Nouveau drame migratoire dans la Manche: cinq morts, dont une fillette
Un bateau surchargé, une mer à 10 degrés, mais des candidats à la traversée toujours aussi décidés: la Manche a connu mardi un nouveau drame, avec la mort de cinq migrants, dont une...
Un bateau surchargé, une mer à 10 degrés, mais des candidats à la traversée toujours aussi décidés: la Manche a connu mardi un nouveau drame, avec la mort de cinq migrants, dont une petite fille, au large de Wimereux (Pas-de-Calais).
Outre la fillette de sept ans, trois hommes et une femme figurent parmi les victimes, a indiqué le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, à Wimereux.
Ce nouveau drame, qui porte à au moins 15 le nombre de migrants décédés en 2024 dans des tentatives de traversée, a lieu quelques heures après l'adoption par le Parlement britannique d'une loi controversée permettant d'expulser vers le Rwanda des demandeurs d'asile entrés illégalement.
"Cela nous rappelle pourquoi mon plan est si important", a réagi le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, évoquant un événement "tragique". "Nous voulons empêcher les gens de faire ces traversées très dangereuses."
Quelque 112 personnes, notamment des Syriens et des Irakiens, avaient pris place à bord de l'embarcation, "du jamais-vu", a souligné le préfet.
Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar), le bateau a pris la mer vers 6H00, puis le moteur s'est arrêté à quelques centaines de mètres du rivage.
Mer calme
Deux personnes sont alors tombées à l'eau, secourues par les sauveteurs, qui finiront à l'issue de leurs opérations par ramener sur la plage les cinq victimes, sans parvenir à les réanimer.
Au total, 49 autres personnes ont été secourues, puis débarquées à Boulogne-sur-Mer. Mais 58 ont repris la route pour le Royaume-Uni, "sous la surveillance" de la marine, a précisé le préfet.
Une enquête a été ouverte par le parquet de Boulogne-sur-Mer, notamment pour "homicide involontaire" et "association de malfaiteurs", selon le préfet.
Plusieurs embarcations de migrants ont continué à prendre le départ mardi, a souligné la Prémar, profitant d'une mer calme et d'un temps dégagé, malgré une eau à 10 degrés.
Selon un décompte de l'AFP, au moins quinze personnes ont perdu la vie dans ces traversées depuis début 2024, si l'on prend en compte un homme retrouvé le 19 mars à Grand-Fort-Philippe (Nord), un migrant signalé disparu, selon les associations.
Ce bilan est d'ores et déjà plus important que celui de 2023, où douze migrants sont morts dans ces mêmes circonstances, selon la Prémar.
Le dernier drame remonte au 3 mars avec le décès d'une fillette de sept ans dans le canal de l'Aa à Watten (Nord). Fin février, un Turc de 22 ans est décédé au large de Calais et deux autres migrants sont portés disparus.
Mi-janvier, cinq migrants ont perdu la vie alors qu'ils tentaient de rejoindre une embarcation, déjà à Wimereux.
Jeux olympiques
"J'avais poussé un coup de gueule" à l'époque, a rappelé mardi le maire de la ville, Jean-Luc Dubaële (sans étiquette). "Aujourd'hui, je suis encore plus en colère", ajoute-t-il, s'inquiétant pour la période des Jeux olympiques (26 juillet - 11 août), quand "toutes les forces de police" seront à Paris.
"On n’en peut plus. On alerte sur ces situations depuis des années", a réagi Nikolai Pozner, de l'association Utopia 56. "C'est évident que l'embarcation n'était pas viable."
Après avoir atteint un record en 2022 (45.000), puis baissé en 2023 (près de 30.000), le nombre de personnes ayant traversé clandestinement la Manche à bord de canots de fortune a augmenté de plus de 20% depuis le début de l'année par rapport à l'an dernier.
La loi britannique votée dans la nuit, présenté comme une mesure-phare de la politique gouvernementale contre l'immigration clandestine, vise à envoyer au Rwanda les demandeurs d'asile, d'où qu'ils viennent, entrés illégalement au Royaume-Uni.
"Ce gouvernement fait tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin à ce commerce, arrêter les bateaux et, en fin de compte, briser le modèle économique des gangs de passeurs", a commenté sur X le ministre britannique de l'Intérieur, James Cleverly.
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