Entretien avec Olivier Gradel, président de l'Olympique Marcquois Rugby
«Nous visons l'accession en Pro D2 d'ici 5 ans»
Vice-président depuis 2013, Olivier Gradel a pris la présidence de l'OMR en 2018. Depuis, le club marcquois a connu une ascension fulgurante couronnée par une accession en Nationale 2 cet été (4ème division). L'OMR ne compte pas s'arrêter là et vise la Pro D2 à horizon 2027. Pour y parvenir, le président a organisé une première levée de fonds : une opération peu commune pour un club de N2 que nous dévoile Olivier Gradel.
L'OMR n'en finit pas d'impressionner
ces dernières années avec une accession en Nationale 2 cet été.
Comment se passent les premiers pas dans cette division ?
Nous avons renouvelé un
tiers de l'effectif et mixé entre des jeunes talents à fort
potentiel et cinq joueurs d'expérience ayant évolué en Pro D2 et
Top 14 par le passé. L'OMR est en pleine phase d'adaptation. Dans
cette nouvelle division, l'objectif est de se maintenir le plus vite
possible et d'accrocher un ticket pour les play-off. Malgré trois
défaites et une victoire, nous sommes plutôt satisfaits du début
de saison et confiants pour la suite car le contenu est intéressant.
Nous nous appuyons également sur davantage de rotation que l'année
dernière avec 32 joueurs dont 3 internationaux contre 25 la saison
précédente. Nous visons l'accession en Nationale 1 dès la saison
prochaine et l'accession en Pro D2 dans 5 ans.
Sur quelle stratégie repose le
développement du club ?
L'OMR s'inscrit sur un
projet fortement territorial et identitaire. Ainsi, nous souhaitons
avoir un effectif qui soit représentatif de la région. Le sujet de
la formation est stratégique et prioritaire depuis plusieurs années mais nous l'avons renforcé
dernièrement. Cette année, nous déposons un dossier pour être
agréé centre d'entraînement labellisé post bac. C'est la première
marche vers la création d'un centre de formation professionnel qui
verra le jour au lendemain des Jeux Olympiques. Dans le cahier des
charges, deux choses sont essentielles. La première est l'existence
d'un centre d'hébergement, que nous n'avons pas encore aujourd'hui.
Et la deuxième consiste en la mise en place d'un suivi scolaire
personnalisé qu'on a commencé à instaurer tout doucement. Sachant
que nous remplissons déjà les critères sur la partie entraînement,
structure d'entraînement ainsi que sur la partie médicale.
L'objectif est de former une quinzaine de joueurs sous contrat centre
de formation par an. Nous sommes sur la bonne voie.
Vous avez organisé une
première levée de fonds, quel était l'objectif ?
Nous avons effectivement
lancé une première levée de fonds en mars 2022 avec pour objectif
d'atteindre 1,1 M€. Actuellement, nous avons quasiment atteint 900
000 euros répartis entre 110 actionnaires. Nous bouclons ce tour de
table fin octobre de manière à nous préparer à la saison
suivante. Les profils des investisseurs varient entre une quinzaine
de gros actionnaires, des plus petits porteurs et de l'investissement
en love money. Tous croient en l'existence d'un grand club de
rugby en Hauts-de-France. Ils ont compris que pour un projet comme
celui-ci, il valait mieux investir au début de l'histoire. Mais nous
serons amenés à effectuer d'autres augmentations de capital pour
viser la Pro D2 notamment.
Quelles ont été les
difficultés dans le cadre de ce tour de table ?
Nous portons une vision à
dix ans. Pour cela, nous avons monté un business plan, on s'est
entourés d'experts - cabinet d'expertise, cabinet de commissariat
aux apports, cabinet d'avocats et JMC investissement, spécialisé
dans l'accompagnement d'entreprises qui réalisent des levées de
fonds - pour monter le dossier et le structurer. C'est assez rare ce
type de pratique mais ça montre la professionnalisation du projet.
L'objectif est d'ancrer durablement le club professionnel dans la
métropole et dans les Hauts-de-France. Il y a un certain engouement
autour du projet et nous avons plein d'atouts pour y arriver. Il n'y
a pas de concurrence au niveau sportif et nous sommes implantés au
cœur d'un bassin économique avec beaucoup d'acteurs et de sièges
sociaux. On a la chance d'être à proximité de trois capitales et
de la Grande-Bretagne, terre de rugby, avec qui nous pourrons à
terme avoir des synergies. Mais aussi l'opportunité avec la Belgique
où la pratique du rugby se développe fortement d'incarner un
projet franco-belge. L'enjeu est également de nouer des
partenariats du côté de la Picardie avec le club d'Amiens
notamment.
En termes de budget, comment l'OMR se
positionne par rapport à ses concurrents cette saison ?
Nous faisons partie des
plus gros budgets de Nationale 2 avec 2,5 millions d'euros. Mais
contrairement à nos adversaires concentrés dans le sud et l'Est,
nous devons compter 300 000 euros de budget déplacement.
Aujourd'hui, l'OMR qui n'a pas de dettes se trouve dans une situation
financière saine même si l'exercice précédent n'a pas été bon.
Nos fonds propres couvrent les pertes qu'on a pu avoir l'année
dernière.
Pour pouvoir emmener le
club vers la Pro D2, le club a-t-il toutes les clés en main ?
Le développement du club
passe par également par le recrutement et le développement
d'infrastructures. Nous comptons actuellement 600 licenciés toutes
catégories confondus et nous espérons voir augmenter le nombre de
licenciés avec l'effet coupe du monde. Mais pour cela, nous
recrutons et formons des encadrants et poursuivons la mise en place
d'installations toutes neuves. Pour l'heure, l'OMR compte 3 terrains
à Marcq, le cœur historique du club, et 3 terrains au Stadium de
Villeneuve d'Ascq où évolue l'équipe professionnelle. Le club
prendra une autre dimension lorsque les travaux du stadium comprenant
notamment la couverture du stade seront terminés en 2025.
La Région, terre de rugby en devenir ?
Aujourd'hui, la région compte 10 000 licenciés dont 2 500 rien que dans la MEL. C'est peu comparé à l'Aquitaine qui dépasse les 100 000 licenciés. Cependant la ligue Hauts-de-France a connu la plus forte progression de licenciés en France. La tenue de cinq matches à Lille dans le cadre de la coupe du monde de rugby 2023 devrait contribuer à cette accélération.