À Éperlecques
Nord Motors se développe à vitesse grand V
Implantée à Éperlecques dans l’Audomarois, la discrète PME Nord Motors, spécialisée dans la mécanique et la maintenance industrielle connaît une croissance spectaculaire, et ce, grâce notamment à une stratégie de diversification bien rodée. L’entreprise, qui a doublé son effectif ces dernières années, affiche 16 millions d’euros de chiffre d’affaires et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
Deuxième génération à la tête de l’entreprise familiale, Frédéric Achte a occupé les postes de technicien, commercial puis directeur commercial avant de prendre les rênes de Nord Motors début 2024. «Je baigne dans cet environnement depuis plus de 20 ans, ça s’est fait naturellement», raconte l’actuel dirigeant. Fondée par Madame Carré en 1992, la mère de Frédéric Achte, l’histoire de la PME commence par un partenariat avec un constructeur de moteurs. «C’est la raison pour laquelle nous sommes spécialisés initialement dans les moteurs thermiques mais aussi puisqu’on a commencé à travailler avec les chantiers navals de Dunkerque».
Au fil des années, l’entreprise
met en place une stratégie de diversification (voir encadré) et prend
progressivement le virage de l’industrie en général. «On
avait les compétences en interne pour pouvoir se
diversifier. On avait aussi vécu des
crises - notamment en 1998 avec le dépôt de bilan -, et on
ne souhaitait pas en revivre à nouveau». Aujourd’hui,
Nord Motors opère sur deux domaines d’activités stratégiques,
les moteurs thermiques et la
maintenance industrielle. «Nous réalisons des
contrats de maintenance, de l’usinage sur
site, de la machine tournante. Ce sont des
activités qu’on est venus greffer à notre coeur de métier, et la stratégie a porté ses fruits, puisqu’on
est sur du 50-50 en termes de chiffre d’affaires et en très bonne santé financière». Cette branche d’activité concerne tous types d’équipements mécaniques (convoyeurs, pompes…). Il s'agit de contrats sur trois ans, à destination principalement de clients en Hauts-de-France. La réparation peut s’effectuer à la fois sur les sites des clients ou dans les ateliers de Nord Motors directement.
Présence
en France et à l’international
Les
clients de Nord Motors sont essentiellement des grands comptes ou ETI
issus du secteur de l’énergie, de l’agroalimentaire et du
nucléaire. «Nous travaillons entre autres pour les
centrales nucléaires de Gravelines, Paluel, Nogent-sur-Seine,
Belleville-sur-Loire, Cattenom,
ou encore pour les centrales thermiques basées dans
les DOMTOM et en Corse», précise le chef d'entreprise.
Nord Motors possède actuellement des ateliers à Eperlecques, au
Havre et en Guyane mais aussi deux, plus petits, en Corse et en Guadeloupe
depuis 2020. Dans
le portefeuille clients, on retrouve notamment EDF, ArcelorMittal, CMA CGM,
Roquette, Total, ou encore Air Liquid pour qui l’entreprise
audomaroise se déplace aux quatre coins du monde : «Pour
CMA-CGM par exemple, on procède à la
révision des groupes de secours et
moteurs de propulsion. Pour cela, il faut que les
bateaux soient à l’arrêt pendant la durée des travaux. On
peut opérer au Havre, à Dunkerque,
et pour certains de nos clients au Sri Lanka, au Japon,
en Amérique du sud. Dans ce cas là, on a des
équipes qui partent trois à quatre semaines. Nos clients nous emmènent en dehors
de nos frontières», explique le dirigeant.
Effectif multiplié par deux
Nord
Motors est passé de 80 à 150 personnes en l’espace de deux ans et
l’effectif devrait encore être renforcé d’ici les prochains
mois. «Mais nous souhaitons avant tout conserver l’esprit
familial», insiste Frédéric Achte. Ce recrutement massif s’explique en partie par l’accélération de la
partie maintenance industrielle. Objectif en 2026 : 200
personnes. «Dans les métiers techniques comme
les nôtres, on est obligés de former les
collaborateurs avant de les lancer dans le grand bain. La
formation est un enjeu clé».
«Tirer
notre épingle du jeu»
Si
le marché connaît un ralentissement sur les deux activités, Nord
Motors tire tout de même son épingle du jeu. «Car malgré
les crises, ces secteurs ont toujours besoin de maintenance», appuie l'entrepreneur.
Parmi les axes de développement à venir, on note l’extension du site
d’Eperlecques, qui devrait atteindre 5 000 m². Et la
création d’un bureau d’études en interne : «Nous
souhaitons vraiment apporter un support complémentaire à nos
clients, mieux maîtriser ce qu’on propose que ce
soit sur de la mécanique ou de l’électro mécanique». Autre point important
de la feuille de route : Nord Motors - qui est par ailleurs certifié Mase et
ISO 9001 - met en place une stratégie RSE tournée vers le bien-être
des salariés et le respect de l’environnement.
Stratégie de croissance externe réussie
Nord Motors possède aujourd’hui plusieurs filiales. Le groupe affiche 30 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce à ses différentes succursales. La société Wiel, spécialisée en usinage et tombée en cessation d’activités en 2016, a été reprise par Nord Motors et rebaptisée Nord Metal Services. «Nous avons repris les salariés, les machines et les clients. On peut dire qu'on a sauvé 20 emplois», indique le chef d’entreprise. La stratégie de croissance externe avait commencé par la reprise de la société de tuyauterie industrielle JLC, en 2012. En 2022, suite à un départ en retraite, DB Motors à Dunkerque, représentant officiel de la marque Volvo, passe également dans le giron de Nord Motors. Enfin, la dernière opération concerne Soremi du détroit à Boulogne-sur-Mer, spécialisée dans la soudure et la chaudronnerie. «La reprise permet d’intégrer du personnel avec une culture différente de la nôtre, d’observer d’autres modèles qui fonctionnent, comparer et tirer le groupe vers le haut». Des choix stratégiques qui ont tenu toutes leurs promesses. «L’ensemble de nos sociétés est en progression. Nord Motors affiche à elle seule environ 20 % de croissance». Le groupe audomarois peut donc entrevoir l’avenir sereinement.