Normandie : Dans le secteur des travaux publics, on redoute la fin d'année 2021

Le secteur des travaux publics est l'un des seuls à avoir continuer de fonctionner normalement pendant la crise sanitaire. Mais, alors que les commandes publiques sont encore suffisantes en ce début d'année, elles diminuent et pourraient rendre la fin d'année 2021 compliquée. Le point avec Régis Binet, président de la Fédération régionale des travaux publics de Normandie.

Photo d'illustration Adobe Stock
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Comment le secteur des travaux publics a vécu l'année 2020 ?

« Nous avons eu deux phases. Une première phase, à partir du 17 mars 2020, qui nous a valu un arrêt d'activité de 4-6 semaines, le temps de mettre en place un protocole sanitaire. Personne n'était préparé à cela. Nous avons repris les chantiers le 2 avril. À partir de ce moment-là, c'est reparti. En 2020, nous avons accusé une baisse de chiffre d'affaires de 5 à 15% en fonction des entreprises. Nous avons plus ou moins rattrapé l'arrêt de l'activité les mois d'après. »


Le secteur des travaux publics a-t-il eu besoin des aides de l’État pour maintenir l'activité ?

« Nous avons eu de la chance, par rapport à d'autres secteurs d'activité, de continuer à travailler. Dans le secteur des travaux publics, nous avons utilisé l'activité partielle et pour certaines entreprises, les Prêts garantis par l'Etat (PGE), mais nous n'avons pas beaucoup fait appel  aux aides. Nous sommes touchés, comme pour tout le monde, par l'absence de moment de convivialité. Mais pour le reste, nous n'avons pas été impacté plus que cela. »


Aujourd'hui, la reprise est-elle là ?

« La reprise est là. Nous avons de la visibilité pour 3 à 6 mois au niveau des carnets de commande. Les chantiers qui avaient pris du retard en 2020 ont débordé sur 2021, notamment avec le retard pris pour les élections des instances dirigeantes dans les collectivités. Mais, nous avons une appréhension pour le 2e semestre de cette année, où ça risque d'être très compliqué. Nous dépendons entre 70 à 80 % des investissements publics. Il y a de la frilosité de la part des élus, car une crise sanitaire est coûteuse, il faudra payer et cela peut être au détriment de l'investissement public. »


Le troisième confinement peut-il perturber le secteur ?

« Non je ne pense pas, car nous continuerons à travailler. Il n'y a que la question de la fermeture des écoles qui est problématique, car il y a des salariés qui vont s'arrêter pour garder leurs enfants. »


Les entreprises subissent des pénuries de matières premières, est-ce le cas pour le secteur des travaux publics ?

« Nous notons des hausses de prix des matières premières, dont nous sommes avertis par courrier par nos fournisseurs. Nous avons également des problèmes de livraison. Le PVC, par exemple, subit une hausse de 10%. Si les prix augmentent ou qu'il y a des problèmes de livraison, nous ne pourront plus exécuter nos chantiers. Mais cela impacte davantage le secteur du bâtiment que le secteur des travaux publics. Pour l'instant, nous ne sommes pas très touchés, mais nous restons vigilants. »


On parle d'un problème de main d’œuvre dans le secteur des travaux publics, comment l'expliquez-vous ? Comment y remédier ?

« Oui, et je ne sais pas vraiment comment l'expliquer. Avec un taux de chômage bas, comme nous connaissons actuellement, nous savons que nous avons des difficultés à recruter. Alors, il faut faire appel aux apprentis, former des jeunes pour les garder au sein de nos entreprises. Il faut aussi communiquer sur nos beaux métiers, qui sont encore les seuls à proposer un ''escalier social''. Dans le secteur des travaux publics (TP), on peut commencer au premier échelon et finir sa carrière avec un poste à responsabilité dans une entreprise de TP. Les métiers des TP sont méconnus, durs mais s'améliorent. Aujourd'hui, ils sont moins durs qu'avant. Il faut aussi dire aux parents qui, souvent, veulent que leurs enfants fassent de grandes études, que l'on peut aussi être ingénieur dans les travaux publics, que les métiers manuels sont enrichissants. »