Nouveau plan de relance pour le port
Suite à la nouvelle stratégie nationale mise en place au mois de juin par le gouvernement, Dunkerque-Port a présenté son projet stratégique pour 2014-2018 qui prévoie des investissements à hauteur de 242 millions d’euros. Un moment privilégié pour annoncer les priorités au sein du pavillon des Maquettes nouvellement rénové.
Le port s’agrandit, il s’étend toujours plus vers l’ouest et a rendu des terrains à la ville à l’est. Il doit conserver des espaces, il est doté de grandes réserves foncières, mais, peu à peu, il s’éloignera de la ville, a expliqué en préambule François Soulet de Brugière, le président du conseil de surveillance. «Les Dunkerquois doivent s’approprier leur port avec ses avantages et ses inconvénients de port industriel», a-t-il appuyé, avant d’expliquer qu’il était souhaitable que perdurent les échanges entre la ville et son port malgré la mise en place des clôtures.
Pour Stéphane Raison, nouveau président du directoire du port, le travail présenté est le fruit d’un partenariat entre tous les acteurs de la place portuaire : industrie, logistique et port. En juin 2013, une nouvelle stratégie nationale a été mise en place par le gouvernement et a permis de classer trois grandes orientations : la logistique, l’industrie, l’aménagement et la commercialisation des espaces afin de créer de la valeur ajoutée. Le Nord-Pas-de-Calais représentant 770 000 EVP, à Dunkerque d’y trouver sa part !
Les filières privilégiées pour Dunkerque concernent la reconquête de l’hinterland, les vracs (un projet minier est en cours avec ArcelorMittal), le terminal méthanier (dont l’inauguration ne devrait plus tarder) et le GNL (représentant une filière sur laquelle le port investit), le roulier, les céréales, l’import, le redéploiement de la filière sur le site des Raffineries des Flandres.
Le projet stratégique présente quatre orientations politiques pour la reconquête du territoire autour d’une identité par rapport à la stratégie nationale.
Le port Nord de France. C’est la première ambition de l’armateur CMA CGM, avec la reconquête de l’hinterland naturel sur le segment du conteneur, la mise en place de transit times exceptionnels avec l’Asie, le développement des logistiques sécurisées (matières dangereuses) et à température dirigée (frigorifiée ou congelée), l’optimisation des filières de transport massifié, la finalisation des outils informatiques, PIF, TVA…, pour la réussite du développement conteneurs ainsi que la fluidification du passage. La commercialisation de deux nouvelles zones logistiques à Loon-Plage et dans l’axe Gravelines-Bourbourg pour les grandes industries. Et 15 millions d’euros seront consacrés à l’amélioration et la fusion des postes d’aiguillage.
Le port Gateway. Il s’agit de renforcer le positionnement du GPMD en tant que port de vracs solides, avec un transbordement permettant un tirant d’eau à 18,50 m au port Ouest et des pistes de développement vers les pays du Maghreb. Un accent est mis sur le terminal méthanier et la filière GNL, avec la réalisation d’un complexe d’avitaillement GNL maritime et terrestre. Un bémol toutefois concerne l’utilisation des frigorifiésannoncée pour les entrepôts à froid et qui est abandonnée, leur transport étant plus compliqué que prévu. Au programme : développer les liens avec les plates-formes multimodales intérieures, adapter le port Ouest à l’évolution du transport maritime avec le creusement des bassins de la Baltique, du Pacifique ou de l’Atlantique (mi-2016), et lancement du débat public autour des grands ports 2015.
Le port durable et responsable. Il a été présenté par Yves Lalot, la première ambition étant de rester un port industriel et de conforter le positionnement en tant que plate-forme énergétique en complémentarité des activités existantes : restructuration de la plate-forme Total, accueil de nouvelles activités en anticipant et préparant les zones et les procédures environnementales, adaptation des installations. La deuxième ambition est de prendre en compte les changements climatiques aujourd’hui devenus réalité, avec la mise en place de PPRT multi-sites, ainsi que les risques technologiques liés à l’environnement des sites SEVESO et les contraintes urbanistiques liées à la proximité des habitations. La mise en œuvre du plan de développement durable et aménagement du port a été adoptée et prévoit 27 mesures opérationnelles. Elles portent sur une vision à 20/25 ans, le plan stratégique prévoyant le schéma directeur par rapport aux règles adoptées dans la zone industrialo-portuaire. Le port ne peut travailler seul sur son territoire, il doit être coordonné à l’ensemble des partenaires économiques, institutionnels, scientifiques. Un travail avec l’ULCO et les centres de recherche est en cours afin de mieux comprendre l’évolution du trait de côte dans le cadre de la sécurité des ouvrages face à la mer.
Le port partenaire. Ce volet prévoit de poursuivre le partenariat avec la Ville pour mettre en valeur son patrimoine et développer la croisière. Des pistes sont à l’étude avec le Groenland. Une nouvelle démarche de coopération doit être mise en place avec la CUD suite au changement de président de la communauté urbaine de Dunkerque (Patrice Vergriete, maire de Dunkerque). François Soulet de Brugière a rassuré les auditeurs : «Nous travaillons dans la continuité, même si la nouvelle équipe a encore besoin d’appréhender le dossier. L’ancienne équipe connaissait bien le sujet, je ne doute pas que celle-ci arrivera aux mêmes conclusions. Nous devons également discuter régulièrement avec l’ensemble des ports de la Côte d’Opale afin de ne pas doublonner et présenter un ensemble homogène.»
Stéphane Raison est ensuite revenu sur les chiffres du trafic : «2014 est en augmentation par rapport à 2013 avec 46 millions de tonnes, la vision pour 2015 est autour de 51 millions. Une relance de l’investissement (242 millions d’euros) permettra de maintenir les ambitions.»
Le plan de relance 2009/2013 prévoyait 360 millions d’euros, seuls 288 millions ont réellement été affectés. Sur les 242 millions d’euros prévus au plan 2014/2018, 160 millions d’euros sont consacrés à la première ambition (Nord de France), dont 15 millions d’euros à l’aménagement du QPO jugé prioritaire. En fait, 2015 sera une année de transition avec 39 millions d’euros se portant en partie sur le terminal ferry et les accès routiers, ainsi que pour 17 millions d’euros sur la fin des travaux du terminal méthanier et la mise en place de la base d’avitaillement. L’allongement du quai des Flandres nécessitera 54 millions d’euros.