«Nous réfléchissons en ingénieurs informatiques»
L’entreprise Ponera est devenue en quelques années un des plus gros vendeurs sur Amazon en France et en Europe. En 2019, cette société dirigée par Laurent Vantorre et Sylvain Flipot a réalisé un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros. Pour poursuivre leur croissance, les deux associés ont investi 3,2 millions d’euros, et se sont implantés cet été à Prouvy dans les anciens locaux d’Ecce, sur près de 11 000 m². Cent postes devraient prochainement être à pourvoir, principalement dans les métiers de la logistique.
La Gazette : Comment est née Ponera ?
Laurent Vantorre : Initialement, Ponera est une start-up spécialisée dans le développement de jeux vidéo, lancée avec Sylvain pendant nos études. Mais trois ans après le lancement, en 2016, nous avons ajouté une autre corde à notre arc avec la partie e-commerce. Nous avons toujours aimé l’entrepreneuriat, et c’est comme ça que nous nous sommes développés peu à peu sur la marketplace : nous achetons des produits et nous les mettons en vente sur un maximum de sites internet. Aujourd’hui, nous travaillons avec Amazon.
Comment choisissez-vous les produits que vous vendez sur Internet ?
Nous avons démarré avec l’équitation car nos épouses respectives font de l’équitation. Nous nous sommes rendu compte qu’il était toujours compliqué de trouver ce dont on avait besoin dans le cadre de la pratique de cette discipline. Nous avons donc contacté toutes les marques d’équitation pour mettre en vente leurs produits et les commercialiser sur Internet. Côté vente, ça a très bien marché ; côté marque, c’est différent, car celles-ci aiment travailler avec des clients bien établis et connus. Donc, au lancement, nous avons eu du mal à trouver des fournisseurs.
Mais vous vous êtes très vite diversifiés…
Notre force, c’est l’informatique, c’est ce qui nous permet de regarder les produits qui ont le plus de potentiel. Dès 2018, quand on a déménagé sur Bruay, nous avons également développé un pôle de marques en parapharmacie parce que c’est un domaine où il y a beaucoup plus de produits et de marques disponibles. Nos logiciels et nos algorithmes vont assez loin dans les prévisions. C’est comme ça que nous faisons les achats tout en sachant qu’on aura des clients en face. Comme nous rentrons dans la période de Noël, nous avons contacté tous les fabricants de jeux français. Nous n’avons pas de secteur de prédilection.
C’est ce qui explique votre chiffre d’affaires…
Oui, ça a basculé progressivement. Avec Fourmizzz, le jeu vidéo que nous avions lancé, nous étions autour de 100 000 euros. Après, dès 2017, on est vite montés à 1 million d’euros. A la Serre numérique de Valenciennes, où nous étions au début, nous avions des bureaux orientés développement informatique. Nous recevions une centaine de cartons par semaine que nous entreposions dans 50 m². En nous installant à Poleco, à Bruay-sur-Escaut, nous sommes passés de 50 m² à 500 m², puis 1 000 m² en 2018, et de cinq, six salariés à vingt. Ici, à Prouvy, nous avons tout de suite embauché cinq personnes, et notre chiffre d’affaires a été multiplié par 20.
Comment expliquer la réussite de Ponera ?
Le secteur est porteur, et nous n’avons pas la même approche. Traditionnellement, les gens qui vendent sur Internet ont une boutique physique. Nous, nous sommes d’abord sur Internet avec une problématique : comment bien vendre nos produits… Nous sommes focalisés sur ça, nous réfléchissons en ingénieurs informatiques. Puis nous avons immédiatement travaillé sur les frais de port et sur le taux de satisfaction de la clientèle. Un commerçant traditionnel met des années pour connaître le taux de satisfaction de sa clientèle. Sur Internet, c’est très vite intégré dans les comparateurs.
Quelles sont vos perspectives ?
Continuer sur une très forte croissance – c’est pour ça qu’on s’installe ici – et poursuivre notre recrutement : environ cent collaborateurs spécialisés en logistique, mais aussi en informatique, en marketing et en commerce.