Non au mariage avec la Champagne-Ardenne
Les élus de tous bords ont dit non à la fusion avec la Champagne-Ardenne, estimant que le « mariage de deux pauvres ne fait pas un riche ». Certains ont fait des propositions pour trouver la meilleure solution possible pour l’avenir de la région, qui se décidera après l’été. Une pétition est en ligne.
Le 18 juin, le conseil des ministres a adopté le projet de loi relatif à la délimitation des régions proposé par François Hollande. Ce projet de loi prévoit la fusion de la Picardie et de la Champagne-Ardenne, qui ont en commun le pôle industrie agro ressources, l’éolien et… le Champagne. Réunis pour la première fois depuis cette annonce, les élus de tous bords ont voté à l’unanimité une délibération présentée par Claude Gewerc, président PS du conseil régional, le mandatant notamment de « signifier au chef de l’État et au gouvernement le refus du projet de fusion », « en l’absence d’une reconfiguration territoriale susceptible de créer une véritable cohésion dans le Nord Ouest de la France, défendre le maintien de la région Picardie comme territoire d’équilibre entre la région Ile-de-France et la région Nord-Pasde- Calais », « d’associer les forces vives de la Picardie et au delà tous nos concitoyens à une grande mobilisation pour l’avenir de notre région ». Ainsi une pétition a été mise en ligne Non à la fusion avec Champagne-Ardenne, Oui à un vrai débat.
La méthode fustigée
Pour Claude Gewerc, « la fusion rassemble des territoires très éloignés qui s’inscrivent, dans une bonne partie d’entre eux, dans des dynamiques divergentes, sans véritables raisons pour les faire converger et sans d’ailleurs que les populations concernées le souhaitent.» La Champagne-Ardenne étudierait d’ailleurs un rapprochement avec l’Alsace et la Lorraine. Serge Camine, président du Ceser (Conseil économique, social et environnemental régional) de Picardie, a fustigé la « méthode employée très loin de la démocratie participative annoncée par Manuel Valls. Une fusion pour quoi faire ? Quelle valeur ajoutée ? », avant de prôner pour une fusion des assemblées de la région (conseil régional et trois départements) dans une même entité ce vers quoi semble s’engager la Bretagne. De son côté le groupe Écologiste-Les verts a proposé trois hypothèses pour « faire avancer le débat » : le maintien de la Picardie dans son périmètre actuel, le regroupement avec le Nord- Pas-de-Calais ou une grande région Nord avec le Nord-Pas-de-Calais et la Champagne-Ardenne. Il écarte donc la fusion avec Champagne-Ardenne : « L’heure est grave, assure Christophe Porquier. La Baie de Somme et la Haute-Marne ça n’a aucun sens. La carte proposée reste un problème majeur pour notre région, puisque le regroupement Picardie-Champagne- Ardenne associe deux territoires sans cohérence et sans continuité.»
Assemblée de Picardie
Christophe Coulon, du groupe d’opposition Aimer la Picardie, rejoint l’avis du Ceser : « La Picardie n’a pas vocation à fusionner avec une région tournée vers l’Est et elle ne fusionnera pas pour d’obscures considérations politiques avec le Nord-Pas-de- Calais ni avec à l’Ouest, ni avec la Normandie réunifiée. Puisque nous souhaitons vivement une réforme structurelle efficace et respectueuse de la démocratie, nous proposons une assemblée de Picardie afin de fusionner les quatre assemblées picardes qui sont les trois conseils généraux et le conseil régional.» Il s’est offusqué que certaines voix, comme celle d’Yves Rome, président PS du conseil général de l’Oise, s’élèvent pour demander le démantèlement des trois départements. Il a rappelé son attachement à un référendum. « La méthode est plutôt maladroite, estime aussi Nicolas Dumont, premier vice-président en charge de l’économie. Il faudra bien arriver à une carte mais c’est la fin du processus, pas le début.» Estimant que les 40 km de trait de côte sont déterminants par exemple en matière économique, il serait plus dans la logique d’une grande région : Nord- Pas-de-Calais, Picardie, Haute et Basse Normandie. Sans cela, il préfère rester dans la configuration actuelle. Quant à Michel Guiniot, leader du FN, il a aussi taclé la méthode : « Le mariage de deux pauvretés n’a jamais créé de la richesse.» Pour lui la fusion avec Champagne-Ardenne au lieu d’avec le Nord-Pas-de-Calais a pour premier objectif de pas donner naissance à la première région FN de France.