«Nous devons être des éclaireurs»
La sécheresse estivale est venue s’ajouter aux problèmes rencontrés par l’agriculture même si évidemment la situation n’est pas homogène. Face aux crises à répétition, plus que jamais la solution passe par les choix stratégiques et techniques. Rencontre avec Jean-Luc Pelletier, le président de la Chambre régionale d’agriculture de Lorraine et de la chambre départementale meusienne.
Tablettes Lorraines : Quelle est la situation actuelle ?
Jean-Luc Pelletier : Au-delà des craintes que nous avions compte tenu de la météo, nous constatons une moisson correcte avec moins d’écart entre le nord et le sud de la Meuse, contrairement aux autres années. La surprise vient donc d’un maintien d’un bon potentiel mais aussi des prix qui se sont un peu raffermis en fin de campagne. Ces bonnes nouvelles cachent toutefois des situations difficiles pour le colza ou l’orge de printemps en termes d’implantation et de rendement. Le mois d’août sera donc déterminant.
Chaque été, on parle de sécheresse. Est-ce vraiment différent cette année ?
Oui, car la sécheresse a commencé beaucoup plus tôt. On n’a jamais vu en juillet les maïs à ce stade (parfois irréversible). Le maïs a été mis parfois en remplacement de surface de prairie. Donc, si la récolte n’est pas au rendez-vous, ça ne va pas aider la filière de l’élevage, qui va subir une double peine.
Dans quel état de santé se trouve le secteur d’une manière générale ?
La situation est très hétérogène et pas forcément liée à la taille des structures. Les difficultés d’équilibre économique s’expliquent par les écarts, qui se creusent en raison de la météo, des types de sol mais aussi des stratégies et du niveau technique. Aujourd’hui, le revenu d’un agriculteur et en particulier d’un céréalier n’a jamais autant été lié à sa capacité à bien acheter et à bien vendre avec ou sans sa coopérative. Nous, chambre, nous devons le dire, mettre le doigt sur ces évolutions mais aussi sensibiliser les jeunes lors des stages à l’installation. Nous devons être des éclaireurs.
Quelle a été votre réaction, suite à l’annonce du plan Gouvernemental ?
La réponse n’est pas adaptée à l’ampleur de la situation, car malheureusement le problème est structurel. Les zones intermédiaires (polyculture élevage) présentes en Lorraine et en Meuse sont un atout ; ce qui n’empêche que pour pérenniser son exploitation et être compétitif, il faut être très moderne et très professionnel.
Comment préparez-vous la création de la grande région Est ?
L’organisation au sein de la grande région est incontournable. L’enjeu est de multiplier les compétences et les complémentarités au sein d’une grande région au profit des agriculteurs et des territoires sachant que les chambres départementales vont perdurer. Le côté positif de la grande région est le poids agricole. La diversité entre les trois régions sera un atout si on sait la construire collectivement et politiquement. On va clairement peser sur la balance commerciale nationale.
Quelle place souhaitez-vous avoir dans la nouvelle organisation ? Êtes- vous candidat ?
Je vais m’engager et oui je suis candidat à la présidence, mettant en avant la structuration et l’organisation faites en Lorraine par le passé.
Le poids de l’agriculture dans la future région (ACAL)
– 52 % du territoire consacré à l’agriculture
– 49 250 exploitations
– 1 actif sur 20 sans le secteur agricole
Selon l’Insee, + de 40 % de la valeur ajoutée de la branche agricole se concentre dans trois régions dont 5,6 milliards d’euros pour l’Alsace-Champagne-Ardenne et Lorraine.
a.m