Nouvelle étude de Didier Raoult: l'ANSM saisit à nouveau la justice, le gouvernement condamne

L'agence du médicament a annoncé mardi à l'AFP une nouvelle saisine de la justice après la publication récente d'une étude de Didier Raoult basée sur des essais cliniques non déclarés au sein de l'IHU de...

L'infectiologue Didier Raoult, le 20 avril 2022 à Marseille © Christophe SIMON
L'infectiologue Didier Raoult, le 20 avril 2022 à Marseille © Christophe SIMON

L'agence du médicament a annoncé mardi à l'AFP une nouvelle saisine de la justice après la publication récente d'une étude de Didier Raoult basée sur des essais cliniques non déclarés au sein de l'IHU de Marseille, condamnée par le gouvernement et l'AP-HM.

"L’ANSM a bien connaissance de la nouvelle étude publiée dans la revue +New microbes and new infections+, qui n'a effectivement pas obtenu l'autorisation de l'ANSM et l'avis favorable d'un comité de protection des personnes, nécessaires et obligatoires pour garantir la sécurité des patients. L’ANSM a saisi de nouveau la justice au titre de l'article 40, comme lors de la publication du pré-print", a indiqué l'agence, sans préciser la date de saisine.

Le gouvernement condamne une "nouvelle violation des règles éthiques", ont indiqué à l'AFP les ministres de la Recherche et de la Santé, Sylvie Retailleau et Aurélien Rousseau.

Le nouveau pied de nez de l'infectiologue largement discrédité par ses pairs intervient alors que les autorités travaillent à "la création d'une nouvelle relation de confiance entre l'État et les dirigeants de l'IHU-MI (institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection)", ont souligné les deux ministres dans un message transmis lundi soir.

Fin octobre, l'ANSM a en effet annoncé sa volonté d'alléger les restrictions imposées à l'IHU-MI en matières d'essais cliniques, suspendus fin 2022, sans toutefois les lever totalement.

L'étude publiée dans "New microbes and new infections" en octobre porte -comme la pré-publication finalement retirée en juin par ses auteurs- sur plus de 30.000 patients traités en 2020 et 2021, et démontre les supposés bénéfices de l'hydroxychloroquine dans le traitement précoce du Covid.

Une pré-publication, ou pré-print, désigne un article pas encore revu par d'autres scientifiques que les auteurs de l'étude, avant d'être éventuellement publié dans une grande revue scientifique.

Si Didier Raoult n'exerce plus à l'IHU-MI depuis plus d'un an, l'étude porte la signature de quatre autres chercheurs, dont trois encore en poste à l'Institut marseillais, et du cardiologue américain Peter McCullough, figure de proue des personnes hostiles à la vaccination Covid aux Etats-Unis.

Contactés par l'AFP lundi, les hôpitaux de Marseille (AP-HM), autorité de tutelle de l'IHU-MI, ont condamné fermement "la publication de cet article portant sur une étude qui, selon l'ANSM, ne respecte pas la réglementation et la protection des patients". 

L'AP-HM a rappelé "avoir précédemment demandé aux auteurs de retirer ce pré-print, considérant cette étude contraire aux règles méthodologiques et éthiques". 

Désormais dirigé par Pierre-Edouard Fournier, longtemps proche de Didier Raoult, l'IHU a précisé mardi à l'AFP "s'associer à la réaction de l'AP-HM".

Les ministres Retailleau et Rousseau ont annoncé qu'ils "rencontreront prochainement la direction" de l'IHU pour "assurer le suivi" de la nouvelle feuille de route de l'établissement et des "19 recommandations du rapport conditionnant la poursuite de son activité". 

Sur le réseau X (anciennement Twitter), le professeur Mathieu Molimard, président de la Société française de pharmacologie et auteur de plusieurs tribunes demandant des sanctions envers le Pr Raoult, a réagi: "Ils voudraient tuer l'IHU qu'ils ne feraient pas autrement. Il est peut-être temps de dire enfin stop!".

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