vélo 'help', qui va s’appeler Montmartre». Ce vélo, dévoilé au public le 28 août, est «techniquement abouti», avec, entre autres, un capteur de puissance dans le pédalier et un cadre masculin et un autre féminin.